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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 20 Oct 2021, 15:52 
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J'ai pas lu celui-là mais un jour j'avais parcouru son blog et mis plusieurs textes de côté à lire mais j'ai lâché l'affaire parce que la plupart me sont un peu tombé des mains, pas tant pour la forme que pour le fond et sa vision mortifère.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 20 Oct 2021, 17:21 
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ça sent sacrément la naphtaline, le cinéma de tavernier, pour en avoir vu des bouts récemment, quand ce n'était pas miteux.


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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 20 Oct 2021, 18:20 
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Film Freak a écrit:
pas tant pour la forme que pour le fond et sa vision mortifère.


Comment ça sa "vision mortifère"?

Je me souviens lui avoir reproché un jour de ne jamais parler de ses émotions au profit d'analyses toujours plus méticuleuses. Mais je n'irais pas dire "mortifère".


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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 20 Oct 2021, 18:39 
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Bah c'est ça. Ça manque de jouissance.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 20 Oct 2021, 22:01 
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Il tient peut-être aux dernières dents qu’il lui reste.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 28 Mar 2022, 16:14 
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La mort en direct (qui est sur Arte en ce moment).
J'étais curieux de voir Tavernier s'attaquer à un pitch de série B dystopique. Pas loin d'avoir trouvé ça catastophique. Ca faisant longtemps que je m'étais pas emmerdé comme ça. Le film met littéralement une heure à démarrer (le moment où Schneider s'enfuit poursuivi par Keitel), avant ça on se tape des digressions improbables et sans intérêt sur la vie conjugale des persos secondaires. Et le reste s'il reste assez pertinent et visionnaire sur la télé réalité est bien trop orienté sur le mélo lourdingue.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:00 
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Cosmo a écrit:
Des enfants gâtés (1977)
Lancement ce soir de mon rattrapage Tavernier, avec ce film que l'on me vendait comme moyen, sans doute l'un des plus méconnus de son auteur. A juste titre, le film étant extrêmement décousu, abordant plusieurs sujets sans jamais parvenir à en explorer un seul jusqu'au bout, se voulant un panorama (très actuel quand même) des revendications de l'époque, filmé de manière solide, comme toujours chez Tavernier, mais sans beaucoup d'âme, comme toujours chez Tavernier. Et on n'échappe pas quand même à un certain manichéisme. Piccoli y est bien, mais son jeu éternellement dans le contrôle (lassant à force, au passage) ne peut rien face à Christine Pascal qui se lâche sans la moindre retenue.
3/6


)



Cosmo a tout dit, tout y passe, de l'autisme à la jouissance féminine en passant par la lente arrivée de Mitterrand ainsi que celle des hypermarchés. Il y a aussi un fort contraste entre le côté renfrogné de Piccoli et Christine Pascal qui est en effet vibrante. On a du mal a croire à leur relation. On sent le eflet d'une histoire autobiographique
Pascale Thomas est belle, intelligente, marrante et autodestructrice et finalement lyonnaise bien sûr, tout pour attirer Tavernier ou un autre homme de 45 ans
que l'acteur a eu du mal à s'approprier. Typage un peu maladroit (le poster de Malraux chez Pascale Thomas).
Pourtant ce n'est pas nul. A certains moment c'est bizarrement proche d'Anatomie d'un Rapport de Luc Moullet, ou certains Alain Cavalier sans le mysticisme et la métaphore de la chute. Jugnot est sobre et attachant, les acteurs du Splendid font exister ce voisinage. Politiquement ce n'est pas si conb: Tavernier sent qu'avec la crise économique la militance politique devient paradoxalement une affaire de classe moyenne, elle-même depolitisée (scène amère du porte-à-porte qui vise à exclure les ouvriers et immigrés de la lutte, elle est contre leurs intérêts quand eux mettent en avant en apparence des valeurs, mais elle devient surtout un moteur érotique pour Pascal Thomas et Piccoli. Tavernier n'est pas dupe, seule Pascale Thomas le perçoit). L'arrivée, à la fois politiquement massive et lente, de l'immobilier spéculatif à Paris est aussi bien cernée, et il y a une vraie qualité d'écriture (le beau texte final qui rapproche defaite politique, ou victoire trop partielle et l'autisme difficilement surmonté d'un enfant).
Le film est en fait plus intéressant et complexe que les Blier un peu dans la même veine (Buffet Froid). Tavernier cite plutôt Ferreri d'ailleurs, Piccoli reprend un peu son personnage de Dillinger est mort et on peut penser a la Dernière Femme

4/6

Moment troublant où Christine Pascale commente avec fascination un suicide au barbiturique dans un parking, avec Piccoli qui dit juste ce genre de chose est trop lente pour pouvoir être mises en scène

Le titre dessert aussi le film, jugeant brutalement les personnages quand lui-même s'en abstient.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 26 Déc 2022, 21:33 
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Marrant de voir que Tavernier partageait à la fois des acteurs avec le Splendid et Paul Vecchiali sinon (Liza Braconnier, la petite veuve de Femmes Femmes a pas mal joué avec lui). Les univers des deux films ne sont au fond pas si éloignés.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 05 Jan 2023, 12:50 
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Laissez-passer (2002)

Des enfants gâtés avaient été une très bonne surprise, film inabouti mais vif, lucide sur l'époque, et particulièrement original, lorgnant sur les fresques sociologiques de Varda (l'une Chante l'autre pas) et Anatomie d'un Couple, le tout avec les acteurs du Splendid presqu'à contre-emploi. Je dois dire que Laissez-passer m'a paru à l'inverse lourd, et empesé, conforme eux reproches les plus usuels faits au cinéma de Tavernier, et j'ai lâché. C'est affreusement long (pas loin de 3 heures), le décor donne une impression de Kommandatur de Fancy-Fair (alors que même dans la Grande Vadrouille arrive à incarner la peur et la surveillance dans le réel), rendant la métérialité du decorum nazi immédiate). Les acteurs sont contraints au bon mot et peu naturels (Podalydès est à contre-emploi), et placés à la fois dans un rapport d'imitation envers l'époque et de justification de l'individu, comme si le film avait pour mission de les sauver en les expliquant), d'où l'impression fâcheuse d'une exposition permanente. Tavernier essaye de dynamiser le film par un montage très rapide, avec des scènes trop courtes (qui ont peut-être l'avantage de faire oublier le caractère rétro du décor), qui rendent le film désincarné, les personnages sont réduits à leur costume.

La Guerre sans nom (1992)

Documentaire fait avec Patrick Rotman, de 4h, sur la Guerre d'Algérie (honnêtement je n'ai vu pour les moments que les deux premières).
Là en revanche c'est beaucoup plus intéressant.
L'angle du film est d'interroger uniquement des appelés (donc des conscrits, pas des militaires de carrière) français et de se concentrer sur une seule région, le Grenoblois, dans laquelle il y a eu assez tôt dans la guerre une mobilisation, venue à la fois des familles et des communistes, pour tenter de bloquer le départ des soldats, assez importante numériquement, mais trop peu organisée pour avoir des effrts notables (bloquant et détruisant les voies d'un train de voyageur confondu avec un convoi d'appelés).
La facture est classique, faite d'interviews, et de quelques plans de lieux déserts (un peu straubiens tiens) , urbains ou montagnards, où l'on a du mal à discerner si l'on est dans les montagnes du grenoblois où celles des Aurès, ainsi que de photos (en elles -mêmes très fortes, mais peu montrées) prises par ses soldats. Cependant l'interviewer (qui n'est pas Tavernier) peut être parfois assez dirigiste, et un certain malaise survient parfois , ainsi dans l'exploitation des moments où certains de ces hommes âgées craquent, en évoquant les morts, qui sont faussement car trop obstentiblement coupés.

La patte de Tavernier se retrouve dans le localisme (grande ville de Province, forte économiquement, avec une population instruite mais sans pouvoir de décision politique), et dans le fait de montrer, comme dans Des Enfants Gâtés , un engagement politique par la base, mais aussi plutôt méprisant par rapport aux partis. L'idée d'une morale qui pourrait dissoudre (mais aussi réutiliser) les idéologies.
Le film commence avec ceux es témoins ayant une sensibilité de gauche (et déjà organisé politiquement à Grenoble, le film commence par l'histoire et la cité et progresse vers la "situation" individuelle), qui se sont engagés pour l'insoumission, mais s'attarde assez peu sur eux, sinon pour leur faire dire (parfois très difficilement, tabou symétrique voire plus fort que celui de la torture chez ceux de droite) que le parti communiste ne les a pas tellement soutenus, même si leur cas a pu être médiatisé (on le montre par des plans de journaux), et pointer l'ambiguïté, sur le fait qu'ils on dù malgré tout faire la guerre . Le film est intéressant, mais manipulateur, quand d'un côté il amène à insinuer chez un Communiste qui a fait deux de prison la culpabiltmité de ne pas passer au FLN, présentant presque son geste comme la recherche une planque, de la même manière qu'il recherche l'aveu de la torture chez les paras ,et l'impact des tués par accidents (par maladresse donc) chez les deuxièmes classes, c'est le même déni qu'il cherche à chaque fois à prouver et à forcer. Il est le principal objet du film : le cinéma restitue une parole qui manque, qui justifie le personnage quand elle est retrouvée, comme si cette justification était d'autant plus efficace qu'elle est elle-même dénuée pas de passé (impression que l'on retrouve cela aussi dans ses fictions).

Il est vrai que la partie la plus intéressante dans ce que j'ai vu concerne les soldats "de droite", un chef de bataillon harki et des paras, convaincus d'avoir une mission, soit patriotique, soit par esprit de corps envers l'armée . Ces deux motifs ne sont jamais énoncés en même temps. Beaucoup d'eux sont sur une sorte de ligne de crête entre justification et reconnaissance de la torture, ce qui n'est pas la même chose. Celui des témoins qui qui est le plus engagé sur la voie de la justification, le chef d'une unité de harki (personnage assez fascinant, particulièrement rigide mais aussi franc) est paradoxalement aussi le plus critique envers les raisons politiques de la guerre (il reporte la cause de la guerre entièrement sur la caste politique), amer aussi sur le fait d'avoir du abandonner les harkis, sentant que cette lâcheté se préparait bien en amont de 1962 dans la condescendance des soldats de métier envers son unité, dont il défend la valeur. Il renvoie aussi dos-à-dos les pressions et intimidations du FLN sur les Algérien et la violence de l'armée française (au point que la répression du FLN apparaisse aussi être une vengeance par procuration contre sa propre hiérarchie). Il se présente comme un technicien qui n'a pas trouvé les justes qu'il attendait, finalement la violence de son action est justifiée directement par sa solitude morale avant de l'être par le risque de terrorisme. La politique est critiqué par son impuissance et son cynisme, mais peut-être s'en fait-il une idée secrètement messianique.

Il y a cependant un mot qui n'a jamais été nommé jusqu'ici, c'est celui d'enlisement, e masqué derrière la question de la torture. C'est peut-être lié aussi à l'angle volontairement anti-politique du film qui rend la durée de la guerre proprement inexplicable, dans la mesure où tout le monde l'a subi. Le film abandonne littéralement les soldats communistes, voués pourtant par leur engagement à être au plus bas de la hiérarchie et à subir des brimades, dès lors qu'ils rappellent que s'ils avaient soutenu l'arrivée du PC et de Guy Mollet, c'est parce qu'ils croyaient qu'un gouvernement de gauche arrêterait la guerre, disant trop rapidement et trop lucidement que l'idéologie est aussi un risque à prendre.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 06 Jan 2023, 13:22 
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Le meilleur Tavernier que j'ai vu jusqu'a présent, très chabrolien il est vrai, mais avec moins d'ironie agressive. Mine de rien il n'y a pas tant de films que cela sur la relation père-fils envers un jeune homme, qui est ici assez peu hystérisée car le fils est absent, et réussit son absence. Son crime est en fait la seule possibilité pour le fils de partir, de se situer seul par rapport a sa classe, face à la fois trop protecteur et trop pauvre (on n'est pas si loin de Pasolini : comment aimer son père séparément de la bourgeoisie) ?

La bonne idée c'est d'avoir fait du personnage de flic joué par Jean Rochefort une personne psychologiquement proche de Philippe Noiret, juste un peu plus instruite et cynique. Son alter ego de la classe moyenne. La raison de son implication dans la relation entre Noiret et son fils est aux yeux de Noiret encore plus mystérieuse que le crime de son fils, mais ne l'est pas pour nous. Il a conscience d'être un meilleur père de jeune adulte que lui, et sait qu'il doit cet avantage moins à sa personne qu'à son statut de flic rattaché à la classe moyenne. En même temps, son métier et l'hostilité ambivalante quinyest liée le met un peu à la marge de la société, d'une façon voisine de la modestie sociale de Noiret. Ces deux homme sont corporatistes et solitaires, célibataires par vocation ou par l'effet d'une contrainte sociale diffuse (en ne se remariant pas Noiret limite involontairement l'éducation de son fils à la reproduction de la force de travail, quant Rochefort empreinte à une millionnaire le chien qui lui donne une allure de badaud dans ses filatures, qu'il transforme en itnerogatoire). L'intrigue est psychologiquement fine, mais pas d'une tension folle. Il s'agit juste d'aller chercher le fils à Saint-Brieuc, avec les flics, refaisant la voyage de vacances différé, même si le très beau génerisue place le train autour de la 404 en feux - tiens le fils brûle une voiture de la classe moyenne supérieure et préfère fuire avec la 2CV du père, signifiant... L'Oedipe incarné dans l'inamovible carcasse des choses mortes, désirées et reproductibles.
Mais cela permet à Tavernier de filmer Lyon (ou un avion) de façon un peu phénomenologique. Mais l'"ethos" de la ville est saisi au prix d'une double dévalorisation : le film assume que son sujet est pretextuel, ne vise que la tranche vie vue depuis la solitude, dans l'exacte mesure où ses personnages échouent à comprendre ce qui s'est passé.

À cet egard le rapport au politique n'est pas mal cerné. La télé brode avec ambivalence sur l'aspect gauchiste du crime, avec un mélange très français de dénonciation publique et de curiosité individuelle. Le fils dit juste qu'il a de sympathies mais n'est membre de rien. Les vrais gauchistes ne sont plus là : le rituel telévisé et syndical de prophylaxie sociale suppose en fait que la peur est déjà vaincue.
Au coeur de la petite tornade médiatique, Noiret, un peu comme l'Etranger de Camus, jouit pour la première fois de la fadeur du réel. La passivité fonctionne comme un secret explicatif, une convoitise inavouable et honteuse. C'est troublant, car dans la Guerre sans Nom, c'est le même registre qui est utilisé,assez assez agressivement face au temoin réfractaire qui a fait de la prison par pacifisme, avant d'y aller quand-même. Tavernier a peut-être identifié un peu trop ce soldat à son personnage passé, comme si l'aveu de l'impuissance politique était aussi la sourced'une désindividualisation de l'autre dans son regard. Le film insiste d'ailleurs symétriquement sur le fait que le vigile tué est un ancien d'Indochine et d'Algérie. C'était un ordure, mais ce n'est pas une raison suffisante pour le tuer. Le fait de le comprendre trop vite, c'est à dire de le dominer en son absence, par contre, oui.

Sinon il y a un truc qui ne marche pas par rapport à la topographie lyonnaise
Noiret a l'air d'habiter dans la cour des Voraces, plutôt au sommet de la Croix-Rousse non ? Il semble marcher (en descendant des escaliers) voire prendre un trolley pour se rendre à son magasin, mais quand les flics arrivent et veulent fouiller la chambre de son fils, il me semble qu'elle est alors directement adjacente à celui-ci. C'est peut-être une bonne idée de mise en scène - sauf que cela suppose que Noiret a déjà été humilié par premier trajet en voiture qui a été coupé

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 06 Jan 2023, 14:21, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 06 Jan 2023, 14:15 
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Nan mais si c'est pour faire des critiques aussi longs, ouvre des topics.

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 06 Jan 2023, 14:52 
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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 08 Jan 2023, 20:18 
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Bon ben après avoir terminé la Guerre Sans Nom le top demandé. J'ai des réserves à propos de la fin, même si le personnage du pianiste de jazz devenu schizophrène, car sa position d'intellectuel et sa sensibilité, perçues sans oute comme des compétences paradoxales au sein de l'armée, l'ont transformé en secrétaire de la torture, est en effet marquant. Il lui faut passer par la folie et la dépendance pour pouvoir se qualifier lui-aussi publiquement de victime de la torture. Mais le côté le meilleur pour la fin présentant la folie comme un méta-discours terminal sur le politique, peut gêner (d'autant que le personnage n'est pas confus, plutôt terrorisé et ayant perdu la notion de sa propre valeur).

Le problème du film, c'est qu'il ne critique pas l'idée que la définition du statut des Algériens reste le sens de la guerre (elle n'est jamais pensée en terme de fait national, sauf peut-être à travers le drapeau de l'ALN qui "devient" le drapeau algérien, un artifice que l'on a pas su conjurer, totalement symétrique à ce que l'armée francaise definissait comme "zone interdite", qui prenait par le pillage une fonction de ravitaillement, opposé de manière décisive au droit ). Tavernier et Patrick Rotman adoptent cette conception, peut-être involontairement en en montrant paradoxalement l'échec. La guerre injuste est la même chose que la guerre injustifiée, les deux ne sont pas distinguées, mais c'est peut-être cette confusion qui leur permet à un rapport franc avec les témoins rencontrés, et qui alimente la parole de ceux-ci. C'est d'autant plus accusé que le film se focalise sur la question des harkis, qui concentre toute la culpabilité exprimée envers la guerre Mais cette culpabilité est individuelle, propre à chaque soldat, elle-même opposée au politique. En ce sens, de façon intéressante, il prépare les questions de devoir de mémoire et de repentance historique éventuelle sans pouvoir s'y identifier tout à fait. Les harkis étaient il est vrai la seule partie du peuple algérien que les appelés pouvaient connaître (il y a des choses intéressante sur le rapport finalement plus complexe entre soldats métropolitains et pieds-noirs) . Cela reste un documentaire important, à voir.


Des Enfants gâtés : 4.5/6
La Guerre Sans Nom : 4/6
L'Horloger de Saint Paul : 4/6
Laissez-passer : 1/6

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 Sujet du message: Re: Bertrand Tavernier
MessagePosté: 04 Jan 2024, 11:10 
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"COUP DE TORCHON"

Un regard des plus noir sur la nature humaine, posé avec une "talentueuse acuité" par un Tavernier en forme olympique.
Un délice de film ou le personnage principal, pris soudainement d'une mortelle frénésie se mets a tuer, a éliminer uns par uns toutes celles et ceux devant lesquels il s'est rabaissé toute sa vie : du duo de macs JPMarielle- G.Hernandez- assez pathetiques en passant par un Eddy Mitchell effarant de crétinerie, jusqu'a Stephane Audran "transformée" ici en mére maquerelle, tout le monde y passe, sans parler du flic Guy Marchand phénomènal de connerie de Isabelle Huppert nymphomane échevelée, d'un domestique noir qui risque de le dénoncer, etc etc etc..
Ca tire a boulets rouges, et Cordier- le tueur- le justifie toujours, par rapport non seulement au fait que ses victimes sont finalement des vauriens, mais que dans cette Afrique de la fin des années 30, ses meurtres ne sont rien par rapport a ce que vivent les gens ici..
La démonstration est impitoyable, le film lui, est brillantissime, au moins autant que L627, Quai d'Orsay, l'Appat ou l'Horloger de StPaul...C'est dire ...


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