Forum de FilmDeCulte

Inspiré de la relation que Jean Genet entretint avec un amant funambule d’origine algérienne, le film a provoqué, paraît-il, les cris d’orfraie des admirateurs de l’auteur de Notre-Dame des fleurs lors de sa projection à Venise en 1992. Internet et ses archives ne gardent aucune trace concrète de cela et le film, le dernier de Papatakis qui n’en aura réalisé que six, a depuis lors été curieusement oublié. Le fait qu’il l’ait côtoyé de manière intime, ait produit un Chant d’amour et se soit inspiré des Bonnes pour son premier film prône plutôt en sa faveur, et explique la relation d’amour-haine vis-à-vis de l’auteur qui est décrite dans le film.
Un avis court de TimeOut déplore un symbolisme lourd mais l’histoire est vraie et correspond d’une certaine façon au style de Genet, fasciné par la religiosité et au style empreint de pompe. On y retrouve la faculté de Papatakis de livrer une matière brute, élémentaire, qu’il est facile de renvoyer encore une fois, en convoquant ses origines grecques, à la tragédie antique, avec une pincée d'expressionnisme qui m'a rappelé, peut-être abusivement, L'Ange Bleu de Sternberg et un cinéma somme toute primitif. Outre la distribution réduite, on retrouve après La Photographie ses thèmes de prédilection : rapports maître et esclave et simulacres et illusions qui les nourrissent.
Le film fait un peu empesé et littéraire pour commencer, presque par la force des choses, entre son personnage d’écrivain et une figure de mère allemande à l’arrière-plan adepte des « perles de sagesse ». Didactique aussi, dans sa manière d’exposer le racisme de la société française et de la police de l’époque dans le contexte de la guerre d’Algérie, assez peu évoqué dans le cinéma français à sa décharge. Cela ne reviendra pas mais établit la figure du funambule sur le fil (symbolisme lourd !) d’identités qui se refusent à lui, qu’il n’avait jamais bien considérées, et comme un paria, fond sur lequel se développera la relation avec son Pygmalion. Il consiste essentiellement en un duel, qui se fera trio, comme dans La Photographie encore une fois. L’un des membres fait miroiter à l’autre des rêves sur lequel l’autre ne pourra que cruellement se fracasser. L’interprétation intense, comme implacable de Piccoli est excellente tandis que Lilah Dadi qui interprète le personnage inspiré de Abdallah Bentaga s’extirpe peu à peu d’une passivité première avec une force tout à fait remarquable (dommage qu'il n'ait rien fait après). Finalement le film a le mérite de nouer ses angoisses en des images marquantes et laconiques.

au bon lait de brebis

Pas compris.

Slogan feta Salakis.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste