Jericho Cane a écrit:
Qui-Gon Jinn a écrit:
DOMINIQUE BIDAUBAYLE... si tu tapes ton nom dans Google... eh ben sache que j'ai pas apprécié quand tu m'as convoqué !!!!
Raconte ...
Explication: Dominique Bidaubayle est un intervenant à la fac de ciné d'Aix et réalisateur de courts-métrages. C'est un mec chauve, ancien collaborateur de Tati sur la fin de sa vie, qui a en quelques sortes repris le flambeau avec notamment un court nommé MONSIEUR BOLOT PART EN VOYAGE
.
En Maîtrise, ceux qui voulaient faire un film en pellicule se sont divisés en deux groupes. Le groupe dans lequel j'étais à fait un film, pas de souci, avec un autre intervenant. Le groupe de Bidaubayle, par contre, a eu moins de bol, ce dernier ayant oublié de commander la pellicule. Ils ont donc du tourner leur film (un "clip" de Jacques Brel) en 8mm plutôt qu'en 16.
La fin de l'année approche. Pour se faire pardonner à son groupe (qui inclut Thierry Ramoin), Bidaubayle débarque avec une galette de 16. "Tiens Thierry prends ça, prends la caméra, faites ce que vous voulez avec". Il doit rendre la caméra le lendemain.
Thierry appelle des gens du groupe mais personne n'est là. Du coup il m'appelle moi et quelques autres gars. On réflechit sur ce qu'on pourrait faire en 24 heures mais on arrive pas à se mettre d'accord. Finalement on lance l'idée d'un film genre snuff, bien gritty, bien gore, qui pousserait bien les limites.
Je vous abrège l'histoire, mais en gros certains des membres du groupe se disputent donc on se retrouve le soir, la nuit tombée, à la fac, à quatre, avec la caméra, la pellicule, prêt à tourner.
Le film le voici. Je précise que c'est tout en muet évidemment. Et le tout éclairé avec une bonne grosse lampe rouge bien dégueu. Ca tue!
Extérieur nuit. Un mec se balade derrière la fac. Il sarrête pour fumer et voit contre le mur une affiche WANTED. Soudain, il est attaqué par derrière. Cut.
Nous reprenons sur son visage (c'est Thierry hein). Nous reculons et voyons qu'il est nu, attaché à un poteau (on montre sa bite). Le tueur (moi avec un masque de hockey) arrive et fout du gaffer sur la bouche du mec puis entreprend de le torturer.
Suite de plans de torture: étouffement avec le sac en plastique, coup de poings, coup de pieds, à un moment Thierry pisse et le méchant recueille le pipi dans une bouteille pour lui faire boire, etc. Il y a même une scène d'émasculation sans coupe qui est à mon sens pas trop mal (ouais Bazin montage interdit ouais).
Bref... à la fin le tueur achève la victime et s'en va. Le tueur arrive à l'endroit où il avait attaqué sa victime. Mais l'affiche WANTED n'y est plus. Soudain, le tueur est agressé par un autre gars avec un masque et un nunchaku qui le tabasse.
CUT. Puis le titre: NE FAIS PAS A AUTRUI CE QUE TU N'AIMERAI PAS QU'ON TE FASSE.
Voilà ça c'est le film. Donc on rend la pelloche à Bidaubayle qui l'envoie au labo. Quelques jours plus tard on la récupére mais Bidaubayle nous annonce que la table de montage 16 ne marche pas. Et la projo des films de fin d'année est genre dans 4 heures...
Du coup on prend la pellicule développée... on se cache dans une salle... on monte la bobine sur un PEIGNE (si si), on la fait tourner en regardant les images une par une devant une lampe, on coupe avec des ciseaux d'écolier genre... et on colle le tout avec une colleuse (le seul outil pro qui a servi). Donc en gros on a monté le film SANS LE REGARDER... (en mouvement je veux dire).
On ramène la bobine savamment découpée et remontée à Bidaubayle et la projo commence.
Et là entre tous les films sur le racisme, sur les voyages, les machins... les essais filmés, blabla... BOUM. 16mm. Lumière rouge. Muet. Nudité. Pipi. Emasculation.
Et voilà... et en sortant moi je prends la pellicule et je la distribue à tout le monde genre "C'est cadeau du ministère de l'éducation"!
Bref. Deux jours plus tard, Bidaubayle nous convoque Thierry et moi et nous fait la leçon genre "On a pas su vous canaliser, gnagna... La scène d'emasculation, c'est DUR !!... Quand Pasolini il fait ça au Chili en 73, c'est bien, mais là !!...."
BREF.
Tout ça pour expliquer. Merci d'avoir lu jusqu'au bout.
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