Jeu spécial darons, qui se termine en 10-15 heures. Vous pouvez y aller ! Faites au moins la démo, même si c'est vraiment pas grand chose par rapport au reste du jeu.
Pour ceux qui ne seraient pas familiers des productions Quantic Dream : ce sont des jeux narratifs mis en scène façon blockbuster, à base de QTE et de dialogues à choix multiples qui permettent d'influencer (très fortement) l'histoire et donc la fin du jeu. Ici on est en 2038, et on incarne tour à tour 3 androïdes qui devront prendre part - ou non - à la révolte contre les humains. Le coup classique.
Les jeux narratifs c'est pas spécialement ma came, mais j'avais adoré Heavy Rain. On retrouve le même feeling ici, mais décuplé. Faut dire que l'univers se prête encore davantage à une immersion totale... Déjà quand t'allumes le jeu, t'es accueilli par Chloé l'androïde. Elle te parle pendant que t'es dans les menus, te pose des questions, te fait participer à des sondages sur l'avenir de la technologie et ta vision du monde de demain... Et comme ça à la fin du sondage tu peux voir ce qu'ont répondu les autres demeurés.
D'un point de vue réalisation, direction artistique et mise en scène, c'est clairement le haut du panier. Tout est en performance capture, ça en jette un max. Le rendu des trois protagonistes principaux (donc les androïdes) est assez bluffant : leurs expressions, leurs yeux... Dommage que le même soin n'ait pas été apporté aux humains. Certains semblent modélisés à la va-vite, moins expressifs, yeux morts. Ça ne gênerait pas si les trois autres n'étaient pas aussi bien faits, mais là en l'état, ça fait bizarre. Résultat : les robots sont plus humains que les humains DE FAIT
#ipsofactoNiveau gameplay, c'est Heavy Rain en moins relou, plus lisible, plus agréable à jouer. Vous n'échapperez pas aux traditionnels passages où il faut faire la vaisselle, ranger la chambre, et sortir les poubelles... Mais le fait d'incarner des androïdes permet l'ajout de petits trucs en plus, genre figer le temps pour analyser la situation, calculer des probabilités de réussite ou d'échec etc. Des trucs qu'on a vu ailleurs, mais qui dynamisent bien le jeu.
Il faudra toujours bien rester sur le qui-vive pendant les phases d'action, réagir au quart de tour pour appuyer sur la bonne touche - même si le jeu m'a quand même semblé vachement moins punitif qu'Heavy Rain. Bref le gameplay ne prend jamais en défaut le joueur, et se fond agréablement dans la narration.
D'ailleurs parlons-en de la narration. C'est du David Cage pur jus : gros sabots et gros clichés. Si le jeu n'était qu'un film, ce serait un film spectaculaire mais tout basique. Sauf que voilà, c'est pas juste un film... C'est un hybride entre le cinéma et le jeu vidéo, et ça fait toute la différence. Le fait d'être actif, d'avoir une responsabilité dans l'évolution des personnages et de l'histoire, de pouvoir expédier les passages relous (ou au contraire prendre le temps sur d'autres), le tout sans que ça n'impacte la mise en scène, c'est brillant. À ce titre, les phases d'action sont impressionnantes de tension. On vit le truc, on ne fait pas que le subir. Le tout magnifié par une BO Zimmerienne survoltée. Le futur du cinéma il est là wesh. Y'a des scènes là-dedans qui vont me marquer longtemps.
Vu le sujet, j'aurais attendu un peu plus de subtilité quand même. Mais n'oublions pas que ça coûte cher, et qu'il faut ratisser large... Donc au lieu de proposer quelque chose de neuf sur le thème du soulèvement des machines, David Cage décide de faire Spartacus, version plastique. Au moins il le fait jusqu'au bout avec une succession de climax hors de prix durant lesquels tu trembles pour tes persos (j'ai encore l'amer souvenir de ma première partie d'Heavy Rain, où tous mes persos ont trouvé une fin horrible à cause de mes décisions de merde) (on aurait dit la fin d'Infinity War).
La grande réussite du jeu justement, ce sont eux : les personnages. Même s'ils sont archétypaux au possible, ils sont attachants. Surtout Connor, le droïde enquêteur avec sa tronche de premier de la classe. Il pourrait être horripilant mais non, il est drôle. Il est drôle parce qu'il forme un beau duo avec Clancy Brown (qui trouve là un de ses meilleurs rôles)... On a envie de les suivre jusqu'au bout, les voir croiser d'autres persos cools.
Starring :
-Le vieux flic alcolo désabusé après la mort d'un proche
-Le angry black captain de police
-Le père de famille qui bat sa gosse parce qu'il est au chômage
-Le richissime génie blanc excentrique et arrogant qui vit seul dans sa maison high-tech
-Le vieux peintre handicapé qui pose des questions philosophiques et joue aux echecs
En gardant des décisions et des persos cohérents de bout en bout, j'ai eu une vraie belle fin satisfaisante mais classique. J'ai hâte de le recommencer pour voir si je peux avoir droit à une fin bien dégueulasse. L'avantage, c'est aussi de pouvoir voir l'arborescence narrative après chaque chapitre : le nombre d'embranchements est parfois assez impressionnant, et il est possible de reprendre à des points précis sans se retaper tout le jeu. C'est franchement bien foutu...
5/6 du coeur.