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MessagePosté: 10 Juil 2014, 18:00 
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Successful superfucker
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Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques.
Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s'en est pris à GPS, sa vache préférée.
Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…


Statut à part que celui de Sissako dans un cinéma africain souvent austère, rèche et maladroit dont il s'affranchit de la géopolitique désolée par des apartés insolites, comme dans le western meta-film avec Danny Glover à l'intérieur du film à procès Bamako. Bamako, autrement plus fort que ce Timbuktu, en porte-à-faux entre sa posture humaniste fustigeant des djihadistes présentés comme de parfaits crétins (du genre l'équivalent de la police nationale dans les Taxi), qu'on incarne plus par l'acte de torture comme des scènes de lapidation que comme des personnages à part entière. Souvent, Sissako dévoile des séquences d'une beauté scotchante, amoindries par une autre au symbolisme trop flagrant (une partie de foot sans ballon entre autres) ou par un humour au loufoque un brin bêta qui atténue la force politique du film en le rendant parfois limite niais, ou par un mélange des genre disparate qui rend Timbuktu parfois préfabriqué, comme si le montage sortait d'un shaker au petit bonheur la chance.
3/6


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MessagePosté: 10 Déc 2014, 21:54 
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C'est un très joli projet de film : calme, solaire, paisiblement comique parfois, où l'on dialogue avec les envahisseurs. La ville investie par les djihadistes oppose une résistance impassible et naturelle par son obstination à continuer à vivre à son propre rythme. De même, le film oppose au sujet politique brûlant un appel continuel à la douceur de la vie : visages sereins des proches réunis, paysages magnifiques éblouis de lumière diurne, chansons, et poésie des situations absurdes (le superbe match de foot, la recherche de la musique introuvable dans la nuit).

Si j'aime beaucoup cette décence dans la représentation anti-racoleuse de l'évènement, Sissako joue sur la corde raide, tant son propos est affiché de manière littérale (comme dans beaucoup de films africains d'ailleurs). À travers des péripéties épurées jusqu'à l'os, et dans des décors qui le sont tout autant, seule la force des situations et des configurations permettent aux scènes de tenir droit : c'est la condition obligatoire pour que la littéralité du film nous apparaisse comme une simplicité frontale et souveraine, et non comme le symptôme d'une démonstration bêbête qui serait sa propre fin, expliquant au spectateur que le djihad, dis donc, c'est mal.

Et c'est là où le film est plus décevant : si la première heure est remarquable, l'ensemble commence à se déliter quand le film se met en tête de raconter le malheur des habitants (apitoiement), et non à mettre en scène leur résistance muette (partie d'échecs). Moins distant, moins parabolique, le film se retrouve alors assailli de mollesse, pas aidé par cette famille isolée dont les scènes heureuses confinent à l'anecdotique, et les scènes malheureuses au caricatural. J'ai notamment du mal à comprendre l'intérêt scénaristique de ce personnage principal dans le tableau général, que ce soit son conflit avec un homme sans lien avec l'occupation de la ville, ou encore son crime qui ne rentre que modérément en conflit avec la nécessité d'un jugement (j'ai du coup trouvé toutes les scènes d'interrogatoire aux yeux rougis d'un lyrisme assez plat dans le dialogue, assez vide). La fin se fait carrément artificielle dans la façon dont elle lie un peu à la nimp les différents arcs du film, et laisse une sensation d'inachevé...

Beau projet, très beau film dans sa première moitié, mais ça aurait demandé plus de rigueur, de se resserrer sur les scènes les plus fortes, et peut-être d'injecter plus d'ambition dans le récit (le film paraît paradoxalement assez court, par la manière dont il semble se refermer sans rien dénouer).


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MessagePosté: 12 Déc 2014, 15:12 
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J'ai ressenti un peu la même chose, comme si Sissako, après avoir su installer son film dans une ambiance particulière, coincée entre la terreur et l'enchantement (j'aime tout particulièrement les scènes sous la tente qui offrent un réconfort bienvenu - même si on sent un peu trop que ça ne pourra pas durer) ne savait finalement pas ce qu'il avait envie de faire de son film.

Personnellement j'aime bien ce personnage du père par contre, son attitude froide et intériorisée face à la mort lui donne une sorte d'aura mystique, sans que ça vire toutefois à la martyrisation - je n'ai en tout cas jamais eu la sensation que le film tentait de justifier son crime.

Ce que je trouve assez bien retranscrit en revanche c'est la façon dont l'Islam est manipulée comme un objet de terreur, et comment à travers ça l'interprétation des textes sacrés devient de façon un peu illusoire le centre des rapports de force entre les occupants et la population, celle-ci cherchant par là son seul échappatoire, seule lueur de salut face à la force brute et armée des miliciens. Au final il se dégage un sentiment d'impuissance palpable puisque jamais ils ne pourront avoir le dernier mot, malgré ce que pourrait laisser penser la première scène dans la mosquée où les militaires se font refouler à cause de leurs armes: même cet espace de paix et de liberté se sera pas assez fort pour constituer un refuge à cette population dont la seule option reste la fuite et l'abandon.

Alors je ne sais pas, peut être était-ce insuffisant pour faire un (excellent) film, et j'aurais sûrement aimé que celui-ci aboutisse sur quelque chose de plus ambitieux que les 30 dernières minutes, mais ce qui m'impliquait au début du film m'est devenu de plus en plus hermétique à mesure qu'il avançait. Il reste tout de même une poignée de scènes belles, frappantes, et le film à une véritable élégance: j'ai adoré les plans sur les collines de sable (ah oui autre chose qui m'a plu également: la façon dont les tentes voisines à la famille perdue dans le désert se découvrent petit à petit alors que je pensais dans les premières scènes qu'ils vivaient de façon totalement isolée) et sur l'étang, la partie de foot, la "chasse" nocture musicale etc.

En fait je me rends compte en écrivant mon commentaire que le film m'a laissé un arrière gout de déception mais qu'il y'a tout de même pas mal de choses à retenir je trouve.

4/6


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MessagePosté: 06 Jan 2015, 19:55 
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Tout pareil que Tom, première moitié très belle (larmes aux yeux pour le plan très large du mec qui après son crime retraverse la rivière, on comprend comme rarement la gravité d'un meurtre; foot imaginaire émouvant aussi; douceur générale, humour, regard posé sur les petites confrontations qui deviennent grandes et problématiques). Puis tout se fait plus lourd, jusqu'à devenir légèrement ennuyeux (tout ces dialogues sur dieu qui a donné une fille et un garçon, oulala que ça traîne). Toute la deuxième partie n'a aucune originalité, là où la première interrogeait et berçait tout à la fois.


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MessagePosté: 05 Fév 2015, 01:21 
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Mickey Willis a écrit:
En fait je me rends compte en écrivant mon commentaire que le film m'a laissé un arrière gout de déception mais qu'il y'a tout de même pas mal de choses à retenir je trouve.


Un peu la même impression. Un chouia déçu à la sortie, je trouvais au début le film petit par rapport à sa hype, mais il vieillit de mieux en mieux et je suis pas loin de penser qu'il aurait mérité un petit quelque chose à Cannes. J'ai du mal à m'exprimer sur ce film, je connais peu Sissako mais la douceur de la fable, l'intelligence du regard et des scènes littéralement splendides (le foot, le crime) emportent définitivement le morceau. Après, il faut reconnaitre les limites de la fable mais je trouve la poésie du film assez aérienne. J'aime beaucoup toutes les scènes avec l'imam qui apportent un contrepoint salutaire à toute cette folie djihadiste. Dans tout les cas, un film à voir et je comprends son succès populaire dans les salles.


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MessagePosté: 05 Fév 2015, 21:58 
En Belgique il a été déprogrammé deux fois, à Tournai dans un festival "du film qui dérange" et dans le multiplexe de Louvain-la-Neuve, "du fait de la situation sécuritaire"


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MessagePosté: 05 Fév 2015, 23:05 
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Gontrand a écrit:
un festival "du film qui dérange"

lol !


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MessagePosté: 06 Fév 2015, 10:14 
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Gontrand a écrit:
En Belgique il a été déprogrammé deux fois, à Tournai dans un festival "du film qui dérange" et dans le multiplexe de Louvain-la-Neuve, "du fait de la situation sécuritaire"

Et à Bouillon, et à Hotton...

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MessagePosté: 06 Fév 2015, 11:52 
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Gontrand a écrit:
à Tournai dans un festival "du film qui dérange"


À ce que j'ai compris, c'est même le festival entier qui a été annulé au bout du troisième jour...

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MessagePosté: 06 Fév 2015, 12:16 
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Zad a écrit:
Gontrand a écrit:
à Tournai dans un festival "du film qui dérange"


À ce que j'ai compris, c'est même le festival entier qui a été annulé au bout du troisième jour...

Oui, mais pas suelement le festival: c'est tout le complexe qui a dû fermer ses portes.

Heureusement, ils ont pu rouvrir 72 heures après la décision, et ils ont prolongé le festival de trois jours pour rattraper le temps perdu..

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MessagePosté: 06 Fév 2015, 12:24 
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Quel bordel...

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MessagePosté: 16 Mar 2015, 13:13 
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Décidément, je n'aime pas ce cinéma tiers-mondiste, qui se veut engagé et original mais qui se révèle aussi formaté qu'un blockbuster américain bas de gamme (sauf que là, le public visé n'est pas les ados décérébrés mais les festivaliers et les bobos des grandes villes).

Alors oui, la mise en scène est parfaitement maitrisée (photo superbe, cadrage au millimètre, composition parfaite du plan), ce qui donne, il est vrai, quelques scènes magnifiques.

Bon, et après, il a quoi à nous dire ce brave monsieur ? Pas grand chose, si ce n'est que les islamistes sont bêtes et méchants et qu'ils font que embêter les gens gentils (et jolis, parce qu'ils sont tous beaux là-dedans). Pas d'histoire, un scénario lâche comme une culotte de grand-mère, aucun ressort dramaturgique.

Bref un film assez beau plastiquement mais vain et de peu d'intérêt.

2/6


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MessagePosté: 16 Mar 2015, 16:24 
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Inscription: 26 Aoû 2014, 10:45
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Localisation: Une ville de merde
Ne te moque pas de Pierre Mondy. D'ailleurs, tu remarqueras que depuis sa mort, la France va mal.


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MessagePosté: 16 Mai 2019, 15:38 
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ça passait l'autre jour à la télé - probablement après l'épisode des français au Bénin.
ça m'a eu l'air sacrément didactique. Du mal avec ce cinéma africain pour européens.


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