Forum de FilmDeCulte

J'ai découvert récemment, sans connaître le film, la très belle B.O. de Baara, de Souleymane Cissé, par Lamine Konté. Le réalisateur est malien, le musicien est un des griots emblématiques de la kora sénagalaise des années 1970. L'instrument est une sorte de harpe-luth traditionnelle, une calebasse avec un long manche qui ressemble à un gros banjo, dont la sonorité rappelle le gamelan , la guitare à 12 cordes et parfois le piano. Je connaissais déjà un peu quelques chansons de Lamine Konté, souvent très belles, qui sont dans un style assez acoustique et recueilli, en fait assez blues (belle musique quand est déprimé), où on sentait déjà un mélange entre musique traditionnelle et bossa-nova ou samba.
Mais là il s'agît d'une sorte de concept-album, où il part de la musique traditionnelle pour y injecter progressivement un son funk (avec une guitare rythmique électrique et une grosse basse), qui tire même à la fin du cycle vers la disco ou le rock progressif. Sans que la mélancolie initiale ne soit tout à fait perdue, on arrive peu à peu à quelque chose de très dansant et énergique (alors que le film est sur une lutte syndicale très âpre). Il est vrai que l'on trouvait ce son afro-funk dans beaucoup de pays d'Afrique de l'Ouest à l'époque (comme au Bénin avec le Polyritmo), et que la dimension acoustique de la musique de Konté est plus singulière. C'est en tout cas un disque intrigant, qui donne envie de découvrir le film de Cissé, qui était visiblement envisagé comme une oeuvre totale.

Merci beaucoup pour ce topic, mec!

Je ne connais ni le film, ni l'artiste, mais j'ai certaines affinités avec la musique africaine et justement cet aspect multiple que tu décris. J'ai découvert le Zamrock récemment, tu connais?

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Hello, non, j'avais lu ton post qui me l'avait fait découvrir. J'étais étonné que le son soit très "heavy", il faudrait que je réécoute. Je suis plus habitué à la musique congolaise marquée par le rock et la rumba (puis maintenant le RnB) et à celle d'Afrique de l'ouest où l'influence est plus jazz/soul (avec le highlife puis Féla Kuti), mais j'ai l'impression que l'Afrique du Sud est une région avec une autre histoire musicale (et politique).
Il y a quelques années, j'ai pu aller plusieurs fois à Kinshasa et j'ai entendu live des choses extraordinaires (comme une version quasi rock progressif de 20 minutes de Saudade de Cesária Evora, avec un très bon guitariste et un très bon batteur et deux chanteurs : une jeune femme aux inflexions RnB et un homme d'une cinquantaine d'années, au look massif mais tout à coup étonnement féminin dans le phrasé). Malheureusement, vue la situation politique du pays, les ponts sont pour le moment rompus, et les choses n'ont pas l'air d'évoluer vers le mieux.

Oui, c'est très "low-fi" et assez lourd comme son, et surtout, c'est dingue en fait que quand le gouvernement a demandé que la musique zambienne soit prédominante à plus de 90% à la radio, c'est des trucs de type Black Sabbath etc. qui ont influencé.

Je connais pas/peu la musique congolaise, par contre, le highlife et Fela, c'est carrément ma came, oui!

T'as le nom du groupe de Kinshasa? Ca m'intéresse!

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Non malheureusement,même si je crois que le guitariste a étudié en Belgique. J'ai l'impression que c'est comme le jazz dans les années 50, les groupes sont associés aux lieux (bars, restaurants) où ils jouent et n'ont pas forcément de nom, mais les musiciens sont connus. Ils doivent enregistrer assez peu en dehors des grands noms comme Papa Wemba ou Koffi Olomide (je ne crois pas que Konono n°1 ou Staff Banda Bill ont enregistré au Congo avant d'être produits en Belgique, par Vincent Kenis pour ne pas le nommer). D'une part cette musique (comme ailleurs là où la guitare électrique prime) touche de moins en moins les jeunes et la diaspora , d'autre part, vu la pauvreté de la ville, ils gagnent surtout leur vie en jouant live et enregistrer les mettrait en concurrence économique avec eux-mêmes).

Ce qui est impressionnant c'est que des concerts comme ça d'un très bon niveau dans des restaurants qui ne payent pas de mine(mais attirent des expat, ce qui a une influence sur le répertoire) j'en ai vu deux ou trois sur plusieurs années . Je me souviens d'une chanteuse qui reprenait des standards du rock (genre "Fever") en Lingala, dans un version ultra syncopée, accompagnée par un seul guitariste, pas si loin de celle de Brian Eno.