Lohmann a écrit:
Je pensais en avoir vu plus, ce qui n'est absolument pas le cas, il y en a certains ça fait une éternité que je me dis qu'il faut absolument que je les vois...
Du coup je les ai vus, et certains autres aussi. Je me suis même refait tout ceux que j'avais déjà vu, et ça n'a pas fait de mal de se rafraichir la mémoire.
(1926)
L'Athlète incomplet (The Strong Man)
Film que ne sauve que la dernière scène où Capra démontre déjà son talent pour diriger les foules. Pour le reste c'est pas loin d'être totalement consternant, Langdon n'est absolument pas drôle, son perso est par ailleurs extrêmement mal défini, le film oscille entre la comédie et le pathos sans qu'aucune des deux facettes ne soient abouties et elles sont très mal combinées l'une avec l'autre. En plus chaque scène dure une plombe sans que cela n'apporte quoi que ce soit. J'avais prévu de me faire le second film de Capra avec Langdon mais j'ai finalement abandonné l'idée.
1/6 (1928)
That Certain ThingTraitement très primitif des thèmes de Capra, naïf à souhait. Quelques moments sympathiques mais ça ne vole pas très haut.
2/6(1928)
Bessie à Broadway (The Matinee Idol)
Le meilleur des films muets que j'ai vu, c'est pas fou mais la mécanique Capra se met peu à peu en place. Le plus intéressant est que ce film est une référence évidente à
Le Figurant, le dernier film muet de Keaton, qui reprend toute la partie centrale de la pièce de théâtre sabordée (avec évidemment beaucoup plus de talent de la part de Keaton).
3/6(1931)
The Miracle womanJ'aime beaucoup Stanwyck, l'une de mes actrices préférées des années 30. Il y a de belles scènes (le dîner à 3 avec le pantin par exemple), mais le film est trop mécanique et les évolutions trop improbables (Stanwyck ne met guère plus de 10 minutes après la mort de son père pour se laisser convaincre de devenir la fausse égérie d'une secte évangéliste) pour que l'on s'y attache vraiment.
3/6(1931)
La Blonde platine (Platinum Blonde)
Bien mieux que dans mon souvenir, Robert Williams est excellent (dommage qu'il soit mort peu après la sortie du film, il aurait pu aisément surpasser certains acteurs de cette époque), un humour qui fonctionne très bien, beaucoup de bons seconds rôles, intéressante inversion du thème classique de la personne d'une classe modeste qui fait irruption dans la High Society (mais ici c'est l'homme qui joue ce rôle et non la femme). Par contre Harlow est une actrice horrible (et est particulièrement laide), elle plombe toutes les scènes où elle apparaît.
3-4/6(1932)
La Ruée (American Madness)
Ça n'est pas toujours le cas mais là je m'aligne sur les commentaires de Castorp. Les scènes de foules dans la banque sont saisissantes, en plus j'aime bien le Huston de ces années là (très bon dans
Gabriel over the White House de La Cava). Après ça dégouline un peu trop de bons sentiments, Capra fait du Capra.
4/6(1933)
La Grande Muraille (The Bitter Tea of General Yen)
Romance exotique relativement inconséquente.
2/6(1933)
La Grande Dame d'un jour (Lady for a Day)
Celui qui a le plus bénéficié d'une nouvelle vision, pas loin d'être son meilleur film. J'aime beaucoup quand Capra conserve une certaine modestie dans son propos, plutôt que quand il se lance dans des démonstrations grandiloquentes à l'encontre (au choix) de la presse, de la finance ou de l'intelligentsia (démonstrations qui ont un arrière goût de républicanisme vantant les mérites du bon sens populaire). Ici rien d'autre que l'histoire de cette quasi mendiante, qui a menti sur sa condition à sa fille vivant en Europe, et qui va avec l'aide de la pègre passer à ses yeux pour une femme de la haute société pendant quelques jours. Le casting est parfait, le film est à la fois touchant, drôle, enchaîne les scènes excellentes (le juge dans la salle de billard, la répétition de la soirée par les membres de la pègre, l'accueil de la fille au port), vraiment très bon de la première à la dernière minute.
5/6(1934) New York-Miami (It Happened One Night)La première heure fait partie de ce que Capra a fait de mieux, le duo Colbert-Gable est au top (Capra arrive à me faire apprécier Gable ce qui n'est pas peu), tout ce qui touche à la séduction/sexualité est traité avec beaucoup de malice et d'humour, on se régale. Dommage que les 30 dernières minutes se résument à de la pure comédie sentimentale à base de multiples quiproquos, le film perd alors tout son intérêt et sa singularité.
4.5/6(1936)
L'Extravagant Mr. Deeds (Mr. Deeds Goes to Town)
Pendant les 3/4 du film j'ai eu l'impression d'un fourre-tout où l'on retrouve un peu de tout ce qui a précédé (le surnom de Cinderella Man, la scène où Cooper et ses domestiques crient pour entendre leur écho sont repris tel que de
La Blonde Platine, la journaliste qui s'infiltre dans l'intimité du personnage principale pour écrire un papier comme dans
New-York Miami), avec un Cooper dont on a beaucoup de mal à cerner le personnage (il est d'un côté présenté comme un hurluberlu un peu simplet/naïf, mais qui dans le même temps dès la première réunion des membres de l'opéra impose de discuter des comptes et refuse de se faire escroquer). Globalement reçu le film comme une apologie du bon sens populaire face au cynisme et à l'égoïsme des classes supérieures, que ne sauve in fine que la (très bonne) scène du plaidoyer de Cooper au tribunal.
3/6(1937)
Horizons perdus (Lost Horizon)
Œuvre qui pourrait être la pierre angulaire du cinéma de Capra tant est poussé à son paroxysme certaines de ses thématiques (la force de la foi - Shangri-La qui finalement n'existe que pour ceux qui en accepte l'existence, la bonté profonde de l'homme que certains n'arrivent pourtant pas à accepter/atteindre), ce qui en fait toute sa force. Mais le film est trop long, Capra nous inflige des tête à tête de 10 minutes d'une grande naïveté (ou candeur, c'est selon), les 30 premières minutes et les 20 dernières sont très bonnes mais le reste aurait mérité d'être très traité plus nerveusement.
4/6(1938)
Vous ne l'emporterez pas avec vous (You Can't Take It With You)
J'en attendais beaucoup, je ne sais pas si c'est le fait de voir l'ensemble de son œuvre dans un court laps de temps, mais j'ai eu l'impression de voir la caricature du cinéma de Capra, une mécanique tellement bien huilée qu'elle finit par se suffire à elle même, agrémentée de personnage archétypaux que l'on retrouve dans toute son œuvre. La leçon de vie est extrêmement lourdingue, la famille (au sens large) Vanderhof est horripilante, et on nous sert la bonne grosse soupe républicaine (je ne paie mes impôts que si je bénéficie directement de ce que l'état fera de mon argent, pouah!) comme celle qui doit nous conduire vers le bonheur. Stewart ne peut même pas sauver le film son rôle étant passablement faible.
2/6(1939)
Mr. Smith au Sénat (Mr. Smith goes to Washington)
Excellent Stewart, film efficace mais qui n'arrive pas à me transporter plus que cela (et à la 10ème œillade d'Harry Cohn je n'en peux plus).
4/6(1941) L'Homme de la rue (Meet John Doe)Je me suis déjà longuement étendu dessus, film très puissant d'une complexité et d'une subtilité qui dénote chez Capra.
5.5/6(1943-45)
Why we fight (Prelude to War, The Nazis Strike, Divide & Conquer, The Battle of Britain, The Battle of Russia, The Battle of China, War comes to America)
Professeur Chaos a écrit:
Je me suis infligé ça fin de l'année dernière: une des très rares fois où j'ai stoppé net la vision. Sans déconner, et sans à tout prix vouloir décrocher mon point Godwin, c'est aussi abject que Le Triomphe de la Volonté, dont il est comme le pendant américain. C'est d'une bêtise, d'un manichéisme, et d'un manipulateur crasse.
La remarque me semble assez hors de propos pour un film de commande de l'armée américaine à l'attention de leur recrue. On ne peut décemment pas s'attendre à ce que le traitement soit totalement objectif alors que la guerre est encore en cours.
Je me suis lancé là-dedans en me disant que je ne poursuivrai probablement pas très loin, mais l'efficacité de ces 7 films est telle que je les ai enchaîné avec un réel intérêt. Soit le traitement est manichéen, mais c'est un reproche que l'on pourrait étendre à la majeure partie de l’œuvre de Capra et qui ne me choque pas ici. Pour le reste c'est loin d'être bête, je trouve le choix des images particulièrement bon, le montage très enlevé, les animations décrivant les mouvements des blocs sont très bonnes (réalisés par les studios Disney), ça reste très instructif et mérite d'être encore diffusé aujourd'hui.
4/6(1944)
Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace)
La famille Brewster c'est la famille Vanderhof de
Vous ne l'emporterez pas avec vous poussée à son paroxysme, la confirmation après
L'Homme de la rue que Capra a délaissé son monde manichéen pour un autre plus complexe, où les bienheureux peuvent avoir des faiblesses qui ne sont pas toujours acceptables. Capra semble se moquer de lui-même ici, de sa candeur passée. Le rythme du film est très enlevé, il contient de bons gags, mais Cary Grant y est absolument épuisant.
4/6(1946) La vie est belle (It's a Wonderful Life)Je souscris assez largement à la critique qu'en a fait Baptiste. C'est dommage que le joli thème de l'accomplissement personnel se finisse dans la partie onirique en hagiographie peu réaliste du perso de Stewart. Néanmoins malgré toutes les critiques que je pourrais émettre, force est de constater que le film est extrêmement puissant, il fourmille d'excellents moments et j'ai beau l'avoir déjà vu je suis toujours emporté émotionnellement à la fin.
5.5/6(1948)
L'Enjeu (State of the Union)
Capra approfondit la description de l'envers du décors (peu reluisant) de l'élection présidentielle entamé dans
L'Homme de la rue, où Tracy en riche industriel (son rôle fait penser à Howard Hugues) s'enfonce dans les compromissions afin de se faire élire lors de la convention républicaine. Mais ici le candidat choisi consciemment d'abandonner ses idéaux, le personnage principal n'est plus un être naïf que l'on manipule mais un être lucide qui souhaite avant tout atteindre son but. Bien que cette évolution dans le cinéma de Capra soit intéressante, ce qui est surtout frappant c'est comment 2 ans après
La vie est belle son cinéma a perdu toute son âme, c'est peut être le film le moins intéressant formellement de tout ceux que j'ai vu, la réalisation y est totalement quelconque.
3/6(1961)
Milliardaire pour un jour (Pocketful of Miracles)
Remake catastrophique de
La Grande Dame d'un jour que Capra ne se contente pas de reprendre platement mais massacre totalement. Les scènes ajoutées au film de 1933 sont totalement inutiles (mais rallonge malheureusement cette purge de 45 min par rapport à l'original), Apple Annie de clodo au grand cœur devient extorqueuse de mendiants (prestation horrible de Bette Davis, qui ne dégage aucune sympathie ce qui devrait être la base du film), Dave the Dude de dandy se transforme en parrain de la pègre (Glenn Ford pas loin du ridicule dans un numéro comique qui ne lui sied absolument pas), Falk est horripilant, seuls les seconds rôles fétiches de Capra (Mitchell et Horton) semblent ici être à leur place.
1/6Top 5
1.
L'Homme de la rue2.
La Vie est belle3.
La Grande Dame d'un jour4.
New York-Miami5.
La Ruée