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aka It happened One Night



Ellie Andews, jeune fille gâtée, échappe à l'emprise de son père millionnaire qui veut l'empêcher d'épouser un play-boy sans avenir. En route pour New York, elle rencontre Peter Warne, journaliste au chômage. Mais le bus tombe en panne et le couple impromptu se lance dans une folle randonnée improvisée.[Wiki]

Bon je vais un peu le ranger dans les classiques indéboulonnables qui me laissent vaguement de marbre celui-là... Déjà je me rends compte que ça fait bien 6 ou 7 ans que je n'avais plus vu de films de Capra, et les retrouvailles sont difficiles, notamment avec les personnages secondaires (le père magnat, le futur époux, le patron de presse...), ou silhouettes (le gamin dans le bus qui pleure pour sa mère, le gars insupportable qui menace de dénoncer le couple...). J'en arrive à me demander si je n'aurai pas eu autrefois une certaine indulgence où si c'est plus caricatural ici. La morale vertueuse autour de l'argent contraste avec l'aspect bourru et mis au ban du système du personnage de Gable, lequel cherche en même temps à tout faire pour le rejoindre... "Un peu fou" mais pas trop...

Après c'est un peu encore une fois un modèle-type pour tous les films hollywoodiens mêlant séduction entre une héritière rebelle dans l'ennui (mais victime de ses manières), et une figure virile vaguement mal léchée, et parfois un peu goofy sous les traits de Gable. Tout ce qui tiens aux scènes entre les deux héros proprement dit fonctionne vraiment très bien, notamment ces scènes de fin de "Pre-Code" dans les motels avec le délire sur "les murs de Jéricho" : la mise en scène parvient enfin dans ces moments là à prendre le temps d'installer quelque chose, la photographie assez brillante des scènes nocturnes fait moins décorative (elle parait abusée par moment dans toutes les scènes à la belle étoile, mais sans doute que dans un muet je n'aurai pas fait la réflexion...).

Après là où je m'attendais un peu à un modèle de feelgood "road" movie, j'ai trouvé le récit itinérant assez mal fagoté autour de ça, ayant déjà du mal à décoller et s'étirant dans plusieurs rebondissements assez plats. Il y a tout un cérémonial du récit américain assez pénible jusqu'à l'accouchement aussi... Je retiens donc surtout ces beaux moments de séduction et dé dépit un peu en suspension, au milieu d'un ensemble plus convenu et longuet. Typiquement ce qui me plait moins maintenant qu'il y a quelques années je crois.

J'avais trouvé ridicule et insupportable le jeu de Gable et Colbert. Je ne doute pas que les spectateurs de l'époque y étaient accoutumés. Mais vu aujourd'hui, c'est atroce.

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Tennis de Table Bordeaux

ah mince, piégé avant mon mon édit sur le Code Hays...

Colbert ça va encore, Gable en fait des caisses par contre oui, mais bon en fait-il plus que Clooney dans Intolérable Cruauté (que j'aime bien) par exemple?

C'est effectivement un Capra un peu ingrat par pas mal de points : la charge outrancière, les ficelles très visibles, le jeu de Gable (que perso j'ai jamais aimé). Mais je le trouve aussi assez singulier dans sa filmo par ce côté "mal dégrossi", sans surmoi, traversé par une énergie assez brutale et plus sexuée (effectivement, superbe scène à l’hôtel).

C'est un peu le truc de Capra en général : j'ai l'impression que la caricature dont font preuve ces films (le côté démonstratif et moral, l'idéologie bêta qui en ressort) est toujours transcendée par l'énergie qui les traverse et les saccage, et que celle-ci offre plus de nuances et d’ambiguïtés que ce que le programme des films le laisse entendre sur le papier. La vision de celui-ci est lointaine, mais j'ai par exemple des souvenirs très forts gravé en tête de scènes de nuits et de faim, de cette romance acide au milieu d'une catastrophe sociale, qui pourtant ici n'apparaît que par minuscules touches.

Nan, même pour l'époque il est naze Gable.

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N'écoutez pas Film Freak

Tient, très bon parallélisme. J'entends souvent que Clooney est le nouveau Cary Grant, ce qui est une absurdité sans nom, alors qu'en effet, ça serait plutôt le nouveau Gable.

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N'écoutez pas Film Freak

Colbert je la trouve très bien (pas que dans ce film d'ailleurs).

Oui, je l'aime bien aussi.

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N'écoutez pas Film Freak

Il y a en effet la scène interlude "le peuple souffre" avec le gamin et sa mère dans le bus mais elle est quand même pas finaude (avec une interruption moyenne d'un moment euphorique en chanson)... puis le côté camping de masse avec Colbert plongée dans les douches publiques, mais je ne trouve pas que globalement ça respire la dalle et la souffrance... l'enjeu proposé c'est surtout Colbert qui se demande si elle doit manger des carottes crues (la faim et la peur), et aujourd'hui le genre de la fille à papa mise à l'épreuve prend quand même le dessus. Gable joue quand à lui son chômage plus sur le registre du gars sur le retour dans sa profession, même si effectivement Capra montre ici l'utilité du moindre dollar. Mais on peut y voir une morale plus générale.

Disons que j'aime la façon dont ça "résonne" à travers cette histoire plus légère (pas de drame fondamental, effectivement, ni chez le journaliste vexé ni chez la jeune millionnaire), comme si cette aventure miniature réveillait l'imagerie et les fantômes de la crise (une nuit à la belle étoile suffit à discrètement convoquer le quotidien des hobos des 5 ans passés). Cette évocation inquiète, je trouve ça plus poétique et plus intriguant qu'une plongée édifiante et comparative des nantis dans l'Amérique en souffrance.

Après, pour le côté pas finaud, si c'est ça qu'on cherche chez Capra on sera en effet déçu

Dans le genre "traduction de merde", ça se pose là.

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