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Je vous avais prévenu...



La série commence de la pire manière : avec un épisode long, complexe et totalement essentiel à l'intrigue générale alors même que l'équipe de production n'était pas du prête à y faire face (la première saison étant d'ailleurs presque entièrement dispensable), à Encounter to Farpoint (S01E01-02) l'équipage de l'Enterprise rencontre une entité omnipotente nommé Q qui décide de faire le procés de Jean-Luc Picard et à travers lui son espèce humaine.
L'épisode est éprouvant et peut même carrément donner envie de ne pas aller plus loin. Les effets spéciaux sont laids, les décors kitchs et la mise en scène n'est sans doute pas loin de la série originale (ah les débuts de la 3D...). Mais il y a quelque chose malgré tout dans cet épisode qui donne envie de s'accrocher et ce même petit quelque chose que l'on retrouvera tout au long de cette série : une envie de découvrir, de progresser, d'imaginer des situations impossibles et de voir ce qui peut arriver.

On se dit comme Jean-Luc : let's see what's out there...


Comme je l'ai évoqué précédemment, la première saison est quasiment toute ratée à l'exception des deux derniers épisodes (Conspiracy et Neutral Zone, S01E025-26), les fans diraient que la série ne trouvent son vrai chemin qu'à partir The Measure Of a Man (S02E09) où par le biais d'un procès, qui personnellement m'a rappelé la Controverse de Valladolid, il est question de savoir si l'officier android Data est un être conscient ou la propriété de Starfleet. Un épisode intéressant car il explore les terres d'Asimov mais un peu vain puisque le débat semble gagné d'avance puisque qu'auparavant l'on aura vu un épisode, qui là vaut vraiment le coup, où Data va prouver à juste titre qu'il est un être artificiel conscient et qu'il n'est pas le seul :



Dans Elementary, Dear Data (S02E03) Geordi LaForge et Data vont s'amuser dans le holodeck (comme la salle hologramme des X-men) à recréer une intrigue de Sherlock Holmes. Devant les capacités hors-normes de Data à élucider les affaires, Geordi va demander à l'ordinateur de créer un adversaire à sa hauteur et créant ainsi un Moriarty plus que redoutable.
Là où cela devient intéressant est que celui-ci sera si intelligent qu'il va se rendre compte de ce qu'il est (un hologramme dans un vaisseau spatial), je laisse la suite à ceux qui voudront regarder l'épisode mais rien que celui-ci vaut le coup d'oeil, d'autant que sa suite quelques saisons plus tard (Ship in a Bottle, S06E12) va encore plus loin dans l'expérimentation de ce holodeck avec un holodeck dans un holodeck, Inception style. Du 6/6 messieurs-dames.

Beaucoup d'autres épisodes sont à voir, certains pour l'univers qu'il explore et d'autres pour le concept qu'ils soulèvent (par exemple un épisode où personne n'arrive à comprendre le langage en métaphore d'une espèce voulant colaborer avec Starfleet), ce sera rarement juste pour l'écriture car c'est une série qui reste dans une teinte oldschool avec des structures souvent identiques où les intrigues ne dépassent que très rarement la fin de l'épisode. J'avoue que c'est aussi ce qui fait que j'aime cette série et que c'est pourquoi il est tout à fait permis de sauter une bonne moitié des épisodes (c'est ce que j'ai fait en me basant plus ou moins sur les avis sur IMDB et autres). Il y a aussi quelques épisodes sur Le Borg (méchant de First Contact), les épisodes sont bons mais le méchant en lui-même est trop binaire pour être intéressant.
Autrement là où je trouve que Next Generation est au top c'est pour tout ce qui touche le Temps et de ses possibilités, la plupart des épisodes qui les explorent sont parmi les plus cultes. Et même si ce n'est jamais totalement rigoureux sur le plan scientifique (tout tenant sur cette fameuse citation de C. Clarke) l'aventure qui en ressort est souvent pleine d'élégance. Même l'inévitable épisode Groundhog Day-like donne quelque chose d'intéressant !



C'est aussi une série qui va beaucoup parler de foi, très rarement de religion ou alors toujours de façon négative (= ignorance), mais de la foi que nous pouvons parvenir en tant qu'être-humain à nous dépasser. L'un des épisodes les plus marquant à ce sujet est The Inner Light (S05E25) où une balise provenant d'une planète morte va contraindre le Capitaine Picard pendant un instant à vivre l'équivalent d'une vie entière sur cette planète alors qu'elle était habitée : il aura une famille, une femme des enfants... Tout cela dans le but qu'au moins une personne dans l'univers sache qu'il y eut autrefois des gens vivants sur cette planète. C'est littéralement un acte de foi ou "leap of faith" comme dit dans un autre épisode Data, pour expliquer le raisonnement qui le pousse à essayer d'être plus humain au lieu de se contenter de se perfectionner en tant que machine.
Next Generation et plus globalement Star Trek n'est lui-même qu'un gigantesque saut de foi. Outre le produit lui-même qui pousse son spectateur a passé au delà des décors à deux sous, des maquillages douteux et de Whoopie Goldberg dans l'Enterprise; il y a un acte de foi implicite dans cet univers qui est bien plus puissant : celui qu'un jour nous explorerons l'Espace, l'ultime frontière.