Forum de FilmDeCulte

La flemme, la flemme, la flemme...




Manhunter / Le Sixième sens (Michael Mann - 1986)
L'ouverture, la séquence du tigre, les quelques confrontations avec le tueur, c'est déjà assez pour faire un grand film. L'imagerie Miamiesque dans laquelle patauge Mann est pas toujours assez convaincante pour réellement nous permettre de nous identifier au héros-traqueur fadasse et à sa famille, mais tout le système qu'il installe autour d'eux brille d'une intelligence et d'une aura qui compensent bien ce manque d'aspérités premier. Très gros kiff, dommage pour le final un peu en deça.




Une journée particulière / Una giornata particolare (Ettore Scola - 1977)
Sujet en or, atmosphère de quartier libre marquante (le décor de l'immeuble est super bien exploité), et ce malgré le poids et l'oppression continues du film. Je trouve Scola aussi discret qu'efficace, frôlant le pédagogique/psychologique sans réellement y tomber. Un poil déçu par l'issue de la relation des deux personnages, mais globalement j'ai trouve ça très fort (premier Scola, j'aime beaucoup la sobriété apparente du style pourtant gorgé d'idées).




Arizona Dream (Emir Kusturica - 1992)
Deuxième Kusturica, le même double-effet. Séance agréable et vivante, et l'impression de s'être un peu fait entuber quand même après coup - tout dans l'effet direct, une fois le nez sorti du bordel on se rend compte que c'est quand même pas génial. Les personnages, notamment, sont assez lourds (et pourtant j'aime chacun des acteurs), le lyrisme préfabriqué se repose sur une série d'aphorismes niaiseux, et l'originalité autoproclamée de l'univers dont on fétichise chaque bizarrerie est usante... Confortable, bien mené, mais pas transcendant.




Goldeneye (Martin Campbell - 1995)
Campbell aura mieux réussi sa deuxième relance de la saga... C'est globalement assez punchy, mais d'une vulgarité hallucinante à tous les niveaux, que ce soit Bond lui-même qui a la classe et les réparties d'un kévin, ou de la musique d'Eric Serra absolument interdite. Je suis surpris, je pensais que ce serait beaucoup plus fort. Ça reste bien mieux foutu dans l'action que les suivants de la période Brosnan, mais c'est tout aussi con.




Hollywoo (Frédéric Berthe, Pascal Serieis - 2011)
Trop complètement anodin pour être honteux, trop nul pour ne pas être embarrassant - la moitié des scènes consistant à laisser les caméras tourner devant l'acteur qui recycle ses mimiques traditionnelles en roue libre... L'ambition du cinéma comique français quand il va tourner aux Etats-Unis, c'est d'intégrer les codes du direct to video, c'est pas génial ?

Heat je l'avais découvert en VF à la télé, j'étais également passé un peu à côté... Puis je l'ai revu en salle, en VO, avec une introduction de Jean-Baptiste Thoret qui te chauffe pendant une demi-heure en disant (je caricature) que Heat est le meilleur film des années 70.

La. Claque. De. Malade.

Ca me rappelle aussi à quel point 1996 était une année absurde en ciné, avec quatre purs chefs-d’œuvre qui ont fini n° 1 ex æquo (Casino - Fargo - Heat - Se7en).

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

La flemme de faire un sujet, surtout que personne ne l'a vu.

Super, de James Gunn
Je m'attendais pas à un film si chelou. Y'a une ambiance toute particulière, qui rappelle par moment The Office (Rainn Wilson bien sûr, excellent dans son éternel rôle de mec bizarre à la limite du psychopathe) avec ces gags gênants, ces plans qui s'éternisent, la photo toute grise. Et surtout je m'attendais pas à ce que ça soit si trash, si violent. Et y'a un délire catho avec des visions totalement barge.
Bref c'est très particulier, j'ai beaucoup ri, j'ai été gêné, surpris plusieurs fois. Pas exceptionnel mais suffisamment original pour être remarqué.
4.5/6

_________________

Tout pareil. Je le trouve bien meilleur dans le genre que Kick-ass et bien jusqu'au boutiste. Castin mortel aussi, toujours un plaisir pour moi de voir Kevin Bacon!

_________________

L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance, John Ford, 1962)
J'en suis arrivé pour Ford à faire le choix entre "chef-d’œuvre" et "excellent", celui-là ira dans la catégorie des excellents. Le film est grand, mais moins que je l'aurais espéré : un peu trop démonstratif et verbeux, il n'a pas l'ampleur allégorique, sur l'idée d'une Amérique des pionniers qui doit laisser place à l'Amérique républicaine, qu'avait La prisonnière du désert. La scène de nuit est un joyau, mais je trouve que le film peine à finir sur un truc aussi fort (je connaissais déjà la fin, ceci explique peut-être cela)... Bref, je chipote, c'est hyper réjouissant. Je suis hyper surpris de la date : ratio mis à part, on dirait vraiment un film tout droit sorti des années 40 (ce que je pensais, avant de découvrir l'année sur wiki). J'avais l'impression que dans les années 60, le classicisme s'était déjà un peu engourdi dans ses grosses productions fatiguées...




Jack l'Éventreur (Jack The Ripper, David Wickes, 1988)
Agréablement surpris de voir un téléfilm d'aussi bonne tenue (question d'époque ? truc isolé ?). Visiblement sans pression artistique (l'académisme latent à base de reconstitution impec ne fait pas peur), le réal sort un double-téléfilm en fait étonnamment investi, morceau solide passionnant à suivre et efficace, et surtout tout entier concentré sur les immenses épaules d'un Michael Cane irréprochable, dont on boit le jeu comme du petit lait. Et c'est sympa de voir le film traiter l'affaire autrement que via l'habituel filtre noir/gothique, se concentrant plutôt sur l'enquête - seule la fin, peut-être, aurait mérité un petit coup de fouet en ce sens. Rien de transcendant, hein, mais vraiment très agréable.




Octopussy (John Glenn, 1983)
Confirmation que j'aime bien Bond version Moore, même si dans celui-là il commence à être bien vieux. Dans un écrin toujours aussi vulgos-colonial-macho, le film s'offre un bon équilibre de pays et de méchants (le duo Adams-Jourdan est particulièrement réussi), et surtout de scènes d'action qui m'ont surprises par leur qualité (l'ouverture à l'avion, et surtout la poursuite en train). C'est vaguement mou tout le temps mais y a peu de vrais temps morts, et l'ensemble est sympatoche. Big Up au titre Bond le plus vulgaire de tous les temps !




Le chant du styrène (Alain Resnais, 1958)
Exercice de style complètement inerte pour ce court documentaire sur le plastique qui, bien que jouant au premier de la classe (expérimentations visuelles tous azimuts, voix-off petit malin) n'a strictement rien à dire. Après c'est très impressionnant, ça construit un peu plus que de jolis cinémascopes (notamment tout un truc sur le voisinnage macroscopique-microscopique, qui se révèle en avançant), mais globalement c'est sans intérêt.

C'est l'un des 3 Bond pas pourris de Moore avec L'Homme au pistolet d'or et L'Espion qui m'aimait.

_________________

Plutôt la deuxième option, David Wickes ayant apparemment réalisé plusieurs téléfilms plutôt réussis dans le genre. J'en ai vu un ou deux (dont le Jack) mais les autres avaient assez bonne réputation.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

J'avais adoré, gamin. J'adorerais le revoir.

_________________
I think we're gonna need a helmet.

C'est bien celui où il y a un plan de la calèche dégoulinante de sang ?
Et où la théorie était :

J'avais adoré aussi, Caine en mode inspecteur hyper carré, limite Sherlock Holmes, téléfilm en 2 parties d'hyper bonne tenue.
Ca fait partie des rares téléfilms qui m'ont marqué.

Dans un tout autre genre, je reverrai bien "Le travail du furet", rare téléfilm d'anticipation français.

_________________
You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

Ouep, pour clore la première partie.

Et oui, c'était bien cette version des faits

J'adore notamment les scènes de déductions, qui te paraissent à chaque fois complètement évidentes et irréfutables, où tu es entraîné dans l'enthousiasme de la découverte. Dans le film, au final, quasi toutes les déductions qui les mènent au tueur sont d'ordre logique, peu sont vraiment liées à des preuves ou pièces à conviction.

Sur le sujet, le grand film parfait n'existe toujours pas, c'est dingue.

Je ne dis pas que Zodiac soit parfait, mais il se présente quand même comme une porposition majeure pour le fait criminel qui le concerne.

Je fantasme toujours totalement sur Jack The Ripper, et ce téléfilm m'a sûrement mis le pied à l'étrier...

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Mais en partant sur une version des faits qu'on sait fausse, finalement ? Parce que si on essaie de faire le film fidèle, ça risque d'être chiant : si j'ai bien compris, a priori, le coupable on le connaît pas (ils ont tous des alibis, ou vraiment beaucoup trop peu de preuves contre eux...)

Il n'y a aucune certitude pour le Zodiac non plus, mais de fortes présomptions. Peu importante qu'elle soit farfelue si elle est cohérente - comme dans le téléfilm de Wickes - la théorie doit être passionnante et bien charpentée. Or ce film reste à faire, malgré les innombrables tentatives.

_________________
I think we're gonna need a helmet.

C'est ballot qu'ils aient raté From Hell.

_________________
N'écoutez pas Film Freak

J'adore le téléfilm dont on parle.

Mais surtout, pour rebondir sur ce que tu dis Tets, je vais faire mon intégriste quelques minutes et dire que les enjeux présentés dans la BD de Moore n'aurait jamais pus être présentés dans un long métrage, pas si on veut appeller ça une adaptation.

La BD de Moore pas que dans son traitement graphique mais dans l'exhaustivité des information présentées ainsi que dans le fait que ça parle bien plus du passage à une siècle nouveau qu'une histoire de tueur fait que c'est très difficile à montrer à l'écran, surtout par les frère Hughes quoi...

Zodiac pour le coup fonctionne et s'approche à chaque vision du meilleur Fincher pour moi va plus dans ce sens et c'est son intérêt narratif principal.

Je suis confus, je suis bourré, mais bref, c'est les trucs que je pense là.

_________________