Public Access (Ennemi public, 1993) Primé à Sundance et Deauville mais jamais sorti en salles en France, ce premier long témoigne déjà de la patte de Singer. Visuellement, je persiste à dire que même si son style est pas forcément le plus reconnissable, on retrouve certaines formes récurrentes. Il y a quelque chose dans les climax de celui-ci et du suivant qui se ressemblent dans l'utilisation du ralenti et des mouvements de cadres obliques. Thématiquement, y a déjà toute la fascination pour le Mal du cinéaste ainsi que son engagement perso (déjà, l'homosexualité). C'est pas mal comme début même si c'est très "première oeuvre" fauchée. 3/6
The Usual Suspects (Usual Suspects, 1995) J'ai beau l'avoir découvert sur Canal+ en m'étant fait spoiler la gueule avant de le voir, j'ai quand même trouvé ça énorme. Magnifique petit film qui transcende le genre pour parler de storytelling, de narration, de mise en scène, donc de cinéma. Déjà dans son précédent, Singer mettait en scène une figure du Mal elle-même metteur en scène vu que le personnage présentait une émission de TV, ici la figure du Mal est le narrateur lui-même. Je trouve le film narrativement et visuellement riche et jouissif. Je me le refais fréquemment avec plaisir. 6/6
Apt Pupil (Un élève doué, 1998) Déception à l'époque, atténuée avec le temps. J'étais à donf du précédent, j'avais même choppé la nouvelle de King que j'avais adoré et le film ne m'a vraiment pas convaincu. Disparus les cauchemars horrifico-SS-X et l'ambiance malsaine du matériau de base. En lui redonnant sa chance récemment, j'ai davantage apprécié. Le postulat de départ est taillé sur mesure pour l'auteur qui, ado (juif), était lui aussi obsédé par le nazisme, et témoigne une nouvelle fois de cette même fascination pour le Mal. Et McKellen. 4/6
X-Men (2000) THE surprise. A cause du précédent et au vu des premières images, j'y croyais pas vraiment et la vision du film fut juste un envoûtement. Je suis tombé sous le charme. Et charme est un mot parfait parce que le film lui, ne l'est pas. Alors évidemment, j'ai maintes fois excusé/expliqué le relatif bémol sur les scènes d'action et l'ampleur par le manque de temps et d'argent alloués au projet (merci Tom Rothman), maintenant je trouve que le film parvient à compenser ces quelques faiblesses (on était quand même au début du "genre" tel qu'on le connaît aujourd'hui) par un fond plus intéressant que tout autre adaptation de comics (jusqu'à The Dark Knight) et un excellent travail sur les personnages. Et encore toujours la discrimination, le nazisme, le Mal. Et McKellen. ET JACKMAN. 5/6
X2 (X-Men 2, 2003) Aucun autre film n'a autant réussi chez moi à combler mes attentes pourtant très hautes et même à aller au-delà. Je l'attendais comme le Messie. J'ai eu droit à Dieu le père. Là où Spider-Man 2 passe beaucoup de temps à revisiter le premier, X2 embraye directement sur la suite avec une surenchère indéniablement réussi au niveau de la dimension et de l'action. Il y avait déjà des références geek dans les premiers X-Men et Spider-Man mais c'est avec celui-ci que se met en place un véritable univers réfléchi témoignant d'une vraie compréhension du matériau adapté. C'est aussi pour moi le point culminant de 2e partie de la carrière de Singer, avec LE film où il a su le mieux assimiler ses thèmes de prédilection (adoption, discrimination, génocide, Mal, etc.) au sein d'un canevas de blockbuster. Après une trentaine de visions, j'en ai encore des frissons. 6/6
Superman Returns (2006) Ce film, c'est MA Forteresse de Solitude. Je comprends absolument les reproches qui lui sont fait et pour certains, je suis d'accord (le plan de Lex Luthor, toujours aussi "hein?"), mais pour d'autres (le manque d'action), je pense que c'est juste pas le film que Singer cherchait à faire. Le problème, c'est qu'il prend 200 millions de dollars pour faire ce qui ressemble de plus en plus aujourd'hui au one-shot en BD d'un auteur. Or en comics, quand un auteur veut faire son truc, il peut le faire, ça "dérange" souvent en rien au final la continuité d'une licence multiple. Alors qu'au cinéma, quand t'as pas eu de film avec Superman depuis plus de 20 ans, c'est culotté de faire en substance un simili-remake du film de Donner à la sauce Casablanca. C'est pas tellement ce que les gens avaient envie de voir. Moi, oui. Projetant sa personnalité sur le protagoniste, Singer choisit d'aborder l'un des principaux aspects du personnages (son aliénation, son désir d'adoption, d'appartenance...thèmes chers au cinéaste) en délaissant peut-être un peu les autres (alors que la scène de l'avion prouve qu'il aurait PU). J'ai conscience d'être parmi les seuls à qui ce film parle mais j'assume. 5/6
Valkyrie (Walkyrie, 2008) Film de la maturité pour son auteur, tant dans la thématique que dans l'esthétique, qui semble avoir exorcisé son trauma de l'adoption et qui attaque de plein de fouet cette fois sa fascination pour le nazisme au travers d'un thriller narrant la grande Histoire à travers la petite. Mise en scène au cordeau néanmoins foisonnante de détails pour un récit peut-être un poil trop linéaire et classique. 5/6
Jack le chasseur de géants (Jack the Giant Slayer, 2013) Même si ça ne sentait pas bon, c'est quand même décevant de voir que Singer n'a rien à raconter et rien à apporter au genre avec ce film jamais mauvais mais tellement banal. Quelques idées subsistent, dont l'épilogue, mais c'est fade. 2/6
Moyenne : 4.5/6
Top : 1. X-Men 2 2. The Usual Suspects 3. X-Men 4. Superman Returns 5. Valkyrie 6. Apt Pupil 7. Public Access 8. Jack the Giant Slayer
_________________
|