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Toutes les critiques presse de Cannes (faites-moi signe par mp, je mettrai à jour quotidiennement).


b]"Les chansons d'amour" de Christophe Honoré[/b]

Nouvel Observateur

Citation:
Comme dans toutes les comédies musicales, le moment où les acteurs passent du parlé au chanté est toujours délicat: les chansons tombent parfois comme un cheveu sur la soupe, mais aussi assez souvent arrivent harmonieusement et se fondent dans l'histoire. Une histoire là encore inégale, où le touchant portrait d'une famille unie (celle de Julie, ses parents et ses deux soeurs) alterne avec les fausses audaces de l'ultra-post-moderne confusion des sentiments amoureux de la jeunesse (solitude, triolisme, bisexualité, homosexualité).
Le tout baigne dans une belle déclaration d'amour visuelle aux rues de Paris, dans les quartiers de la Bastille et de la Porte Saint-Martin. Le film, qui sortira mercredi prochain dans les salles, a été plutôt bien accueilli par les festivaliers aux premières séances de projection, avant sa présentation officielle dans la soirée.
Plus aride, au scénario plus énigmatique, mais d'une beauté visuelle à couper le souffle, "Le bannissement" a davantage divisé les spectateurs: deux heures et demie, avec de longs plans où parfois il ne se passe pas grand chose, et l'histoire d'un couple et ses deux enfants qui quittent la ville pour s'installer à la campagne. Là, en pleine nature, les rapports ne sont plus les mêmes qu'à la ville, et le drame va naître des difficultés conjugales du couple.



Zodiac


Libé:

Citation:
Sélection officielle. Avec «Zodiac», inspiré d'une enquête inaboutie sur un tueur en série, David Fincher («Seven») signe un film noir d'un classicisme virtuose.
Killer est-il?
REUTERS
Par Didier PERON
QUOTIDIEN : jeudi 17 mai 2007
Zodiac de David Fincher (Etats-Unis), avec Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Robert Downey Jr... 2 h 36. Sortie aujourd'hui.
DOSSIER «Libération» est sur la croisette et vous propose, en bonus, le blog de Michèle Halberstadt et une sélection vidéo des meilleurs moments, archivés par l'INA.
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Le 4 juillet 1969, les feux d'artifice de la fête nationale américaine illuminent les premières heures de la nuit. Un garçon et une fille tracent en voiture à travers les rues de San Francisco et se garent sur un parking en dehors de la ville. Les préliminaires de la drague n'ont pas commencé qu'un type déboule avec un flingue et leur tire dessus. Plus tard, un autre couple, des étudiants se bécotant au bord du lac Berryessa dans la Napa Valley, voit surgir un homme massif en uniforme noir et cagoule. Il les attache et les poignarde sauvagement.
Ces deux scènes sont les seuls moments véritablement sanglants du nouveau film de David Fincher, Zodiac , évocation minutieuse d'une des plus retentissantes affaires criminelles de ces dernières décennies aux Etats-Unis. Fincher a toujours fait des films violents, son Seven, culte, est un des rares trucs qui obligent à prendre une douche après chaque visionnage et, plus récemment, Panic Room se terminait en fête de la boucherie à domicile. Zodiac ressemble donc pour Fincher à un régime minceur, un exercice d'ascèse esthétique et un serrage de ceinture spectaculaire qui lui réussit parfaitement. Le script touffu de James Vanderbilt parvient à compacter un nombre incroyable d'informations et de personnages à partir de deux best-sellers signés Robert Graysmith, Zodiac et Zodiac Unmasked , et le cinéaste l'a porté à l'écran dans un esprit, un tempo et une image qui rappellent les Hommes du Président d'Alan J. Pakula.
Le tueur, qui se faisait appeler le Zodiac, prenait un malin plaisir à narguer journalistes et flics, revendiquant ses crimes et en annonçant de plus cruels encore par des courriers menaçants comportant des messages cryptés. Robert Graysmith (interprété par le toujours émouvant Jake Gyllenhaal, lire aussi page 20) était un jeune cartoonist au San Francisco Chronicle quand sa rédaction en chef a reçu la première lettre. Il s'est de suite passionné pour l'affaire et le film adopte son point de vue. Le journaliste d'investigation vedette du Chronicle , Paul Avery (Robert Downey Jr, génial), le duo d'inspecteurs David Toschi (Mark Ruffalo) et Bill Armstrong (Anthony Edwards, vétéran de la série Urgences ) sont les autres limiers qui vont se casser la tête (et les dents) pour comprendre qui se cache derrière le sinistre farceur semant la panique.
La particularité de cette affaire qui se déploie sur une décennie, c'est qu'elle a rendu à moitié fous ceux qui ont voulu la dénouer et qu'aucun coupable ne fut jamais arrêté. Zodiac suit donc pas à pas ces dizaines de chemins qui ne mènent nulle part. Culs-de-sac déductifs, voie sans issue des analyses graphologiques, puzzle de preuves manquantes, impasses procédurales, tout ici s'abolit en dossiers poussiéreux et anéantit l'avidité du citoyen, et du spectateur, pour la résolution.
Thriller d'une élégance implacable, magnifiquement photographié par le grand Harris Savides (The Yards, Elephant...), le film est une étrange équipée au royaume indécis de la curiosité et de la frustration. Le désir de connaissance et la part d'inconnu livrent un combat feutré pour tracer les frontières de leur territoire que seule rassemble la lumière huileuse des crépuscules californiens. En dernier lieu, seul le doute demeure.


La Tribune:

Citation:
"Zodiac", polar frustrant
En compétition au Festival de Cannes et en salles, "Zodiac", un thriller aussi haletant que frustrant de l'Américain David Fincher. Un trio d'enquêteurs se perdent sur la piste d'un tueur en série qui a semé la terreur en Californie dans les années 70.

Avec "Seven" (1995), le jeune David Fincher s'était imposé comme un maître du thriller psychologique. Vivant ensuite sur cette réputation, il a réalisé des films qui ne l'ont pas égalé. Aujourd'hui, il retrouve avec l'affaire "Zodiac" toute sa capacité à semer le trouble à partir d'une énigme irrésolue qui prend une tournure obsessionnelle.

Après une enquête minutieuse et la rencontre de personnages impliqués, il a - avec l'accord et la collaboration de ces derniers, du moins les vivants -, reconstitué par le menu l'affaire du Zodiac, le Jack l'éventreur de l'Amérique, qui a semé la terreur en Californie dans les années 1970. Cette terreur, le réalisateur l'a lui-même vécue en tant qu'enfant vivant dans les parages. Sans complaisance avec la violence des crimes commis, le film, qui dépasse le genre du thriller, décrit la spirale infernale où se laissent aspirer les enquêteurs lancés aux trousses du criminel sans arriver jamais à fournir de preuve formelle. Palpitant malgré sa longueur (2h35) le film requiert l'attention constante du spectateur faute de quoi des pans entiers resteront obscurs.

L'affaire a fait couler énormément d'encre et l'un des enquêteurs, le dessinateur stagiaire au "San Francisco Chronicle", Robert Graysmith, lui a consacré deux gros livres. Le tueur a en outre inspiré des films dans ces années-là, "Bullitt" et "Dirty Harry", notamment. Il est vrai que celui qui se fait appeler le "Zodiac" est un criminel peu banal, un psychopathe qui envoie à la presse des messages codés annonçant ses crimes passés ou à venir, réels ou imaginaires. Véritables casse-tête, ces messages remplis de signes kabbalistiques où il mélange plusieurs alphabets, multiplient les références à la religion et au cinéma ("Les chasses du comte Zarov", notamment, un classique des films d'horreur des années 30).

Tout en incluant une multitude de personnages ayant eu trait à l'affaire, le film se focalise sur trois protagonistes, qui tous ont plongé corps et âme dans l'énigme et y ont laissé des plumes. Le premier d'entre eux est le jeune dessinateur de presse, Graysmith, un personnage lunaire, bien joué par Jake Gyllenhaal, celui que ses collègues nomment l' "attardé" et qui se prend de passion pour cette affaire, forçant la porte de policiers tenus au secret qui finissent toujours par céder à son insistance. Le dessinateur réussira le mieux dans la résolution de l'énigme, pointant, peut-être abusivement - et c'est la faiblesse du film - la culpabilité d'un ancien enseignant condamné pour pédophilie, mort en 1992. Cette obsession, le cartoonist la paiera au prix de sa vie privée.

Encore plus malheureux, le sort du chroniqueur judicaire au même quotidien Paul Avery, qui faute d'arriver à des conclusions irréfutables sombra dans l'alcool et la coke. Quant au flic de service, l'inspecteur David Toschi (Mark Ruffalo), il fut radié de la crime et s'est reconverti en détective privé. Où l'on voit que le Zodiac a fait bien d'autres victimes que celles qu'il a physiquement assassinées.

Noël Tinazzi



My Blueberry Nights :


la Tribune :

Citation:
"My Blueberry Nights", premier film que les 4.000 journalistes accrédités à Cannes avaient à se mettre sous la dent mercredi matin, et huitième de Wong Kar Wai, se révèle nettement plus commercial que ses précédents.

Mais il ne suffit pas de faire tourner pour la première fois la prodige du jazz Norah Jones pour faire un bon film. Ni Norah Jones, actrice honnête sans plus, ni son partenaire Jude Law ne parviennent à faire croire à cette bluette convenue. Surtout, ces acteurs n'ont ni la grâce, ni le charisme, ni l'élégance des comédiens fétiches du réalisateur de Hong Kong, Gong Li, Maggie Cheung et Tony Leung. Hyper sophistiqué, truffé d'effets de caméra souvent gratuits, le film vaut surtout pour sa bande son signée Ry Cooder.

Il n'empêche, les organisateurs ont dérogé à la règle en vigueur à Cannes voulant que le film d'ouverture (et celui de clôture) n'est pas en compétition. "My Blueberry Nights" l'est bel est bien et on n'y voit d'autre explication que le fait que Wong Kai Wai est un des leurs chouchous et qu'ils passent sur tous ses travers - notamment ses retards légendaires - pour lui faire les honneurs de la Croisette.


newsletter de Télérama :

Citation:
Imaginez reprendre quatre fois de suite de la tarte aux myrtilles surmontée d'une copieuse boule de glace à la vanille et vous aurez une idée du caractère limite écœurant du méli-mélo de Wong Kar Wai. Pâteux, crémeux, sirupeux, c'est bien l'impression laissée par ce film d'ouverture sur lequel on attendait plus, comme on l'évoquait hier. En s'accordant ce petit voyage aux Etats-Unis, l'homme aux éternelles lunettes noires a perdu en cours de route la vertu de ses obsessions. Il a sans doute voulu faire un break, exactement comme son personnage, une jeune femme (Norah Jones) qui largue les amarres à la suite d'un gros chagrin et qui fait un périple à travers le pays en bossant comme serveuse dans les bars ou les diners. Mais à Wong Kar Wai, les vacances ne réussissent guère : il n'est plus lui-même ni vraiment un autre. Tout ce qu'on aimait d'artificiel chez lui — en particulier la fétichisation d'instants amoureux — a viré à la facilité. Même son utilisation de la musique — en l'occurrence Cat Power — n'a plus grand chose de judicieux. Trop bavard au début (les séquences avec Jude Law frisent la cata), le film s'améliore avec Nathalie Portman, pas mal en reine solitaire du poker. Avec elle, la bagatelle passe mieux.


Burdeau des Cahiers du cinéma:

Citation:
Des plats qui identifient les êtres qui les goûtent ; des trousseaux de clés racontant les histoires d’amour qu’ils scellèrent jadis ; des jetons accumulés au fond des poches pour ne pas oublier de se souvenir ; une tarte aux myrtilles qui attend dans son assiette que paraisse la seule personne qui la juge comestible ; sur ces images des voix off se tenant la main pour entretenir le ressassement de l’amour enfui, de la mémoire qui est le seul trésor, du vrai voyage qui va de soi à soi, avec escales chez les autres - le film est bien signé Wong Kar-wai.

Et pourtant. Le même murmure suave de vérités générales ; les mêmes romans-photos en images accélérées, ralenties, saccadées ; la même lumière liquide partout répandue, dans la ville, les cafés, les casinos ; le même magasin dernier cri et quatre saisons, bonnets, jupes, cheveux, sourires - tout ce qui enchantait à Hong-Kong n’enchante plus, entre New York, Memphis et Las Vegas, de Norah Jones à Jude Law, Natalie Portman, Rachel Weisz et quelques autres. L’Amérique traversée en road-movie n’a pas le charme des rues, des ciels, des trains de Hong-Kong. L’exotisme est devenu une fadeur.


La déception semble peu disputable. Tient-elle au seul changement de cadre ? Est-ce si simple ? Peut-être. Ce qui voudrait dire tout l’inverse : que cette simplicité n’est pas simple.

Il va donc falloir, dès ce soir - alors même que commence, écoutez, la montée des marches pour la présentation officielle du film -, faire provision de questions pour plus tard. Ce serait en l’occurrence celle des rapports entre cinéma asiatique et cinéma américain, leurs idiomes et leurs rituels. On peut diagnostiquer chez Wong une panne d’inspiration (une paresse plutôt : son perfectionnisme s’est pour l’occasion mis en vacances). On peut aussi voir ailleurs : si le cinéaste a pu, pendant dix ans, séduire en racontant des histoires d’ananas périmés distillant une mélancolie d’ascenseur, c’est qu’il le faisait au sein d’un univers dont la nouveauté à l’écran, pour nous, autorisait pareil remue-ménage d’antique quincaillerie. Une ville d’échoppes et de vitesse, de bakélite et de néons, un monde à la fois plus archaïque et plus moderne que le nôtre se prêtant idéalement au mariage du cheap et de la sophistication - aux anachronismes wongiens. Avec 2046, l’œuvre a fait un pas vers l’abstraction. Les nuits bleu myrtille la ramènent sur terre, mais pour fouler de très vieux territoires, réels et fictionnels, une Amérique post-post-Wenders d’une désuétude d’emblée recuite, sans âge (terribles accents yankee dans les bouches de Portman et Weisz). Explication bêtement culturaliste ? Ça reste à voir.

De toute façon on n’a pas le choix. Il faudra avancer ainsi, à tâtons, par allers et retours entre l’Amérique et l’Asie, la foulée courte et la foulée longue, l’évaluation expéditive et sa suspension...



le blog cannes de télérama:

Citation:
C'est comme un vieil ami qui vous laisse tomber, un type qui ne veut plus vous voir - parce qu'il a renié ses idéaux de jeunesse pour un boulot strictement alimentaire ? On a tellement aimé Wong Kar Wai, ses films ont tellement compté pour nous qu'on peine à le reconnaître aujourd'hui, héraut d'un cinéma international standardisé, banalisé, américanisé... Wong Kar Wai, c'était le mélange de l'énergie urbaine (le choc de Chungking express) et de la langueur moite (l'impossible relation amoureuse, désirée et repoussée de In the mood for love). C'était, surtout, un monde d'une sidérante beauté plastique à la construction duquel participaient des comédiens incroyablement séduisants, un sens unique du détail visuel (personne ne filmait mieux que lui une paire de jambes sur un coin de trottoir hongkongais), et un goût pour les boucles musicales entêtantes. On voulait tous filer à Hong-Kong, visiter les Chungking mansions, tomber amoureux d'une serveuse de nouilles sautées (Faye Wong) ou d'un flic un peu trop romantique (Tony Leung). En quatre films - Chungking..., donc, Happy together, In the mood... et le génial 2046 - un auteur majeur avait trouvé sa place dans l'histoire du cinéma.

Et puis, My Blueberry nights, ou le syndrome de la copie pâlichonne (du film d'ouverture, diront les méchantes langues). Ceux qui n'ont jamais vu un film de Wong Kar Wai goûteront peut-être la joliesse des acteurs (peu importe que Jude Law en patron de bistro solitaire, pas avare en heures sup', soit moyennement crédible, il reste le comédien le plus décoratif du moment), le sens du détail visuel (une paire de jambes sur le pavé... new-yorkais), et le goût des boucles musicales entêtantes (ici, The Greatest, de Cat Power, la chanteuse apparaissant même dans le film avec une certaine grâce). Mais les amis de Monsieur Wong pointent le déjà vu, le recyclage light, le "truc" éventé du vieux magicien parti à la conquête d'un nouveau public - anglophone et majoritaire. So long...

Wong Kar Wai ne fait pas que se répéter. Il s'appauvrit. L'intrigue amoureuse est ici réduite au minimum : coup de foudre reporté, séparation, avant que les épreuves de la vie ne portent aux retrouvailles. Un peu plus faible que la quête impossible de l'amour perdu (ou rêvé) qui faisait la matière mentale des films précédents... Jamais non plus le cinéaste ne parvient à habiter réellement les lieux qu'il filme : les mythologies américaines (un bar dans le Tennessee, un casino près de Vegas) lui échappent, ou étaient trop usées avant même qu'il s'en empare. Reste le joli visage un peu éteint de Norah Jones : drôle de personnage passif, spectateur du numéro des autres stars (Jude Law, Natalie Portman), beauté un peu absente, exogène au monde du cinéma. Ce n'est plus tout à fait du cinéma, c'est vrai, mais un divertissement global... Monsieur Wong nous doit une revanche.



Jean Philippe Tessé pour Chronic'art :

Citation:
Pas facile, à la descente de train, de se coltiner, comme ça, sans prévenir et sans ménagement, un nanard bien gratiné. Pourtant c'est la mauvaise surprise réservée par Wong Kar-wai, dont le consternant My Blueberry nights est présenté en ouverture. WKW qui, décidément, n'arrive pas à se remettre de In the mood for love. In the mood for love l'a tué, et son escapade américaine (avec le thème d'In the mood rejoué à l'harmonica s'il vous plaît) ressemble à un agrégat de courts-métrages chichiteux et creux comme c'est pas permis. Rien à sauver, vraiment rien, ni les acteurs (Jude Law, c'est pas possible), ni ce scénario pour minettes niaiseuses, ni cette mise en scène bégayée par un WKW qui livre là une sorte de guide de son cinéma pour les nuls. Une fille au coeur brisée (Norah Jones, mouais) passe ses nuits à discuter avec un bellâtre tenancier de snack (Jude) tout en dégustant des tartes à la myrtille, prétexte à de fulgurantes digressions psychologique sur l'amour et la vie. Au bout de trois plans et demi le film est mort, enfin dès qu'apparaît le personnage de Jude Law, dont on comprend en deux secondes qu'il est certes derrière le zinc, mais qu'il aurait évidemment dû être écrivain, ou quelque chose comme ça. Ils s'embrassent un soir, puis la fille part faire un tour des Etats-Unis : Route 66, Las Vegas, Memphis, etc. Du cliché à la pelle (à tarte). Elle bosse dans des bars, elle écrit souvent à Jude resté à New York et raconte la vie des personnages des courts-métrages qu'elle traverse. Puisque la majeure partie du film se déroule dans des bars, les personnages ne se gênent pas pour faire de la philosophie de comptoir, niveau Forrest Gump, la vie c'est comme une partie de poker, ce genre de choses. Les dialogues, de toute façon, semblent être une compil' du courrier du coeur de Jeune & Jolie. My Blueberry nights est un film complètement tarte, où l'on se prend souvent à ricaner devant les pathétiques clips et les conversations mièvres qui s'accumulent. Norah Jones hésite sur son menu : frite ou purée ? Ben, c'est double ration de patates pour tout le monde. Disons que le festival commence demain, avec l'un des films les plus attendus, Zodiac, qui promet monts et merveille - patates et purée.

Jean-Philippe Tessé



Libé (l'édition papier du journal dit que l'article est de séguret...)

Citation:
Compétition officielle. En ouverture du Festival, «My Blueberry Nights» de Wong Kar-wai mêle journal intime et chronique amoureuse.
Une Amérique détournée
Par Gérard LEFORT
QUOTIDIEN : jeudi 17 mai 2007
My Blueberry Nights, de Wong Kar-wai, avec Norah Jones, Jude Law, Rachel Weisz, Nathalie Portman. 1 h 51.
0 réaction
Toute l'histoire de My Blueberry Nights est celle d'un baiser entre Lizzie et Jeremy, qui commence après vingt minutes de film et s'achève avec lui. Dans l'intervalle s'enchâsse une vaste parenthèse dans le temps (un an) et dans l'espace (américain), qui permet à l'héroïne Lizzie de comprendre que ses peines de coeur sont évanouies, que l'amour l'attend toujours à New York, que le baiser de Jeremy était le bon.
Il lui fallait simplement ce vaste détour pour en arriver là : en passer par la longue route américaine, de la côte est à Memphis puis Las Vegas, amasser quelques dollars et une modeste voiture et faire la connaissance profitable de trois ou quatre personnes remarquables.
Univers protéiforme. Difficile de dire exactement si tout ce temps qu'elle a passé pour revenir au point de départ est un temps gagné ou un temps perdu. C'est en tout cas le temps nécessaire au personnage, à l'histoire, et finalement au film. On pourrait presque ajouter que c'est le temps nécessaire à l'interprète de Lizzie pour devenir actrice : Norah Jones, chanteuse et musicienne de grand renom, apparaît ici pour la première fois à l'écran et, après quelques ajustements, ne cesse, comme son personnage, de s'épaissir, de progresser et de s'approfondir. La remarque est d'ailleurs valable pour l'ensemble du casting, dont on craint au départ qu'il ait été un peu trop subtilement cogité et un peu trop proprement distribué.
En fait, l'un après l'autre, Jude Law, David Strathairn, Rachel Weisz, la merveilleuse Chan Marshall (mieux connue sous son nom de scène de Cat Power) et une incroyable Nathalie Portman en réincarnation de Lana Turner viennent s'ajuster dans le sobre dispositif du film avec un naturel, parfois une vérité, incontestable. A la photographie, un Darius Khondji en majesté trouve la formule esthétique adaptée à l'univers décidément protéiforme de Wong, cinéaste de moins en moins chinois et de plus en plus citoyen du monde (deux images, au moins, donnent au film ses climax formels : un plan sur une voiture accidentée dont le pare-brise feuilleté s'est brisé et le fameux baiser en deux épisodes).
Tarte aux myrtilles. «Cette caméra, c'est un peu mon journal intime», explique Jeremy (Jude Law), tandis qu'il rafistole la caméra de surveillance de son petit restaurant. La réplique sonne comme une perche que Wong Kar-wai se serait tendue à lui-même pour mieux s'expliquer les motivations réelles de ce qu'on appelle déjà «le premier film américain» de sa curieuse carrière. A sa suite, on pourrait ajouter que Blueberry Nights est le journal intime d'un cinéaste en terre d'Amérique ou que sa très intime caméra tient la chronique amoureuse d'un couple mais aussi d'un pays.
Dans la mesure où, du début jusqu'à sa fin, Blueberry Nights file sans faillir une longue métaphore autour de la tarte aux myrtilles, il ne faut pas exclure non plus que Wong Kar-wai ait voulu, très malicieusement, faire ici son American Pie à lui, sa tarte maison, sa spécialité : le dessert du chef.
La grande simplicité du film, comparée aux insaisissables éthers de 2046, aux écheveaux identitaires de Chungking Express ou aux frénétiques bouillons de Together Alone, incite en tout cas à relativiser l'ambition de Wong : My Blueberry Nights ressemble fort à une petite gourmandise sans grandes conséquences. C'est un film léger, basses calories, extrêmement fluide et digeste, qui ne casse peut-être pas la baraque sur le plan du grand art mais tient aussi parfaitement la route qu'il avale que le cap qu'il s'est fixé.
On connaissait les nuits talismanique ou transfigurée, les nuits fauves ou même porte-jarretelles : voici les nuits myrtilles de Wong Kar-wai, sans doute pas le meilleur opus du cinéaste, mais un film émouvant, amical, et qui convient tout de même bien mieux à ce jour d'ouverture cannoise que les précédentes catastrophes apéritives (Fanfan la Tulipe, Da Vinci Code...) dernièrement présentées.

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Dernière édition par Zad le 19 Mai 2007, 13:41, édité 4 fois.

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MessagePosté: 17 Mai 2007, 14:32 
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Cannes, c'est bel et bien parti. Et en fanfare s'il-vous-plait avec le très attendu My Blueberry Nights de Wong Kar-Waï, l'histoire d'amour forcément contrariée entre un jeune garçon de café et une jeune femme new-yorkaise. Mélangé à la tarte à la myrtille et à la glace à la vanille, le premier baiser du Festival sera sans doute le plus beau et le plus doux... Rien de nouveau derrière la caméra de WKW, diront les grincheux mais une vraie sensation de liberté, un plaisir palpable de filmer la passion et le sentiment amoureux. Jude Law est au-delà du craquant, Norah Jones convaincante pour son premier rôle... Et la musique de Cat Power à tomber...

FDC


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MessagePosté: 17 Mai 2007, 20:30 
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bon, j'ai décidé de boycotter le blog cannois de libé, qui pour l'instant est juste navrant : http://cine.blogs.liberation.fr/cannes2007/

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MessagePosté: 18 Mai 2007, 13:19 
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MessagePosté: 18 Mai 2007, 15:40 
Zad a écrit:
bon, j'ai décidé de boycotter le blog cannois de libé, qui pour l'instant est juste navrant : http://cine.blogs.liberation.fr/cannes2007/

Qu'y-a-til de navrant? (jai pas eu le temps de tout lire, hein, mais explique un peu pourquoi, si tu veux bien ....)


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MessagePosté: 18 Mai 2007, 15:46 
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d'une : il ne parle pas de cinéma (ou si peu).
de deux, il dit des choses de ce calibre :
Citation:
derrière moi: Gong Li et son escorte. Ça le fait… Moi, je suis assise dans ce qui s’appelle«le carré cinéma». Les places réservées, mais sans les noms, aux producteurs et distributeurs du cinéma français, rassemblés dans ce qui ressemble à une photo de famille. Tout le monde est là. Même Dominique Besnehard, sans Ségolène.


Voilà, y'a un côté "moi j'y suis et pas vous" à base de name-dropping et de pauvres mises en situations, façon "Entre deux rendez-vous, en attendant l'ascenseur"...

Sans intérêt.

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MessagePosté: 18 Mai 2007, 15:50 
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alors c'est encore plus la misère que je le pensais...

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MessagePosté: 18 Mai 2007, 15:52 
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Léo a écrit:
Ne te plains pas, tu es trop jeune pour avoir connu les critiques de Michèle Halberstadt.


lol

Citation:
Si mes souvenirs sont bons, elle joue dans le "King Lear" de Godard.


tu dis ça pour que j'aie pitié d'elle...

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MessagePosté: 22 Mai 2007, 14:09 
Et donc Import/Export se fait taper un peu partout. Espérons que le jury fasse un contre-pied.


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MessagePosté: 22 Mai 2007, 14:10 
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La presse étrangère est moins conne... quatre étoiles pour Screen International.


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MessagePosté: 28 Mai 2007, 08:48 
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un peu tardivement, je découvre que le blog de l'excellent hebdo Politis a couvert Cannes de façon mesurée, sans la pose namedroppante de Libé, sans la prose alambiquée des Cahiers, sans le spétages de plomb téléramesques, sans la fadeur publicitaire de la plupart des autres et sans l'espèce de supériorité feinte de Chronic'art.

une couverture posée, modeste et agréable à lire, qui commence ici (ce sont les messages numérotés) : http://www.pour-politis.org/?debut_list ... tion_liste

(même si tout ne me convainc pas, ce qui est dit de Tarantino, par ex)

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16 Mai 2015, 14:35

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