Forum de FilmDeCulte

Je suppose que le sujet n'est plus d'actualité mais dans le cas contraire, il y a deux bons contre-emplois musicaux dans Kingsman :
- la fin du monde sur 'Give It Up'
- la fin des comploteurs sur 'Pomp and Circumstance', une marche qu'on associe à une célébration institutionnelle.

_________________
Tennis de Table Bordeaux

Et un peu lynyrd skynyrd dans la chapelle.

j'ai trouvé que la virtuosité et l'énergie du solo de Free Bird exprimait exactement la même chose que les images (ce que j'ai bien aimé). Pour moi, ce n'est pas un contre emploi.

_________________
Tennis de Table Bordeaux

La Sarabande de Haendel dans le faux documentaire de "Redacted" de de Palma et d'un certain côté aussi dans Barry Lyndon (comme toute les musiques de Barry Lyndon).
(pour Folamour, "We'll meet again" n'est pas tellement en contradiction avec l'image quand on écoute les paroles, c'est une chanson assez sombre sur la guerre et le Blitz qui transfère le discours de Churchill sur "je n'ai rien d'autre à vous promettre que la Sueur le Sang et les Larmes" dans le langage privé, et Vera Lynn n'a pas d'heure précise pour le rendez-vous qu’elle promet, le décalage est déjà dans la chanson).


En fait la fidélité exacte d'une musique au ton du film peut provoquer un effet de décalage parfois plus percutant que le fait d'utiliser la musique pour apporter une contradiction ironique (par exemple la jolie chanson de Michel Jonasz dans Betty de Chabrol)

La chanson est une promesse de se revoir bientôt, un jour ensoleillé, et de joie des retrouvailles. Elle est diamétralement opposée à la scène qu'elle illustre. C'était tout l'intérêt du choix de Kubrick.


Elle me semble aller dans le sens des scènes qu'elle accompagne. Je n'ai jamais senti de contre emploi.

_________________
Tennis de Table Bordeaux

Ben il y a quand-même une ironie dans le fait que Haendel était quand-même le compositeur "officiel" de la noblesse anglaise, que le film contient de la musique faite par Fréderic II, alors que l'arrivisme de Barry Lyndon n'arrive pas à accéder à la noblesse..

Il ne s'agit pas de la sarabande écrite par Haendel mais de plusieurs versions modernes créées pour le film afin de mieux coller aux différents duels et aux différents états d'esprits de Ryan O'Neal. Le fil rouge du thème de la sarabande souligne sans doute le côté inéluctable du fall and rise du héros, ou la dimension tragique de son destin. Je ne vois pas où serait le contre-emploi. D'ailleurs, toute la BO, pas seulement la Sarabande, colle de près aux états d'esprit du personnage.

_________________
Tennis de Table Bordeaux

La musique peut coller aux états d'esprits des personnages et être en même temps à contre-emploi justement. C'est le cas de la Sarabande dans Redacted. J'ai lu une interview où un journaliste français demande à de Palma s'il l'a choisie en hommage à Barry Lyndon et il répond "pas du tout, mais la durée , le rythme, et l’impression de dénouement retardé mais inévitable m'intéressaient". C'est donc purement illustratif et "fonctionnel'. Pourtant la musique reste à contre-emploi; en dépit cette adéquation, elle reste une faute de goût dans le faux documentaire français, qui pose de bonnes questions (la voix off y répond elle-même, en disant qu'il leur est de toute manière impossible d'être compris des Irakiens et de leur communiquer les règles d'engagement qui dégage leur responsabilité en cas de bavure), mais sous une forme esthétisant, criarde et psychologisante qui les neutralise et donne à l'engagement des soldats un pathos artificiel. Soit on la tient pour un contre-emploi et elle exprime l'état d'esprit des personnage sans appartenir à l'univers du film. Soit on la considère comme à sa place, mais alors, comme dans Barry Lyndon, cette musique intervient dans une scène qui montre ce que les soldats essayent d'affronter leur échec, à travers le calcul du risque qu'ils ont eux-mêmes établis, qui est mauvais, en retard sur les évènements, et déjoué deux fois ; à la fois par la structure à laquelle ils appartiennent et ce à quoi cette structure les oppose. Il y a un décalage entre la pompe de cette musique et ce ratage annoncé qui est l'objet du film. Cette musique exprime le point de vue du personnage, mais en le justifiant et le ridiculisant simultanément.

En fait j'ai l’impression que dans le cinéma, il ne peut y avoir de vrai contre-emploi, parce que (pour utiliser des termes peut-être inadéquats) tout symbole "signifiant" est forcément lié à un fait "signifié", (mais l'inverse n'est pas vrai), or la musique est toujours liée au symbole (sauf dans des films comme les "Idoles" de Marc'O).

Quoiqu'il en soit, les exemples doivent être rares quand on voit le peu d'exemples qui ont été proposés dans ce topic.


Ce n'est pas le cas dans Barry Lyndon

_________________
Tennis de Table Bordeaux

La ritournelle de Grieg chantonnée par Peter Lore dans M ? (Orange Mécanique doit beaucoup à ce film de Lang)

D'un certain côté les musique dans the Big Sky
https://www.youtube.com/watch?v=qt6VXDbotvg
(la musique est joyeuse mais il s'agît d'un film en fait assez dur, et au début de la scène , il y a les noirs maintenus dehors qui on peur d'être embrouillés dès lors qu'ils sont vus en train de danser)

(en fait il y a tout un film construit à partir de cette contradiction)

Le plus rare est au contraire l'adéquation de la musique et de l'image (je pensais aussi à la musique de Brahms dans "Que la Bête Meurt" de Chabrol, au début on pense à un décalage, mais la musique livre la vérité sur le personnage de Yanne et annonce la mort du fils de Duchaussoy )




(la démarche de pantin de Bulle Ogier à la fin est copiée sur celle de l'actrice des Marguerites de Chytilová dans la scène du concert)