Il s'agit d'une compilation de 3 courts-métrages français et d'un moyen métrage américain (
Sept ans de malheur son film le plus connu).
Je ne connaissais Linder que de noms n'ayant jamais vu ses films. Un peu comme Harold Lloyd ou Fatty Arbuckle il a toujours été dans l'ombre des grands du burlesque alors que paradoxalement il a été un des pionniers et on dit même que Chaplin s'est inspiré de lui pour créer son personnage de Charlot (ce qui me paraît tout de même assez étonnant puisque les deux sont totalement opposés).
En effet Linder joue un dandy très élégant et presque pédant à qui il arrive toute sorte d'aventure. Le premier court est assez cocasse puisque Max va chez Pathé (Charles Pathé y joue son propre rôle) avec une lettre de recommandation pour tourner un film. L'aspect presque méta m'a pas mal amusé, d'autant que le tournage qui suit semble concrétiser la naissance direct du burlesque puisque Linder sabotage la scène et commence à se battre avec un des acteurs et les deux se mettent à rouler sur le sol sans s'arrêter. C'est d'ailleurs ce qui est le plus remarquable dans les trois premiers courts où une certaine absurdité dans l'humour est plutôt rafraîchissante et se démarque un peu de ce que l'on considère comme du pure burlesque. Que ce soit cette roulade ininterrompue ou Linder qui grimpe sur les murs avec une baignoire sur son dos, l'humour repose sur quelque chose d'intangible et échappe aux sirènes du gag qui pourtant imposera son règne dans les quelques 20 années à venir. Même si le reste du temps on est dans du burlesque
traditionnel à base de chaise pas à leur place donc on s'assoit par terre et autre joyeusetés.
Le moyen métrage américain est plus posé, perd un peu en rythme et en folie et m'a semblé très inégal. On y retrouve la fameuse scène du miroir (le miroir est cassé mais le mec derrière prétend être le reflet), il y a des gags réguliers (mais beaucoup moins physique que chez d'autres ou même que les courts), ça raconte une amourette qui ne se passe pas comme prévu. C'est drôle aussi à quel point il y a un aspect déjà
commercial dans ce cinéma là avec pas mal de plans d'animaux mignons (notamment à la fin une troupe de chiots trop choupinous) et même un moment sexy où Linder ayant la main plein de colle il arrache la robe de l'actrice en face de lui (on voit presque rien, une épaule tout au plus, mais la scène est vraiment tournée comme un moment un peu coquin). Mais vraiment j'ai pas accroché plus que ça. Ca ne dure que 40 minutes et pourtant tu les sens passer, c'est même un peu chiant à vrai dire.
Bref c'est à voir par curiosité mais je dois dire que je suis un peu déçu, je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus remarquable alors qu'au final ça reste quand même assez sage et trop peu inventif pour vraiment marquer les esprits. Sa relative disparition de la mémoire populaire burlesque s'explique d'autant mieux, pour moi Chaplin ou Laurel & Hardy sont juste à un niveau totalement différent que ce soit simplement au niveau de l'humour et même plus profondément au niveau du cinéma.
3/6
Sinon j'apprends sur sa page wiki que Linder s'est suicidé à 41 ans après avoir assassiné sa femme de 19 ans. Fin pas trop burlesque pour le coup...