un article intéressant :
tiré de :
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L’interdiction du port d’armes a réduit les violences, c’est prouvé
Chiffres en mains, les criminologues de l’Université de Lausanne (UNIL) mettent notamment en évidence une baisse des lésions à l’arme blanche depuis l’introduction de la nouvelle loi fédérale sur les armes, il y a huit ans.
LAURENT GUIRAUD | TROMPEUR Les lésions corporelles dues à des actes de violence sont certes en augmentation, mais la part attribuée à l’utilisation des armes blanches s’est considérablement réduite depuis 1999, année de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les armes.
Les impressions à la lecture des faits divers sont parfois trompeuses. Non, les couteaux ne jaillissent ni ne piquent toujours plus souvent dans les bagarres et altercations. Chiffres en main, ce serait même le contraire à en croire l’étude publiée dans le dernier Crimiscope de l’Ecole des sciences criminelles (ESC) de l’UNIL et cosignée par le professeur Martin Killias, «volé» l’an dernier à Lausanne par l’Université de Zurich.
Baisse brutale
Les chercheurs se sont basés sur les données de la statistique policière fédérale et les sondages de victimisation, autrement dit sur les chiffres noirs, ceux établis, et les chiffres gris, ceux ressentis, de la délinquance. Ils constatent que les lésions corporelles, d’une manière générale, sont certes en augmentation depuis de nombreuses années en Suisse. Mais ils observent surtout que celles provoquées par des armes blanches ont diminué de manière sensible. Elles sont brutalement passées de 12,6% des blessures à 6,2% entre 1999 et 2000. Le phénomène est tout aussi marqué en ce qui concerne les armes à feu. Et cette tendance se maintient.
C’est, aux yeux des criminologues, l’une des conséquences bénéfiques de l’interdiction du port d’armes dans les lieux publics, instaurée par la nouvelle loi fédérale en vigueur depuis le 1er janvier 1999. Une manifestation de l’effet préventif de la législation accompagnée par une activité de police intensive.
Surpris lui-même par l’ampleur de ces résultats, le professeur Killias précise que les armes blanches prises en compte ne sont pas seulement celles tombant strictement sous le coup de la loi (lire ci-contre). «Il s’agit de tout objet pointu ou coupant, du couteau à cran d’arrêt au canif, en passant par le cutter ou le poinçon. On ne peut donc déduire que le constat serait biaisé par une définition restrictive qui ignorerait un éventuel transfert de l’usage d’armes désormais clairement prohibées vers des ustensiles qui ne le sont pas.»
Les auteurs de l’étude ont bien sûr tenté de savoir si cette diminution relative ne résultait pas simplement de l’augmentation du nombre des actes de violence dénoncés par une population de plus en plus sensible. Ils répondent par la négative. «Si c’était le cas, la chute aurait été progressive, alors qu’elle a été subite après 1999. Des résultats similaires ont été obtenus aux Etats-Unis à travers une campagne policière de confiscation systématique d’armes dans les lieux publics.»
A noter toutefois que l’évolution positive est nettement moins marquée pour ce qui est des cas de brigandage. «Ce n’est pas étonnant, dans la mesure où, pour ces actes généralement planifiés, l’arme est considérée ici par l’auteur comme nécessaire.»
Interdits par la loi
La loi fédérale sur le port des armes concerne à peu près tous les objets conçus pour occasionner des blessures volontaires: armes à feu bien sûr, poignards et couteaux dont le mécanisme d’ouverture peut être actionné d’une seule main, mais aussi coups de poing américains, matraques simples ou à ressort, étoiles à lancer, couteaux à lancer, bâtons, frondes de forte puissance, appareils produisant des électrochocs et sprays portant atteinte à la santé. Sont aussi interdits les silencieux et les dispositifs de visée laser ou nocturne. L’infraction est désormais considérée comme un délit, donc inscrite au casier judiciaire.
L’entrée en vigueur de ces interdictions a certes entraîné une forte augmentation des condamnations, mais les chercheurs mettent cela sur le compte du renforcement des contrôles. G.-M. B.