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Le tueur Hanada appartient à une sorte d'organisation secrète dont il est le numéro 3. A la suite d'une mission durant laquelle il a éliminé les numéros 2 et 4, il échoue à la suivante, ce qui le conduit à être la cible du numéro 1 de l'organisation qu'Hanada va alors tenter de tuer le premier pour prendre sa place.
Ce film est complètement dingue et Suzuki s'y permet toutes les audaces de style possibles : pluie dessinée au crayon avec bruitages derrière, ellipses narratives aux moments les plus innatendus, plans d'ensemble ou seul le centre est un peu éclairci, gunfights filmés en doom-like avant l'heure...
Joe Shishido, James Dean japonais aux joues énormes, campe une sorte de James Bond sniffeur de riz ( ? ) et obsedé sexuel perdu dans un univers surréaliste ou les raisons de chacun sont incompréhensibles. Le scénario n'a quasiment aucune importance tant le film apparait surtout comme un brillant exercice de style progressant plus par l'image et ce qu'elle véhicule que par une logique narrative habituelle. Ainsi, la femme dont Hanada amoureux, rencontrée un soir de pluie, et représentée durant la moitié du film avec les cheveux trempés, même au milieu d'un appartement en plein jour.
Etonamment l'ironie évidente du film et la distance prise par le réalisateur, pas plus que la difficulté à suivre l'histoire, ne nuisent beaucoup à l'émotion de certains passages, particulièrement grâce à la performance de Joe Shishido que le physique particulier inscrit parfaitement dans cet univers décalé, cousin japonais de Bunuel et film majeur des années 60.

Fascinant.

5.5/6

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Point blank de Boorman est mieux, moins foutraque, les pseudo-expérimentations y sont mieux intégrées à un style cohérent.

et en plus Angie Dickinson est bien plus sexy que les bridées du film de Suzuki.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

Nijal : à tes ordres

Skip : en quoi le style Suzukien est-il incohérent ?

j'ai le souvenir d'un film avec pas mal d'esbrouffe, une torsion de la narration qui ne faisait pas grand sens, des plans qui n'ont d'autre fonction que d'intriguer le spectateur. un peu comme le Godard Bande à part, mais qui se prendrait plus au sérieux.

sinon ne généralise pas ma remarque à Suzuki. l'autre film que j'ai vu de lui était beaucoup plus simple et linéaire. La vengeance d'un tatoué je crois, quelque chose comme ça.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

La vie d'un tatoué, qui est effectivement beaucoup plus classique en dehors de sa fin. Disons que ce que tu reproches à la marque du tueur pourrait se reprocher à plusieurs autres Suzuki.

La parenté avec Godard que tu soulignes me semble en effet là. Par contre je ne crois pas que Suzuki se prenne au sérieux tellement certains passages sont volontairement grand-guignolesques ( le face-à-face entre Hanada et numéro 1, le riz, le papillon... ). C'est justement ces plans surréalistes et ces bizarreries narratives qui apportent le recul nécessaire au film, à tout moment on s'attend à ce que Hanada nous dise " ce n'est que du cinéma ", ce que font pratiquement les personnages dans un autre Suzuki d'ailleurs.

Et il en faut du sérieux pour montrer un mec bander rien qu'à l'odeur du riz entrain de cuir, ou montrer 2 tueurs menottés contraints d'aller pisser ensemble.