Alors, un petit résumé.
Le principal problème de l'école est de n'avoir aucune ligne pédagogique, aucune vue d'ensemble. C'est une belle machine administrative, qui fonctionne, aux rouages bien huilés (une soixantaine de courts-métrages produits chaque année), mais qui favorise l'individualisme, le corporatisme, et le conformisme (toute prise de risque, que devrait encourager l'école, est sans arrêt inhibée... après faut apprendre à se battre pour imposer ses idées, et c'est là aussi où on retrouve le côté "petit con bourgeois et péteux" des fémisards). On pourra dire : de quoi vous plaignez-vous? Vous faites des films, sans vous faire chier à trouver de la thune, vous êtes relativement libres. Ouais mais justement, on est dans une école, pas dans une boîte de production, et qui dit école de cinéma dit pensée du cinéma, confrontation avec des cinéastes, avec une pédagogie du cinéma, et pas une pédagogie de cahiers des charges et de plannings. Il faut savoir que la Femis est la 2ème école publique à coûter le plus cher à l'Etat : 10M € par an. C'est juste énorme. Et toute cette thune devrait être au service de gens du cinéma qui ont envie de faire bouger les choses, de transmettre leur vision de cet art, de favoriser la création, l'ouverture, alors qu'actuellement les gens qui dirigent la Femis sont des politiciens qui ne pensent qu'à leur carrière ou des planqués qui ont trouvé un job très bien payé et qui ne veulent absolument pas que les choses changent. Nous sommes au service d'une vitrine, celle d'une école élitiste et morte.
Les quatre principes fondamentaux de ces "états généraux de la femis" sont plus ou moins : - ouverture vers l'extérieur : ouvrir la Femis, son matériel, ses salles, à des productions externes, des cinéastes, des jeunes qui galèrent pour monter leur projet / faire de la Femis une plateforme de création, encourager le dialogue entre les étudiants qui se croient dans un cocon surprotégé et les faire collaborer à des projets extérieurs / pourquoi pas créer un festival de court-métrage dans l'école, etc. etc. Ca passe aussi par une meilleure visibilité de l'école, avec par exemple la création d'un vrai site internet, avec mise en ligne des travaux des étudiants, leurs contacts, etc. - transversalité : casser le corporatisme qui existe au sein de l'école entre les promotions et les départements, descendre les réalisateurs de leur piédestal, favoriser les initiatives personnelles et les projets où l'on peut s'éloigner le temps d'un film de son département - avoir une vraie pédagogie, un objectif clair à l'école (les deux directeurs de la Femis sont des politiciens/bureaucrates, l'idée serait de les remplacer par des cinéastes ou professionnels du cinéma), avec des intervenants qui viendraient avec des envies de cinéma, et non pas, comme c'est le cas actuellement, pour s'inscrire dans un cahier des charges - le 4ème est plus accessoire, c'est la réappropriation des locaux par les étudiants (assouplir la lourdeur administrative, obtention d'autorisation de présences et d'accès au matériel plus simples)
Pour s'assurer du suivi de ces principes directeurs (pour chaque point, une vingtaine de revendications et d'idées ont été mises sur papier), nous avons créer une sorte de syndicat, le "comité des étudiants", qui devra participer aux réunions pédagogiques, aux comités d'études, aux réunions avec le conseil d'administration, afin que les étudiants aient eux aussi leur mot à dire sur l'école, son fonctionnement, sa pédagogie.
On est je crois tous d'accord que les films Femis puent, qu'aucun (ou presque) cinéaste important (voire même intéressant) en est sorti depuis 20 ans, alors on peut tout reporter sur les étudiants, mais y a aussi un moment où il faut se poser la question de la structure qui semble tout fondre dans un même moule. Nous proposons une refonte complète des études, avec par exemple la création de cartes blanches à des cinéastes qui viendraient 2 semaines, 2 mois, 3 mois, créer un exercice avec les étudiants, lequel aboutirait à un film.
Nous avons organisé des réunions avec le personnel de l'école qui nous soutient majoritairement et nous rejoint sur plusieurs points : l'absence de ligne directrice claire, l'impression de faire leur travail chacun dans son coin, le mieux qu'il peut, mais sans l'énergie et la communication qui permettent d'en comprendre véritablement l'intérêt. Du coup, la semaine passée qui était un boycott des cours par les 4 promotions réunies, va s'étendre la semaine prochaine à une banalisation du travail du personnel afin que nous puissions discuter avec eux et élaborer ensemble ce que devrait être l'école.
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