Je pensais boucler ma rétro Von Stroheim beaucoup plus rapidement. Un bémol sur l'ensemble de l’œuvre, une overdose de carton qui nuit à la fluidité des films. Pour ceux qui veulent approfondir, je recommande un excellent blog
http://allenjohn.over-blog.com/La Loi des montagnes ou
Maris aveugles (1919)
L'un des deux seuls films non mutilés. Inventivité de la mise en scène, jeu naturaliste des acteurs, lutte du vice et de la vertu, tout ce qui caractérise Stroheim est déjà là. Je trouve la fin un poil trop morale, mais c'est un détail.
4.5/6Folies de femmes (1922)
Film qui faisait initialement plus de 5 heures, la version visible est nécessairement très éloignée de l'original. Il y a bien des points positifs (tout ce qui tourne autour du trio d'escrocs Stroheim/Maud George/Mae Busch), mais aussi des longueurs, de vraies baisses de rythme, défauts que l'on ne saurait imputer à Stroheim. Fin géniale, à la fois morale et ignoble.
4/6Les Chevaux de bois (1923)
Stroheim s'est rapidement fait virer en cours de tournage, on voit encore ça et là sa patte, mais le film a été globalement massacré par Rupert Julian.
1/6Les Rapaces (1924)
Très difficile de se faire un avis définitif avec la "meilleure" version maintenant disponible qui tient plus de la pièce de musée que du réel film. 4 heures dont plus d'une heure d'accumulation de photogrammes ce qui casse totalement le rythme. Il y a bien bien quelques séquences qui n'ont pas été mutilées (toute la partie dans la Vallée de la mort évidemment), mais c'est bien peu au regard de tout ce qui a disparu. J'avoue également ne pas être un grand fan de Gibson Gowland, les films de Stroheim ne me semble jamais aussi bon que quand c'est lui qui endosse le premier rôle.
4.5/6 (et probablement 5-6/6 pour le film que l'on ne peut plus voir)
La Veuve joyeuse (1925)
J'en avais gardé 2/3 images fortes (le banquier descendant les marches avec ses béquilles, l’assassinat final) qui m'ont fait le surestimer. Stroheim n'aimait pas le film parce qu'on l'avait obligé à tourner avec des stars, et bien que John Gilbert et Roy d'Arcy soient très bons, le film est effectivement plombé par une Mae Murray atroce. Il y a ça et là de très belles scènes, mais l'ensemble n'est pas totalement convaincant.
4/6La Symphonie nuptiale (1928)
Le 2ème film non mutilé et le plus beau de ce que l'on peut voir de Stroheim maintenant. Il portait une énorme attention au montage, et pour se rendre compte de sa maîtrise (et de tout ce qu'il manque dans les films qui ont été remontés) il suffit de voir la longue séquence de la première rencontre entre Stroheim et Fay Wray. Stroheim arrive à jongler miraculeusement entre des scènes de débauches dantesques et une idylle d'un romantisme flamboyant, le seul défaut est la fin trop abrupte et peu satisfaisante... parce que ce film n'était que la première partie d'un diptyque, dont il ne reste malheureusement aucune copie de la 2ème (
The Honeymoon). Sorti alors que le parlant faisait ses débuts La Symphonie nuptiale a été un four. La production bâcle alors le montage de la 2ème partie, que Langlois reproposera à Stroheim de monter dans les années 50. Il refuse et cette copie qui était la seule connue a brûlée.
5/6Queen Kelly (1932)
Celui-ci est carrément inachevé. Ce que l'on peut voir est totalement bancal, puisque la première partie prend une place exagérément grande (les 3/4 des 1h40 qui ont pu être reconstituées) par rapport à ce qu'elle aurait du avoir. Quelques scènes marquantes (la reine fouettant Kelly, le mariage/enterrement à Dar-Es-Salaam), mais ça ne fait pas un film. Le scénario est du Von Stroheim pur jus, perversion de la vertu qui finira par triompher du vice. Swanson, qui est certes bien que meilleur que Mae Murray, n'a pas l'air à sa place chez Stroheim. Je lui préfère largement les trouvailles Mae Busch, Zasu Pitts ou Fay Wray.
4/6