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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 23 Mai 2022, 10:01 
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Viens de voir que Christophe, aka skip mccoy, filmsnonutc, grand amateur de Risi, vient de sortir son livre sur les Mac-Mahoniens.


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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 23 Mai 2022, 10:22 
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Impression que la fortune critique de Dino Risi chez les macmahoniens est liée à la vacherie balancée sur Antonioni et le "truc à la mode" de l'aliénation

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 26 Mai 2022, 13:25 
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C'est bien, l'humour passe encore l'épreuve des années, c'est fendard, rappelant Gotlib et Fluide Glacial, en plus sociologique et politique certes.
Les interviews de Risi, Scarpelli, Scola et Gassman par Jean Gili dans le DVD (qui datent de 1999, le temps passe vite) sont très intéressantes, Gassman insistant sur l'importance de la distance entre la caméra et les personnages chez Scola ("toujours juste malgré sa nonchalance") qui produit le juste équilibre entre satire et une fibre plus humaniste (même le recadrage final sur la chaise roulante a lieu à bonne distance, le personnage du boxeur conserve une intimité, à na pas violer, qui correspond exactement au peu de raison qui lui reste). Tous insistent aussi sur le fait que la comédie italienne est une forme de rejeton involontaire (et, un peu dégradé, sinon par le contenu, au moins dans la hiérarchie idéale des genres) du néo-réalisme, plutôt lié aux conditions de production (et peut-être une résignation politique, une forme d'impuissance subsistant malgré tout dans la croissance économique) qu'à un choix conscient.
J'ai mis un certain temps à réaliser que Gassman et/ou Tognazzi étaient de tous les sketches.
On voit aussi des films ultérieurs qui s'amorcent notamment le travestissement dans le sketch sur les prix littéraires, non pas chez Ugo Tognazzi mais Vittorio Gassman (à vrai dire ce n'est pas un travestissement car le personnage est une femme. Le thème est d'ailleurs présent de manière subtile dans le Fanfaron avec le commentaire de Gassman sur le domestique de l'oncle, un dévoilement des apparences sur lequel personne ne rebondit ni ne cherche à rebondir - une vérité qui s'épuise)/
Frappant de voir que les sketch déroulent deux fils parallèles : une critique de la corruption politique et du pouvoir chez les puissants (la Journée du Parlementaire), et une dérision plus culturelle, plus centrée sur les désirs et comportements auprès du peuple. Les représentations de la bourgeoisie comme de la mafia, à la fois plus rares et centrales (ce sont les plus longs sketches), se placent exactement à mi-chemin entre ceux deux aspects, leur permettant de se croiser.
Le sktech court et brillant, sur ce que l'on n'appelait pas encore le cinéma rétro est visionnaire.

Comme dans le Fanfaron (Riz Ortoloni), la musique (ici d'Armando Trovajoli) à cheval entre la variété et le jazz est intéressante. Il y a aussi quelque-chose de l'époque qui est dit dans l'élégance tendue et épurée des cartons et leur police de caractères, qui annoncent les sketches, réunissant bizarrement la farce sociologique à une sorte de méta-texte abstrait, le soucis du design renforçant la prétention du film à atteindre l'objectivité.

Je crois que le placerais au-dessus du Fanfaron

Mon préféré est le sketch de la rupture avec la maîtresse "pour le bien de tout le monde"(plan séquence avec une prouesse de Gassman d'ailleurs) :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 12 Sep 2022, 13:40 
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bmntmp a écrit:
Viens de voir que Christophe, aka skip mccoy, filmsnonutc, grand amateur de Risi, vient de sortir son livre sur les Mac-Mahoniens.



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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 12 Sep 2022, 14:17 
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Bizarre, j'étais persuadé de l'avoir rencontré lors d'un GRF, mais apparemment ce n'est pas lui... Ce qui veut dire que Skip McCoy n'est pas celui que j'ai toujours cru !

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 12 Sep 2022, 14:33 
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Je vais être honnête je l'imaginais beaucoup plus vieux :mrgreen:.

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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 12 Sep 2022, 14:38 
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Cosmo a écrit:
Bizarre, j'étais persuadé de l'avoir rencontré lors d'un GRF, mais apparemment ce n'est pas lui... Ce qui veut dire que Skip McCoy n'est pas celui que j'ai toujours cru !

Tu confonds avec shabby?

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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 12 Sep 2022, 14:39 
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Ah marrant, il a une tête de français des années 60.


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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 26 Avr 2023, 16:38 
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Oui une Vie Difficile j'ai eu du mal à entrer aussi. Peut-être qu'Alberto Sordi et Léa Massari sont un peu trop à contre-emploi.
Et surtout il y a une faiblesse dans le point de vue, Risi ne semble pas savoir s'il reproche au personnage principal son opportunisme politique et le cynisme qu'il suppose, ou bien au contraire une forme d'absence existentielle radicale, vierge et irréellement désintéressée. C'est certes tout le propos du film, et cette ambivalence se retrouve finalement souvent chez Dino Risi (dans le Fanfaron elle est répartie entre Gassman et Trintignant, d'où peut-être la cohérence du film, mais on la perçoit aussi et surtour dans des films mineurs comme le Prophète).
C'est bien mais reste en dessous de la Grande Pagaille de Comencini, où la comedie s'interrompt brutalement quand le drame oedipien apparaît dans sa brutalité, plus déterminant que la guerre elle-même, donnant aussi le courage de la faire (la critique du fascisme et celle du père sont certes confondues par Comencini, comme souvent dans le cinéma italien, quand Dino Risi essaye peut-être méritoirement de les séparer, mais peut-être au détriment du film lui-même).

Le film est aussi affaibli par le fait que la couleur politique de Sordi n'est jamais nommée (il est de gauche certes, mais de quelle gauche ? C'est toute la question
Beau sens du cadre ceci dit, le début avec la lutte des partisans dans la région de Côme est bien filmé.

Nous nous somme tant aimé de Scola pompe quelque peu le film.

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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 09 Nov 2023, 15:33 
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Au Nom du Peuple Italien (1970)

Vraiment pas mal. L'humour du film repose avant tout sur les dialogues d'Age et Scarpelli, géniaux et accessibles tout en étant sophistiqués. On est dans une sorte de screwball politique.
Quel écart avec l'aspect terne et banalement misanthrope d'Audiard ou Gégauff, le film évite aussi l'écueil de la misgogynie que l'on trouverait chez Chabrol : le personnage de la jeune fille sacrifiée existe vraiment, elle se montre touchante et intelligente, malgré la bétise de ses proches qui la bouffe, mais ce n'est révélé qu'au prix de sa mort.

L'intrigue policière est en même temps prise au sérieux, elle vaut au premier degré : c'est un bon film d'enquête, mine de rien clinique, mons grandiloquent mais plus crédible que la nuit du 12 (où la morte était à la fois un symbole social pour le public et un mcguffin narratif pour les personnages) par exemple .

Le film se montre également très pédagogique lorsqu'il décrit le système mafieux de Santenocito (sans que ce mot ne soit jamais prononcé, cependant on fait allusion à son origine sicilienne, source de mépris et de jalousie non dits à Rome, quidde ce fait lui conférent un pouvoir implicite et irrationnel ) , en faisant un lien assez visionnaire entre l'illégalisme et le clientélisme d'une part et la problématique de la pollution de l'autre. Plus le consortium d'industries dirigés par Santenocito occupe l'espace naturel pour le broyer, plus celui-ci est reconnu et protégé. Cette pollution devient la condition silencieuse de l'accroissement du capital du promoteur immobilier et un facteur de son intégration personnelle dans l'économie officielle.

Le personnage d'Ugo Toganzzi est aussi très bien cerné, un juge philo-communiste qui se voudrait intègre, implacable et modeste, mais qui n'est pas à la hauteur de ses idées, de la langue de sa critique. Et sans s'en apercevoir il devient ainsi lui-même un homme de pouvoir, craint plutôt que justifié.

Toutefois, si la rupture de ton au milieu du film est audacieuse, elle atténue peut-être le sens du film, en faisant primer une vérité morale (la réversibilité du mal, à la fois radical et commun car il se confond avec l'intérêt et l'ambition, le fait que la corruption politique fonctionne comme soit un rôle qui circule d'une personne à l'autre) sur le propos plus politique du début, assez proche de Pasolini, pointant la brutalité, et le conformisme cynique du businessman, comme une forme de survie du fascisme. Ce renversement de point de vue finit par absorber et annuler de l'intérieur le film lui-même, dont on ressort avec une impression d'amère absurdité, neutre et angoissée, plutôt que de colère : la fragilité et l'humanité du personnage de Vittorio Gassman deviennent à leur tour une figure de l'innommable rivale à la conscience de l'abjection morale.

Mais le film est à la hauteur de sa réputation, meilleur que Viol en première Page de Bellochio sur un thème proche.

5/6

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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 09 Nov 2023, 20:58 
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Merci à la fiche du film sur le site de la Cinematheque française qui le spoile dès la première phrase, en commettant un contresens complet sur le sens du personnage féminin
qui n'est en rien une toxicomane, même si elle choisit ce biais pour se supprimer

C'est également un sacré raccourci de caractériser le personnage de Gassman "d'industriel d'extrême droite" (surtout que le dernier plan fonctionne dans l'autre sens : le juge peut lui attribuer l'idéologie qu'il décèle chez tout le monde car il n'a pas réellement d'identité.
Pas si loin de Strelnikov dans Docteur Jivago tiens).

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 Sujet du message: Re: Dino Risi
MessagePosté: 02 Jan 2024, 19:23 
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Inscription: 02 Jan 2024, 18:55
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Bonjour,
Nouvellement inscrit, a la vue du nom " Dino Risi", mon regard s'est éclairé : LE Dino Risi, le "vrai" ??...Mon dieu
Celui du Fanfaron ?

Cette course éperdue, ou les " heros" sont multiples : de Gassman a Trintignant, en passant par Lily...Meme si c'est la voiture qui est finalement le "personnage central" de ce chef d'oeuvre, qui préfigurait de ...Pas mal de choses en cette année 60 : l'avenir, en cette période dorée, se dessinait déja bien sombre, et derrière le rire de facade, la mélancolie et la mort guettent a chaque instant, frappant quand on s'y attends pas.
Épicurien invétéré, Gassman s'arrete chez un étudiant pour le moins introverti ( Trintignant) en ce 15 Aout, afin de téléphoner...
Presque de force après s'etre parlés a peine deux mn, il l'emméne dans sa " Lancia Aurelia", et petit a petit au gré des rencontres, le " brave étudiant" commence a voir la vie sous un autre angle.

On est ici dans la tragi-comédie pure, avec en filigrane presque permanent une critique acerbe de la socièté.... On ne s'y ennuie jamais, ce film file a vitesse Grand V, aussi vite que le bolide que conduit l'infernal Bruno ( V.Gassman) qui ne cesse de dire au "timide jeune homme" : "regarde pas les aiguilles du compteur, elles retardent !"...

On sait déja, au fil du film qui vont en etre les perdants.... quasiment tous en fait : de ceux et celles sans avenir, et qui se contentent de " profiter tant qu'il est encore temps", et les autres, attirés par un shéma de réussite sociale..totalement dépassé car cette Italie la, celle du Baby Boom, ne pense qu'a s'amuser, et a ne produire que des chansons et de l'amour..

Un immense chef d'oeuvre,qu'ont peu voir et revoir...en y découvrant toujours quelque chose qui nous avait échappé la premiere fois....
L'un des plus brillant témoignage d'une époque mythique : celle ou le cinéma Italien dominait le monde...


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