fort longtemps que je l'attendais lui, et je n'ai pas été déçu de l'opportunité. c'était au mac mahon, où je n'étais pas allé depuis sa ré-ouverture. et donc c'est super, très belle rénovation, ils jouent le folklore à fond les ballons et je suis naturellement client, et la salle elle-même est très belle, toujours une vibe de home cinéma de grand luxe mais je prends naturellement. ils se spécialisent dans les rétro de patrimoine français, une fois gabin une fois ventura une fois delon et là c'est le tour de bb. le public était pittoresque aussi, pas les mêmes qu'au quartier latin : c'était des boomers surfriqués du 17ème arrondissement, dans le hall un médecin à la retraite dissertait des mérites comparés de bb et de marylin, avant de dire qu'il avait vu brigitte à la télévision il y a 15 ans et que physiquement elle était ravagée, et sa femme de mollement arguer qu'on ne pouvait pas lui reprocher d'être la seule à se laisser vieillir naturellement... je me suis régalé.
quant au film lui-même...
disons que c'était après l'époque "trois choses importent dans un film : une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire". et c'était avant l'ère des notes d'intention.
alors niveau histoire, on est au niveau d'une intrigue mid-season de premiers baisers : une jolie jeune fille se fait courtiser par le vieux riche de la ville, mais elle en pince pour un beau jeune homme, lequel travaille dans le bout de port que sa famille possède, lequel port va se faire racheter par le vieux riche alors que le beau jeune homme quitte la ville et du coup la jeune fille se marie avec le frère du jeune homme puis finalement celui-là revient. on est sur des petits marivaudages de faible envergure, vraiment un minuscule roman à l'eau de rose.
et tout ça n'est pas compensé par une intellectualisation de quoi que ce soit : ceux qui espéraient voir une puissante dissertation sur l'inné et l'acquis avec les bateaux comme bouleversante métaphore de l'éducation contemporaine en seront pour leurs frais. ça ne raconte strictement rien d'autre que sa minuscule intrigue, et ça le fait sans aucun état d'âme.
un truc aussi léger pour un film aussi célèbre, c'est assez surprenant.
mais je lis que les critiques de la nouvelle vague aimaient le film, et effectivement il y a une approche du cinéma qui consiste plus à valoriser ce qu'on capte et la vie qu'on créé devant la caméra. et c'est là que le film envoie du lourd, effectivement.
la vie qu'il créé devant la caméra c'est évidemment le beauté et la pittoresque de l'époque, avec ces couleurs agressives et super belles, saint-tropez qui ressemble à un décors de cinéma et bien évidemment bb. un film qui créé une telle star et une telle iconique c'est forcément fort, et le fait est qu'elle est iconique et extraordinaire, une bombe de cinéma, avec sa silhouette invraisemblable tous seins dehors, sa danse, sa nudité, sa beauté, cette personnalité, ce charisme... vraiment extraordinaire d'avoir quelqu'un comme ça devant sa caméra et il la filme parfaitement, la laisse exploser, juste incroyable.
et ce qu'il capte c'est bien la raison pour laquelle le film a eu un tel impact : un témoignage juste extraordinaire des moeurs de l'époque, ou plutôt la confrontation des moeurs de l'époque et à ce titre l'impact qu'a eu le film est aussi important que le film lui-même. c'est donc la vieille france, conservatrice, aux valeurs religieuses et familiales, l'importance accordée à la vertu des jeunes femmes, le travail sacralisé... qui se confronte aux aspirations de libertés individuelles et sexuelles, à l'envie de 'profiter' du confort naissant. elle est une bombe lâchée dans cette ville et dans cette famille, comme bb était une bombe lâchée dans le cinéma et la société. et je me suis souvenue des anecdotes sur bb qui se faisait agresser et insulter dans la rue parce que c'était une putain, etc, plus ou moins comme dans le film. c'est vraiment extraordinaire de voir comme cette histoire de rien du tout et ce film de pas grand chose capte tout ça, comme le voir aujourd'hui est un témoignage fascinant sur l'évolution des moeurs et de la culture en france et en occident en un temps si réduit (avec le statut des femmes qui change du tout au tout par tranches de 20 ans, c'est fou fou fou).
alors personne ne pourra sérieusement dire que c'est un chef d'oeuvre de quoi que ce soit parce que dans le fond c'est vraiment que dalle, avec une dose de trucs franchement nuls dedans (des scènes totalement ratées ou un peu ridicules ou vraiment digne de jean-luc azoulay). mais il y a les très beaux plans, la vibe iconiquement française du truc, bardot qui est totalement mythique et tout ce que le film révèle et incarne, et c'est super intéressant parce que au final c'est effectivement un film important mais sur des critères assez différents de ceux qui prévalent pour juger les films aujourd'hui, ou qui font accéder au statut de 'grand classique' habituellement.
(l'auto-remake par vadim aux états-unis en 88 avec... rebecca de mornay c'est le wtf total)