Après avoir accidentellement tué quelqu'un lors d'une bagarre avec des élèves d'un autre lycée, Park Sung-bin sort de sept ans de prison...Ce bref synopsis laisse penser que
Die Bad, premier long métrage du réalisateur de
Battleship Island, va dérouler à partir de ce point de départ un récit classique de rédemption ou de vengeance ou de (tentative de) réhabilitation mais la structure se fait en réalité atypique, divisée en quatre segments (
Rumble,
Nightmare,
Modern Man et
Die Bad) présentant chacun un style différent et ne se focalisant pas nécessairement sur un même protagoniste.
En réalité, le film est la compilation de quatre courts métrages réalisés entre 1996 et 1999 partageant un fil narratif autour du personnage de Park Sung-bin, ce qui explique cette disparité.
Rumble montre la bagarre dans une salle de billard entre deux groupes d'ados, genre
teen movie qui tourne à la bastion violente.
Nightmare s'apparente davantage à un drame sur le retour à la société de Seung-bin, sa tentative de trouver un boulot et pose la question de savoir si la violence était ponctuelle ou ancrée en lui.
Modern Man suit un des autres ados du début, devenu flic, ainsi que le gangster du coin qui a été aidé et a recruté Seung-bin à la fin du précédent, le montage alternant entre des interviews de ces deux personnages et leur baston dans un parking. Et
Die Bad est une longue conclusion en N&B où Seung-bin recrute à son tour le jeune frère de son ancien pote devenu flic.
Le concept, sans qu'on aille jusqu'à le qualifier d'expérimental, n'est pas inintéressant mais le résultat n'est pas franchement concluant.
La fougue de la jeunesse, derrière la caméra (Ryoo avait 23 ans quand il a réalisé
Rumble) comme devant (petites frappes énervées qui lâchent un 씨발; par phrase) justifie l'approche esthétique de cette introduction, tout en plans débullés, angles outranciers, ralentis, mais on est quand même à la limite de l'amateurisme. Avant de connaître la nature du projet, j'ai pensé
"on dirait un court métrage amateur". Bingo.
Nightmare est plus soigné, plus classique et plus sobre, ne laissant revenir les effets de style que lorsque la violence refait son apparition, comme si la mise en scène ostentatoire venait vriller le film réaliste de la même manière que la violence revient perturber la vie de Seung-bin.
Modern Man n'a pas grand sens. C'est vraiment la partie la plus incongrue, inutile et hors sujet. Un concept de court métrage quoi,
"et si on montait en parallèle une baston entre un flic et un bandit et des interviews de chacun d'eux sur leur métier?".
Die Bad retrouve l'ambition narrative de
Nightmare, décrivant une spirale infernale, un cercle vicieux où l'Histoire de répète, où une certaine jeunesse coréenne semble condamnée à la violence, et noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Mais la structure disjointe du film a malheureusement entamée l'adhésion à cette intrigue qui, bien que classique, aurait sans doute gagnée à être racontée de façon plus conventionnelle et linéaire, avec le destin parallèle des deux jeunes, de façon à la hisser en tragédie lyrique.
En l'état, il y a une énergie indéniable lors des scènes de tatanne, plus vénères et violentes que divertissantes, et une envie de raconter quelque chose, mais c'est pas encore mûr.