Forum de FilmDeCulte

Si je ne m'abuse, cela fait plus de 15 ans que ce projet tourne à Hollywood, étirant sur tout un film un simple chapitre du roman de Bram Stoker. Mais peut-être l'auteur avait-il eu raison de se limiter ainsi, pour éviter les incohérences que le film accumule.

Après le moyen The Autopsy of Jane Doe et le pas terrible Scary Stories, Øvredal se spécialise décidément dans le film d'horreur médiocre. L'exposition se fait relativement engageante, notamment dans la caractérisation de ce protagoniste de médecin noir érudit et ses répliques, et laisse croire qu'il est justifié de passer autant de temps avant le premier meurtre pour croquer l'équipage mais le film restera creux comme la mort. Il s'avère assez rapidement que le scénario n'exploitera aucunement le potentiel dramaturgique des associations possibles entre les personnages, préférant se limiter aux antagonismes convenus et réduire les matelots à de simples victimes en attente d'un vulgaire slasher avec Dracula en guise de tueur.

Dès le carton d'introduction, je me suis interrogé sur le bien-fondé de balancer l'info d'emblée mais peut-être vaut-il mieux ne pas jouer sur un mystère éventé pour la plupart des spectateurs. Par contre, il aurait mieux fallu éviter les inutiles entorses au point de vue, montrant la créature sortir de sa caisse, surtout si c'est pour la filmer aussi mal. Déjà que je trouve l'aspect "créature" de Dracula (et des vampires en général) comme ce qu'il y a de moins intéressant dans cette figure mais alors ici, non seulement il n'y a rien d'original dans le design, il n'y a rien d'iconique dans sa mise en scène. Et aucune tension non plus dans les scènes de nuit.

Et plus le film avance, plus tu te dis que les personnages ne sont pas très malins... Il apparaît assez vite que la créature ne sort que la nuit, qu'elle se cache dans la cale le jour, probablement dans une des caisses, PEUT-ÊTRE MÊME CES CAISSES MARQUÉES DU SCEAU D'UN DRAGON QUI ONT CAUSÉ UN DES MATELOTS À DÉMISSIONNER SANS ÉQUIVOQUE AU DÉBUT DU FILM mais alors même qu'on les voit, un jour, fouiller le navire et ne pas trouver le monstre (franchement, je sais pas comment c'est possible mais soit), ils ne décident pas de, par exemple, je sais pas, JETER les caisses à l'eau. Et quand ils décident enfin, après plusieurs morts et alors que la côte anglaise approche, de couler le bateau pour fuir en canot, plutôt que de le faire de jour et en cramant le bateau, ils choisissent de le faire de nuit avec UNE (1) hache uniquement.

Allez, vous méritez de crever, bande de bouffons.

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Son Troll Hunter était vraiment frais. Zéro curiosité pour celui-là.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

J'ai trouvé ce film particulièrement mauvais sur le plan de l'écriture. Vraiment cons d'américains que les deux scénaristes qui ont pondu cette bouse.

Et comment c'est produit chez Universal/Dreamworks et correctement réalisé par le talentueux Øvredal, mystère entier des goûts et des tuyaux là.

Ca commence péteux littéraire - inspiré du journal de bord du Demeter, une partie du chapitre 7 du roman de Bram Stoker, ça se dégonfle complètement sur ce plan - parce que plus rien du texte original n'est respecté en terme de chronologie des événements ou de personnages mentionnés nommément ou non. Mais comme c'est dans le domaine public ça mange pas de pain hein.

On est dans une version décérébrée du wokisme là, introduire ce perso de médecin noir diplômé de Cambridge c'est tellement stupide dans la marine marchande britannique qui sort à peine du commerce triangulaire. Eh ouais le racisme est systémique dans la traite négrière, c'est une situation politico-économique, inventer ce personnage c'est oublier les conditions qui produisent ce racisme, et donc nier d'une certaine façon l'existence séculaire du commerce triangulaire. Historiquement une telle situation n'aurait été - difficilement - envisageable qu'après la première guerre mondiale, soit au moins une vingtaine d'années plus tard.

Et les gitans les préviennent pourtant - les serviteurs zélés de Dracula dans le roman, ici plus du tout respect des rroms oblige. Par contre avec les roumains et les russes on peut se permettre de caractériser à fond les brutes épaisses bas du front, cool. Sauf si c'est une femme, bien sûr.

Dracula n'y est qu'un gros monstre qui fait peur, ce qui provoque un terrible effet entonnoir qui amène le film vers un survival tout plat, avec vraiment le minimum en terme de mythologie, et pied de nez final en mode série Z rien à foutre de rien, en particulier de la situation de cette histoire dans le roman dont on prétend s'inspirer.

Limite je parlerais d'un mépris pour la culture populaire qui sourd de ce film. La figure de Dracula a fait l'objet de toutes les outrances possibles au cinéma, mais il y a ici un côté cul entre deux chaises particulièrement déplaisant - la référence littéraire très mise en avant, le sérieux de pape du survival, ce wokisme à la truelle, la nullité du traitement de tout ça.

Dommage pour Øvredal dont le Troll Hunter était sympa et dont j'avais apprécié The Autopsy of Jane Doe (The Jane Doe Identity en VF improbable) comme film d'horreur à l'écriture autrement fine en ce qu'elle suspendait longuement la question du basculement vers le fantastique.

Le projet me chauffait depuis qu'il avait commencé à tourner à Hollywood il y a dix-quinze ans, avant d'entrer dans un development hell dont il ne devait sortir qu'en 2023. J'adore le roman, et la puissance d'évocation de ce chapitre, déjà plutôt cool dans les quelques secondes qui lui sont consacrées dans le Coppola, avait tout pour me séduire. Mais j'avais été douché par les premiers avis.

Retour de hype oblige, j'ai été plutôt agréablement surpris, du moins dans la première moitié. Malgré les dérives woke et ennuyeuses que pointe Cyniquotron, le film sait se faire sérieux et incarné. Y a de l'ambiance, un mood, on est dedans.

Le choix de design de ce Dracula très Nosferatesque m'a plu également, même si je regrette forcément l'abus de CGI qui gâche tout. Ils ont casté un géant filiforme pour le jouer mais à quoi bon si c'est pour que sur 4 plans sur 5 il soit digital et moisi ? C'est con car il y a quelques plans qui tapent bien.
Concernant les persos, Film Freak a sans doute raison mais j'ai pas été trop gêné par leur comportement. A vrai dire j'ai été davantage pris dans mes pronos sur qui allait vivre et mourir, m'attendant à
Bref, pas la folie mais loin d'être le nanar annoncé, aucune énorme faute à mes yeux.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste