[Info modo : premiers tops Danny Boyle faits en 2005 dans ce topic]A l’occasion de la sortie de son nouveau, je viens de me faire, sur une semaine, une rétro Boyle, comme j’avais vu la plupart de ses films y a longtemps, certains vus qu’une fois ou même pas vus, histoire de me refaire un avis sur tout ça.
Shallow Grave (Petits meurtres entre amis, 1994)Y a un côté très « premier long » et le film a subi le passage du temps, mais il tient encore pas trop mal la route. On retrouve d’emblée une thématique que Boyle développera davantage lorsqu’il troquera John Hodge (scénariste de ses 4 premiers) pour Alex Garland : la déshumanisation de ses personnages qui passe ici par l’appât du gain et les moyens pour y parvenir. On remarque également le principal défaut récurrent des œuvres de Boyle à mon goût : le 3e acte qui part en couille. Ici, y a un aspect « court métrage étiré » qui apparaît dès lors que le personnage d’Eccleston pète un câble tant le dernier tiers ne sait réellement que faire pour boucler son intrigue alors le récit va de soi de manière assez logique puis finit assez vite sans que la transformation du protagoniste ait été assez impliquante à l’écran. Restent un très bon Ewan McGregor et un cynisme assez réjouissant pour ce genre de sujet généralement moralisateur. Cf. le tout dernier plan. 3/6
Trainspotting (1996)Lui aussi il a vieilli. A l’époque, c’était le « film culte » (comme on le dit un peu trop communément pour mille et un petits films qui dénotent un peu) avec la BO culte qui va avec, aujourd’hui je sais pas trop. Le côté socialoterne de la photo a plus sa place ici que dans le précédent (photo plate) et Boyle fait également preuve de davantage d’inspiration visuelle (l’excellente scène sur « Perfect Day » de Lou Reed, le délire des « Worst Toilet in Scotland ») mais je trouve l’intrigue parfois décousue (échec partiel de l’adaptation de ce qui s’apparente presque à une colelction de nouvelles tant les points de vue sont déconnectés les uns des autres), surtout…dans le 3e acte. Restent un très bon Ewan McGregor et un cynisme assez réjouissant pour ce genre de sujet généralement moralisateur. Cf. le tout dernier plan. 4/6
A Life Less Ordinary (Une vie moins ordinaire, 1997)Déjà à l’époque, j’avais moyennement aimé. La revision a été pénible putain. Derrière son look (le Paradis comme un commissariat, les fringues et coiffures de Diaz et McGregor, toutes ces couleurs, le générique de fin en pâte à modeler), sensé coller au plus près de son pitch loufoque, le film paraît incroyablement fade. Avec des ralentis de post-prod SUPER LAIDS. Il est vraiment temps de virer Brian Tufano (chef op des 3 premiers Boyle donc). Et puis surtout, c’est pas drôle putain. C’est incroyable comme celui-ci fait mille fois plus « premier long » que son premier long. C’est vraiment du film d’ado. C’est cruellement 1997 comme film (jme comprends). Espèce de comédie ‘90s qui se veut décalée et qui reste misérablement basique et niaise. Restent un très bon Ewan McGregor et quelques fulgurances. 2/6
The Beach (La Plage, 2000)Je dois être un des rares à pas détester le film. Déjà, Darius Khondji à la photo c’est tout de suite autre chose. Même si y a quelques effets de style pourraves (le plan avec Ledoyen et les étoiles là). Et puis même si Hodge est toujours là, il adapte Garland. Alors peut-être l’adapte-t-il mal (pas lu le livre) mais l’essence est quand même là et Garland est plus intéressant que Hodge. Ses deux scénarios pour Boyle sont là pour le prouver. Cependant, ce film c’est peut-être, avec Sunshine, le plus représentatif du syndrome « 3e acte mal torché ». Comme pour Shallow Grave, je trouve le basculement de DiCaprio trop rapide. Un instant c’est le paradis, la seconde d’après ça y est c’est l’enfer. Alors j’aime bien le trip Hearts of Darkness (Apocalypse Now cité dans le film par des extraits dans un ciné d’ailleurs) et l’univers tout ça mais ça aurait pu être plus fort. J’aurai bien aimé voir le même film avec Ewan McGregor et un Boyle plus cynique. 3/6
28 Days Later… (28 jours plus tard…, 2002)Vu une seule fois à l’époque et redécouvert avec un grand plaisir. De la trilogie garlandienne « perte de l’humanité », c’est probablement le meilleur, celui qui gère le mieux la manière dont le héros sombre du côté obscur. On peut apprécier aussi le fait que Boyle, passé de la photo angloloachienne de Tufano à l’exotisme léché d’un Khondji, ait été chercher Anthony Dod Mantle, chef op de plusieurs films Dogma, pour filmer en DV la fin du monde. J’aime bien aussi que ce soit pas vraiment un film d’horreur mais plutôt un drame de personnages inscrit dans un genre qui est le film de zombie. A ce niveau, c’est peut-être le meilleur hériter des Romero ce film-là, niveau fond. Et Cillian Murphy devient donc son nouveau Ewan McGregor. 5/6
Millions (2004)Celui-là je l’avais pas vu et ohlala. C’est l’auteur cynique de Shallow Grave et Trainspotting qui a fait ça ? Le mec dont les derniers films, c’est des gens qui s’entretuent ? Un film à l’image de son héros, infantile, neuneu et prêchi-prêcha. Au départ, y a un côté ludique dans la mise en scène (la maison qui se construit toute seule) et le scénar (les gamins qui découvrent le pacson, ce qu’ils en font) mais très vite, c’est juste relou, super mal structuré et le propos final « l’argent ne fait pas le bonheur » exposé de manière super niaise. Pffffooo. Son pire film. 2/6
Sunshine (2007)Ce film et moi, c'est une drôle d'histoire. Par un certain concours de circonstances, il se trouve que j'ai vu le film 3 fois en salle alors que j'en étais aps vraiment fan et même une 4e fois en DVD. La cinquième vision, mise dans le contexte de la rétro et même pas deux après les 4 autres, s'est fait plus satisfaisante. Je trouve toujours au film les mêmes défauts (personnages un peu trop limités à des archétypes, inévitable partage en couille du 3e acte qui transforme 2001 en sous-Alien avec effets de style visuels assez dégueus) mais j'ai davantage apprécié cette fois-ci tout ce que j'y admirais déjà auparavant (un genre trop rare et pas trop mal exploité, un visuel juste à tomber, des thèmes intéressants - merci Garland encore une fois). Je comprends davantage ce que tout le monde lui trouve là où je le trouvais surestimé jusqu'à présent. Ca doit être l'habitude, au bout de la 5e vision, les défauts font partie du décor, tu les vois presque plus. 4,5/6
Slumdog Millionaire (2008)Film qui doit son efficacité indéniable à un calibrage tout de même assez visible et à la mode dont le succès surfe davantage sur la fameuse crise que sur ses qualités artistiques. C'est du feel-good movie pas honteux tant qu'on ne s'indigne pas inutilement de son côté peut-être "démago" diront certains mais c'est loin d'être ce que Boyle a fait de plus intéressant même si on retrouve le thème récurrent de la thune. Le film vieillit très mal cependant, un peu un syndrome Boyle ça aussi. 3/6
127 Hours (127 Heures, 2010)Une certaine efficacité dans les séquences claustrophobes ou épidermiques et un onirisme pas inintéressant pour les scènes de vision, même si l'ensemble paraît un peu clippesque dans l'esthétique et la narration, avec des effets de style superflus. 4/6
Trance (2013)Danny Boyle retrouve John Hodge et ses amours premières, avec un thriller articulé autour d'un trio de personnages qui n'est pas sans rappeler Petits meurtres entre amis, traitant - un peu superficiellement - de thèmes (la cupidité, la violence des rapports) ou d'archétypes (le jeune héros un peu foufou un peu naïf) chers au cinéaste. Malheureusement, il retrouve aussi l'un de ses principaux défauts, cette tendance à partir en vrille dans le troisième acte. Ca reste globalement assez ludique pour un sous-Inception. 4/6
Moyenne : 3.45/6
Top :
1. 28 Days Later...
2. Sunshine
3. Trance
4. Trainspotting
5. 127 heures
6. Slumdog Millionaire
7. The Beach
8. Shallow Grave
9. A Life Less Ordinary
10. Millions