bim.
christian clavier x dider bourdon.
les cinéphiles les plus pointus et les plus optimistes attendaient le
heat de la comédie française, et les plus réalistes voyaient venir
la loi et l’ordre.
au final, on est évidemment plus proches de
la loi et l'ordre. les deux ne sont quand même pas dans toute leur splendeur. bourdon ressemble à clavier depuis 10 ans, ce qui semble logique vu qu’il a l’air d’accepter tous les scénarios refusés par clavier : il est franchement énorme, il ne joue quasiment plus, il fait vraiment le minimum syndical en permanence. on apprécie quand même la construction du boudon-verse, dont la caractéristique est de la maquer avec des meufs 3624 fois plus bonnes que lui et de faire comme si de rien n'était (on n'ira pas plus loin que
garde partagée pour ça, mais là sylvie testud et didier bourdon côte à côte en mode papa et maman, dans ma tête y a tout qui tourne) ça ne l’empêchera pas d’avoir 2 jolis succès dans l’année, avec celui incroyable de
chasse gardée et celui qui semble bien parti pour celui là. quant à clavier, on ne peut être qu’admiratif devant sa longévité et son pouvoir (lui et balasko sont désormais les seuls du splendid toujours sur la a list), mais le fait est que son incapacité totale à sortir de sa zone de confort (autant dans le choix de ses collaborateurs que juste pouvoir faire un film de moins de 10 millions de budget…) l’empêche hélas de dépasser un certain cap.
et puis il y a l’état général de la comédie française. des années de domination de comédies-téléfilms surfinancés ont crée un formatage extrême, une forme assommante (et on est ici en plein dedans, cinémascope absurde avec une photo toute plate de pub luxueuse, plans péperes (tout le film semble avoir été tourné juste après la pause déjeuner quand l’équipe est molle et lutte contre la sieste en pleine digestion))… il y a aussi des difficultés à trouver le bon ton dans notre époque qui oscille entre radicalité et susceptibilité, puis le quasi abandon de fédérer de larges publics au profit de juste s’adresser à sa cible et basta.
ici, on est en plein dans la difficulté de trouver le bon ton. le fait est que si le pitch est donc adapté d’un tweet qui voulait caricaturer le clavier movie, ça reste un sujet un peu délicat. la notion que la nationalité est liée à l’adn, ça ne met pas forcément tout le monde à l’aise pour des raisons évidentes, et le fait est que je ne vois pas trop d’angle pour traiter ça intelligemment autre que celui de maiwen dans
adn. le film n’ose pas foutre les pieds dans le plat comme de chauveron, et donc l’angle le plus safe est privilegié : ça se passe dans une galaxie parallèle où la découverte d’ancêtres allemands, portugais et anglais provoque tensions, troubles existentiels et blagues « racistes ». le film justifie laborieusement ça en amont (bourdon vend des peugeot et déteste les voitures allemandes……..) mais enfin, ça n’a aucun sens, ça n’appuie sur aucun bouton dans la société ou dans le cerveau, c’est totalement à côté de la plaque. et c’est vraiment l’équivalent de faire un film pour fustiger l’intégrisme religieux en France 2024 en s’attaquant au catholicisme, quoi. si tu ne supportes pas la chaleur, sors de la cuisine mon garçon.
ce souci fondamental passerait s’il était compensé par une imagination narrative débordante. hélas, il ne sait absolument pas quoi faire du concept, à un stade qui est bizarre dans l’absolu mais pour un mec qui est principalement scénariste, c’est du grand délire. donc les 45 premières minutes sont un repas de présentation des deux couples de beaux parents, avec leurs enfants qui décident de leur offrir en surprise leur test adn. la ref au
prénom est évidente, mais ça fait surtout penser à
un chalet à gstaad, la dernière pièce de josiana balasko : une postulat maigre qui avance à 2 à l’heure et qu’on étire laborieusement (ils ouvrent les enveloppes à 25 minutes…), des rares blagues absolument pas drôles, des comiques bourgeois fatigués. Et les 45 minutes suivantes sont les « conséquences » de la révélation – la femme de clavier devient amie avec sa gouvernante portugaise en signe d’acceptation de ses origines (???), clavier défonce un buffalo grill pour se venger du massacre de ses ancêtres indiens (…), didier bourdon va chez un vendeur de voitures et se surprend à kiffer l’odeur des voitures allemandes (!!!). chaud chaud chaud. vraiment un scénariste au désespoir qui pond ça en une petite semaine, absolument insensé qu’ils n’aient pas rameuté du monde pour nourrir un peu tout ça, un malheureux workshop d’une après midi avec 5 satkhonovistes de la vanne aurait donné des résultats plus probants que ça. l'ère des "ta gueule !" est enfin passée, mais on se coltine les incontournables des comédies 20s, avec les surnoms à la fin des phrases, genre bourdon se fait appeler boris becker mdr, et un petit monologue furieux où on en met plus la gueule à quelqu'un en le remettant à sa place.
mais, mais, mais…
la rencontre au sommet de nos septuagénaires multi-millionaires et approchant le double quintal préférés vaut surtout parce que clavier n’a pas été aussi bon depuis…
momo. Il est vif, présent, il se donne. il a même un peu maigri. c’est un festival de mimiques de christian clavier, il est bien filmé, il y a des reaction shots en mode clavier-porn, les quelques têtes blanches dans la salle n’ont pas lâché un rire de toute la séance et moi j’éclatais régulièrement vraiment en mode laughing out loud juste avec la tête de christian au second plan. le l’ai pas vu aussi vif depuis longtemps et je me dis que cette petite concurrence entre les deux n’y est pas pour rien, il n’est jamais aussi bon que stimulé par quelqu’un à son niveau (depardieu… !) et comme il s’entoure de gens pas oufs ou qui ont peur de lui ces derniers temps ça l’endort.
mais j'en garde la conclusion qu'il a toujours un truc en lui et que le jour où les étoiles s'aligneront avec le bon scénario de bonne comédie, avec un réalisateur à qui il fait confiance et le brusque un peu, face à des gens qui le stimulent - il pourra encore nous faire une prestation aussi légendaire qu'à la grande époque.