mardi 24 octobre 2006, 23h27 Deuxième round musclé entre les trois présidentiables PS
PARIS (Reuters) - Loin de la courtoisie et du consensus qui s'étaient dégagés lors de leur premier "côte à côte" télévisé, les échanges des présidentiables socialistes sur les questions de société se sont tendus mardi.
Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn se sont opposés frontalement à plusieurs mesures prônées par Ségolène Royal qui n'a rien lâché, défendant à nouveau ses propositions de créer des "jurys de citoyens" ou d'assouplir la carte scolaire.
La présidente de Poitou-Charentes semble en revanche avoir adouci sa proposition d'encadrer militairement les primo-délinquants, évoquant cette fois des "camps humanitaires dans un pays pauvre encadrés par l'armée" ainsi que le "développement de toutes les alternatives à la prison" pour les jeunes.
Prévue pour durer 1h30, cette nouvelle "confrontation comparative", retransmises sur les deux chaînes parlementaires, LCI et, pour la première fois, France Culture, s'est étalée sur près de deux heures.
En milieu de soirée, le ton est redescendu, les trois postulants s'accordant sur le passage vers une République parlementaire, les questions de laïcité ou l'importance d'investissements massifs dans l'éducation.
Même si les règles de ce vrai-faux débat face aux caméras ne permettaient pas aux postulants de s'interpeller, tous ont haussé la voix et joué les lignes, utilisant leurs prises de parole pour dérouler leurs argumentaires au grand dam des deux journalistes chargés de faire respecter les temps de parole.
"J'ai l'impression que notre débat est en train de partir sur des bases un petit peu bizarres", a ironisé Laurent Fabius après plusieurs passes d'armes indirectes avec la favorite des sondages. "Il n'y a pas d'un côté ceux qui sont pour telle ou telle proposition extrêmement discutable et les autres qui ne connaissent rien à rien, qui vivent en dehors du monde", s'est-il élevé, s'excusant parfois d'être "un peu véhément".
"NON TOUT NE VA PAS BIEN"
"Je ne crois pas que vouloir rétablir l'ordre, même juste, c'est suffisant", a attaqué Dominique Strauss-Kahn, critiquant l'un des chevaux de bataille de Ségolène Royal, "l'ordre juste". L'ordre "ne peut pas à soi seul être un projet politique. La gauche doit être porteuse d'autre chose. (...) La gauche c'est protéger et avancer", a-t-il martelé.
"Les Français ont envie de savoir au nom de quelles valeurs leur candidat ou leur candidate va non seulement s'exprimer mais va aussi décider et va ensuite tenir sa parole, et sans valeur on ne tient pas sa parole", a répliqué Ségolène Royal. "Après il y a une série mesures techniques sur lesquelles je suis prête à répondre mais un chef d'Etat ou une chef d'Etat affirme d'abord devant le pays les valeurs au nom desquelles il agit".
Sur les "jurys de citoyens" que Ségolène Royal souhaite créer pour évaluer l'action des élus, Laurent Fabius a répondu que les socialistes ne devaient pas "épouser une espèce de populisme qui serait extrêmement dangereux et qui ferait le lit de l'extrême droite".
"Si nous nous engageons dans cette voie qui oppose tout le monde à tout le monde, nous verrons sous nos yeux la France se défaire", a averti Dominique Strauss-Kahn.
Ces jurys sont une des réponses à la crise politique et morale que traverse la France, a répliqué Ségolène Royal, élevant la voix et proposant même d'ouvrir le conseil des ministres au public.
"Si l'on pense que tout va bien et qu'il faut continuer comme ça et bien continuons ! Mais moi je pense que tout ne va pas bien (...) Non tout ne va pas bien !", a insisté la présidente de Poitou-Charentes, qui avait troqué son habituelle veste blanche pour une veste gris chiné.
Supprimer la carte scolaire ? Le projet présidentiel du PS "dit exactement le contraire", a déclaré Laurent Fabius. "Le problème ce n'est pas de renoncer à la carte scolaire mais de se donner les moyens d'avoir la mixité sociale et pour ça il faut que les parent aient envie de laisser leurs enfants dans ces écoles là", a estimé Dominique Strauss-Kahn.
"Ce n'est pas en donnant un peu plus de libertés aux familles que nous allons gêner le développement scolaire", leur a assuré Ségolène Royal, rappelant ses trois ans passés au ministère de l'Enseignement scolaire.
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