On prend Dark Souls et on refait le même jeu dans un univers différent ? Que nenni... Certes l'héritage des Souls est palpable tout au long de la progression : les feux de camp sont remplacés par des lanternes, les âmes sont remplacées par des "échos du sang", les anneaux sont remplacés par des runes, etc. A première vue on est en droit de penser que c'est un simple ravalement de façade, que c'est la même came avec juste deux trois ajouts. Et bien non !
Chez From Software, ils ont une manière bien à eux de raconter les histoires. Et si dans les Dark Souls le "scénario" me semblait être là juste pour habiller une pure expérience de gameplay, il en va tout autrement pour Bloodborne. C'est toujours aussi cryptique, il faut creuser et creuser pour savoir de quoi il en retourne réellement, mais les thématiques sont tellement appuyées qu'on finit par se dire "ok je veux en savoir plus". Je n'ai pas été jusqu'à lire la THÈSE de 90 pages qui circule sur le web, mais force est de constater que la mythologie de Bloodborne est aussi abyssale que cohérente. En terme de background, le jeu se pose là. Un peu comme si c'était l'adaptation d'un bouquin (coucou The witcher 3).
J'ai acheté le jeu à sa sortie pour aussitôt le lâcher. Non pas que ça ne m'intéressait pas, mais c'est vrai qu'à l'époque y'avait tout un tas de bugs et de chargements longuets qui gâchaient l'expérience... Et puis je me disais bêtement que j'allais pas reperdre du temps sur un clone de Dark Souls. Grave erreur. Les jeux AAA ont beau être ma came, j'ai toujours cette sensation de "pas assez" (coucou Batman). Une fois finis je n'y reviens pas avec plaisir, parce que j'en ai fait le tour et qu'on m'a tellement pris par la main que le plaisir de la (re)découverte est automatiquement niqué. Alors qu'un Dark Souls, t'as beau avoir fini le jeu 5 fois, tu peux être sur que t'es passé à côté de la moitié des trucs. Tu vas de surprise en surprise même quand tu le connais par coeur... Et ça, ça me manquait. Donc pour patienter avant DKS III, je me suis replongé dans un Bloodborne patché à mort et débarrassé de ses bugs.
Et j'ai beau connaître tous les mécanismes chers à From Software, j'étais perdu en 5 minutes (au sens propre comme au figuré). Déjà c'est une leçon de level design : l'interconnection des niveaux atteint un degré assez ultime. Plus que les combats, l'exploration est le maître-mot de Bloodborne. Les niveaux ont beau être assez petits, ils regorgent de passages secrets. Une fois une zone nettoyée, il est bon de revenir y faire un tour quelques temps plus tard pour tomber sur de nouveaux trucs, ou ouvrir enfin "cette putain de porte qui était fermée au début et dont j'avais oublié l'existence".
Au niveau gameplay pur et dur, les affrontements sont jouissifs. Contrairement à Dark souls et son système de combat défensif, Bloodborne est 100% offensif. Pour commencer, pas de bouclier. Il est impossible de parer, il faut tout miser sur l'esquive. Mais le coup de génie, c'est cette barre de vie qui nous laisse un sursis quand on est touché : si on se prend un coup, la barre de vie baisse, mais il est possible de récupérer les points de vie perdus à condition de contre-attaquer directement sans se faire toucher. Autant dire que c'est épique. Même à l'article de la mort, on a tendance à aller au contact plutôt que de se replier pour se soigner. Cette rapidité dans tous les gestes et animations est certainement la plus grosse différence avec Dark Souls. Car du coup, il n'y a pas à se soucier de son équipement (mis à part les armes, que l'on peut booster et personnaliser). Fini de passer des heures à se constituer une armure de ouf (un "build" comme disent les puristes) en recoupant les stats, en faisant des équations mathématiques dignes de Hawkins. Ce n'est pas pour autant plus simple ou moins intéressant. C'est juste difféwent.
Un mot sur le multi : c'est bien plus pratique qu'avant... Un simple mot de passe, et n'importe quel pote peut te rejoindre en 2 secondes. Ça m'a aussi permis de découvrir Twitch. Si je suis bloqué, je diffuse ma partie en demandant de l'aide et en indiquant mon mot de passe, et hop je suis immédiatement rejoint. Moi qui ne suis pas fan du jeu au casque et tout, j'avoue que la PS4 m'a réconcilié avec tout ça tellement c'est ergonomique.
Niveau durée de vie, j'ai bouclé le jeu en 35 heures. Évidemment il y a deux autres fins, et tout un tas de boss optionnels que je n'ai pas découverts. Je n'ai qu'une envie c'est le recommencer immédiatement. L'histoire se répète putain...
Sérieux concurrent à The Witcher 3 pour mon jeu de l'année.