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Auteur:  Azazello [ 18 Mar 2021, 10:35 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Pas lu celui-là, je regardais sa biblio j'ai du en lire une dizaine, mais il en a quand même publié plus de 30..

Auteur:  latique [ 19 Mar 2021, 19:38 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Castorp a écrit:
Oui, c'est un peu ce côté "moi et la médiocrité des autres", mais je trouve que ça passe bien quand même, parce qu'il a conscience malgré tout de sa propre médiocrité au milieu de tout ça.

Mais ce que je retiens vraiment de ce roman, c'est effectivement le côté obsédé sexuel, cette espèce de psychanalyse extrêmement crue d'un refoulement mal vécu. Je pense que le prochain que je lirai, ce sera The Breast, un court roman d'un mec à qui il pousse des seins. Tu l'as lu ?

Je ne les ai pas tous lus, mais "Pastorale américaine", ça pourrait t'intéresser, je pense. C'est pas le Roth "obsessions sexuelles", c'est le Roth "processus de démolition", qui me plaît davantage, et dans le genre c'est un chef d'oeuvre. On suit le "voyage" d'un père, qui a la passion de la norme, et qui voit sa fille s'engouffrer dans les luttes politiques des années 60. Je dis "voyage", comme quand on parle de voyage au bout de la nuit, ou au bout de l'enfer: ça secoue pas mal. Grand souvenir de lecture (dont j'étais sorti un peu sonné, et décidé à lire tous les Roth).

Auteur:  Castorp [ 20 Mar 2021, 09:59 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Merci !

Je l'ai sur mes étagères, donc je lui donnerai une chance assez vite.

Auteur:  Cosmo [ 27 Mar 2021, 00:46 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Je note également. J'ai laissé tomber Roth depuis longtemps alors que ceux lus étaient très bien.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 14 Avr 2021, 08:11 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

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Putain c'est superbe. John Cheever est souvent comparé à Raymond Carver mais cela n'a pas grand chose à voir, Cheever me paraît plus politique et ample. Les personnages de Carver ont déjà conscience d'être des outsiders avant que ses nouvelles ne commencent, quand Cheever place cette prise de conscience dans ce qu'il écrit.
Falconer est une prison fictive de l'est des USA dans laquelle est enfermé Farragut, un universitaire déchu, toxicomane (depuis semble-t-il la guerre du Vietnam), et gay dans le placard, pour le meurtre impulsif de son frère. Les visites de sa femme et ce qu'elle lui rappelle de la vie d'avant et de dehors ne font rien pour le sortir matériellement ou moralement de la prison. Et le style, même en traduction, est très incisif, très introspectif également.

Il faudrait essayer de le lire en anglais, ce n'est pas très volumineux
J'avais lu au cinéma une traduction de Bullet Park, porté au cinéma par Des Pallières, assez différente dans le ton (même si les personnages des maris se ressemblent) qui était aussi très intéressante, cela avait mieux vieilli que d'autres livres écrits à la fin des années 60.

Auteur:  bmntmp [ 22 Avr 2021, 09:00 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Memory de Donald Westlake, en français Mémoire morte. Roman paru de manière posthume, qui fait dire à certains à tort qu'il s'agit de son dernier roman, Memory a été écrit dans les années 60 avant de se perdre au fond d'un tiroir, Westlake n'ayant pas trouvé d'éditeur. Le livre témoigne de sa prodigieuse versatilité : il reprend le trope de l'amnésie, moins usé à l'époque peut-être, pour en tirer un conte kafkaïen profondément angoissant, à mi-chemin pour donner une idée, entre le Procès, Bartleby et l'Invasion des Profanateurs de sépulture. Le sentiment d'un étau qui se resserre au début du livre alors que le personnage principal se retrouve coincé dans une petite ville perdue au milieu de nulle part se fait de manière implacable, sans pratiquement, comme on dit, laisser de répit, et réussit l'exploit d'être à la fois surprenant et fataliste dans la description de l'engrenage dans lequel il se trouve pris. En déjouant les attentes, le roman laisse ensuite place à une tonalité plus existentielle : l'amnésie partielle est comme un prétexte pour évoquer la maladie mentale, un profond sentiment d'aliénation où Westlake ne ménage aucun espoir. Il y a un film tout fait dedans parsemé de monologues pas oiseux comme ceux d'un, au hasard, Tarantino.

Auteur:  Baptiste [ 30 Avr 2021, 09:26 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Le Maire de Casterbridge - Thomas Hardy

Le romancier de Tess d'Uberville, adapté par Polanski ("Tess"). J'y ai retrouvé l'aprêté du monde du XIXe siècle qui m'avait heurtée par le prisme de la sensibilité de Polanski mais qui sous la plume de Hardy trouve une profondeur et une tendresse pour les personnages bouleversantes.

Je suis un peu sceptique devant certains rebondissements improbables, il se passe 1.000 trucs dans ce bouquin, et paradoxalement ça a stoppé mon ardeur de lecture après 200 pages vite avalées: l'effet de système finit par lasser. Mais le tout est quand même plutôt bien troussé au service d'une conclusion superbe.

Je n'ai pas trouvé trace de la syntaxe "cabossée" dont parle Castorp mais je l'ai lu en français. J'ai trouvé l'écriture originale et très plaisante.

Auteur:  latique [ 30 Avr 2021, 13:54 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Baptiste a écrit:
Le Maire de Casterbridge - Thomas Hardy

Le romancier de Tess d'Uberville, adapté par Polanski ("Tess"). J'y ai retrouvé l'aprêté du monde du XIXe siècle qui m'avait heurtée par le prisme de la sensibilité de Polanski mais qui sous la plume de Hardy trouve une profondeur et une tendresse pour les personnages bouleversantes.

Je suis un peu sceptique devant certains rebondissements improbables, il se passe 1.000 trucs dans ce bouquin, et paradoxalement ça a stoppé mon ardeur de lecture après 200 pages vite avalées: l'effet de système finit par lasser. Mais le tout est quand même plutôt bien troussé au service d'une conclusion superbe.

Je n'ai pas trouvé trace de la syntaxe "cabossée" dont parle Castorp mais je l'ai lu en français. J'ai trouvé l'écriture originale et très plaisante.


Dans le genre "roman romanesque", c'est un chef d'oeuvre. Ce personnage est inoubliable et oui, la fin est superbe.

Beaucoup aimé aussi "Loin de la foule déchaînée".

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 08 Mai 2021, 13:02 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Dans une boîte à échange de bouquins du quartier (je n'aime pas trop le concept : conséquence, il est vrai subie mais irréfééchie, d'une perte de valeur du livre), j'ai trouvé cela

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J'en ai lu 60 ages d'une traite, partant de l'idée qu'il faut mieux lire peu de pages de lui que beaucoup sur lui. Première chose : il maîtrise bien les cliffhangers dans la constructions du livre (les nazis liront-ils mon bouquin Vers l'Armée de métieret deviendrais-je un théoricien involontaire de la Blitzkrieg ? La bataille d'Abbeville va-t-elle arrêter la guerre ? Paul Reynaud va-t-il rester de gauche et maintenir Pétain à l'écart ? Le gouvernement fuira-t-il en Afrique plutôt que de suivre Laval ?)

Le style est à la fois pompeux et précis, assez stendhalien en fait. La première page est pratiquement un pastiche du début de la Recherche de Proust (mais avec le père à la place de la mère, et la province lilloise à la place de la nuit). Etonnament (ou pas), aors que le livre st intéressant pour décrire la crise politique des années 30, il n'y a pas d'analyse politique "stratégique" globale et plus sociologique, la toile de fond de la vision du monde de De Gaulle est faite d'un monde de valeurs qu'il pense constamment menacées, elles définissent une identité et une psychologique mais semblent par essence fragiles (et le fascisme est un avatar de cette fragilité éternelle). Cela confère à la personnalité de de Gaulle un aspect "christ moral dépressif" un peu nietzschéen, pas antipathique en fait, on comprend qu'il ait pu rencontrer Malraux. Il y a une sorte de manichéisme enfantin, un complexe précocement conscient de son aspect érotique, affectif et secret, qui détermine ensuite la subtiltié politique de l'adulte.

Le plus intéressant est la description fouillée (et incisive) de la psychologie es politiciens et militaires de l'époque, avec l'idée que la défaitisme est la conséquence directe de la mauvaise perception (voilée et déformée par la victoire) de ce que la première guerre avait changé militairement et politiquement. On n'est pas si loin de l'Etrange Défaite de Marc Bloch.
il y a des choses intéressantes et inattendues : une analyse critique mais subtile et sans hostilité du Font Populaire : belles pages sur Léon Blum, à qui finalement il reproche indirectement de n'avoir pas réagi militairement à la guerre d'Espagne, mais dont il comprend l'attitude, et la peur politique vis-à-vis des militaires, ainsi que par ailleurs l'idée que pour créer une armée a-même de s'opposer à l'Allemagne, il fallait une politique publique forte, l'armée professionnelle de de Gaulle est une forme de service public spécialisé (en supprimant le service militaire Chirac s'inscrivait en fait dans une vision gaulliste). Le fait aussi qu'il considère clairement que les accords de Munich aient été plus graves que le pacte Ribbentrop-Molotov, et que le second est la conséquence des premiers.
On se rend compte aussi que la Revue des Deux Monde ou le Figaro étaient déjà hyper-conservateurs sur ce type de question, et ont contribué à discréditer de Gaulle avant la guerre (en jouant l'argument nationaliste d'une tradition française à la fois déclinante et inviolable). De Gaulle utilisait aussi la presse d'opposition pour faire passer ses idées quand la majorité lui était hostile (on comprend pourquoi ila soutenu à la fois la fondation du Monde et voulu son indépendance économique - qui a pris fin il y a 15 ans). Le pouvoir d'influence fait partie de la démocratie.
En fait de Gaulle est devenu plus à gauche que la plupart des propos que l'on lit actuellement dans la presse française, ou qu'on entend sur internet, qu'ils soient issus de politiciens, de journalistes-animateurs ou des démagogues à canapé sur Youtube, ce qui est inquiétant.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 08 Mai 2021, 14:12 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Baptiste a écrit:
Le romancier de Tess d'Uberville, adapté par Polanski ("Tess").
Et par Michael Winterbottom dans le superbe JUDE.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 02 Juil 2021, 13:44 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

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Je tournais autour de ce livre d'Edmond Jabès depuis plus d'une vingtaine d'années, en lisant des passages qui me semblaient très riches, mais sans esprit de suite. Il y a quelques jours j'ai pris ce livre par son début (mais il prolonge lui-même Le Livre des Questions) peut-être parce qu'une forme médiane entre poésie, philosophie et roman correspond mieux à ce que je suis en mesure de lire actuellement que s'ils étaient pris à part.
Il s'agit d'une poésie extrêmement riche, exigeante mais sans aridité. Elle permet aussi de mieux cerner ce qui est en jeu chez Derrida et Lévinas dans le jeu de la difference (qui si elle existe comme valeur ou essenxe séparée, est par par-là même achevée) et de l'altérité. Sur ce forum ScyteMaster le cite à propos de The Fountain d'Arononfsky, en mentionnant que le centre du livre est le prolongement de la question de l'être par celle de l'écriture. Ce n'est pas mal vu, mais ici il semble que la question de l'écriture (ou du (Livre) finit par presque absorber celle de l'être. Car ne livre est le même pour "Dieu" (plus défini ici comme origine ontologique transcendante, possiblement épuisée, que comme regard surplombant d'un createur et juge sur l'humanité) et pour le sujet, pour nous. Il s'agit à la fois du livre de la foi juive et de celui de l'identité et du témoignage. Les deux ne correspondent pas tout à fait, mais se répètent. Le livre devient la seule chose opposable au double épuisement du sens, issu à la foi de la fatigue du quotidien et du politique, et d'une forme de devenir de l'ontologie elle-même (Jabès échappe à l'ésotérisme en postulant cette usure qui ronge l'être, même avant que l'homme n'y ait part : il ne parle que de l'homme, et de sa foi qui est autant une question et qu'un besoin, tout en en découvrant la finitude).

Auteur:  bmntmp [ 13 Juil 2021, 16:48 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

L'auteur que je voyais glosé partout à l'époque où je me coltinais Derrida et consorts sans que je comprenne pourquoi ces "perles" gnomiques et poético-ésotériques (justement) suscitent une telle exégèse. J'en garde l'image d'une version moins prétentieuse, plus mystique qu'un René Char. Les deux extraits de la page wikipédia font dans la philosophie bateau (la mémoire nous préexiste via le langage et la culture, apprendre à parler, c'est rentrer dans un moule), ce qui, j'en ai conscience, ne suffit pas à se faire un avis sur son oeuvre. A (re)lire donc.

Lu dernièrement deux ouvrages pamphlétaires de Georges Darien : Les Pharisiens, roman court bâtard qui fait dans l'invective chargée contre Edouard Drumont, l'auteur de la France Juive, et La Belle France, qui s'en prend à l'esprit nationaliste revanchard d'après 1870, annonce avec un peu d'emphase mais lucidité la boucherie de la Grande Guerre. L'écriture est un peu fatigante, dans l'invective sans répit et oratoire mais la violence du réquisitoire, non dénuée de misanthropie, est frappante.

Auteur:  bmntmp [ 13 Juil 2021, 20:15 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Citation:
« Le nom autorise le Je mais ne le justifie pas.

Ma relation à autrui s’étage à l’infini ; de bas en haut et jamais dans la distance – d’ici à là-bas.
Comme pour le dattier, de la racine à la palme, autrui faisant partie de moi-même.

Ce que tu nommes « distance » n’est que le temps d’une inspiration, d’une expiration.
Tout l’oxygène, indispensable à l’homme, est dans ses poumons.
Vide est l’espace de la vie. »

Extrait de: Edmond Jabès. « Un Étranger avec, sous le bras, un livre de petit format. »

« Et Caïn comprit que le Tout et le Rien ne sont que les deux pôles de l’indigence humaine et de la divine injustice.

Épouvanté, Caïn chercha, depuis, à fuir Caïn.
 »



« Ma responsabilité au monde commence avec le monde. »



« – Responsables du créer de la Création, d’une lecture voilée dans la lecture ; d’une parole tue dans la parole divulguée, du silence, enfin, d’une trace que mille traces ont défigurée ; silence du Rien, au sein de la rayonnante Totalité ?
– De ce silence, que le mot sensibilise, nous sommes responsables. »


Non c'est pas possible. Le Paulo Coelho CS+

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 14 Juil 2021, 08:48 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Tu as fait l'effort de le lire où bien c'est juste du Wikiŕevisionnisme / Babelioradicalisme ?

Il peut arriver que l'on ait besoin de plus de 10 citations pour se faire une opinion sur un auteur.

Auteur:  bmntmp [ 14 Juil 2021, 09:17 ]
Sujet du message:  Re: Vos dernières lectures

Ce sont des extraits que j'ai pris en lisant le début d'Un Etranger avec, sous le bras, un livre de petit format. Il ne faut pas le prendre personnellement. Tant pis pour moi.

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