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MessagePosté: 04 Déc 2014, 23:22 
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aka Per le antiche scale

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En Italie, dans les années 1930, le professeur Bonaccorsi, psychiatre réputé, mène des recherches sur la folie, dans l'asile où il travaille comme médecin, en Toscane. Il a trois maîtresses, Bianca (son assistante), Carla (épouse d'un collègue) et Francesca (épouse du directeur de l'asile). Une nouvelle venue, le docteur Anna Bersani, est là pour une période de stage ; très vite, elle s'oppose aux théories de Bonaccorsi...(wiki)

L'ouverture, avec le carnaval où se mèlent presque tous les personnages, est un peu trop rapidement l'élement le plus enthousiasmant de ce film formellement et dans sa tonalité, contenant déjà en son sein diffus tout la démonstration assez raide qui va suivre: soit une énième interrogation sur le "qui sont les fous: les soignés ou les soignants... ou les deux?", avec un combo "montée du fascisme" en contraste, une fois sortis du vase clos... Dés que je l'écrit je me dis que c'est un peu schématique et dommage de limiter le film à ça en le formulant ainsi, mais il tombe vraiment trop souvent dans l'affrontement et la démonstration rhétorique. Lesquels peinent d'emblée à trouver un certain enjeu tant il est difficile de suivre ce Pr Bonaccorsi dans ses recherches ridicules du "microbe de la folie", qui condamne rapidement le personnage, vite observé ensuite dans son rapport déréglé à ses maîtresses et à ses patients... Le film s'en tire le plus souvent grâce au jeu assez nuancé et attachant de Mastroianni. Et parceque le personnage joué par Françoise Fabian est aussi malgré tout à double tranchant, aussi talentueuse à débusquer le professeur schizo et dans l'écoute que devant affronter ses propres innhibitions.

La principale qualité de Vertiges reste néanmoins sa captation de l'espace de l'asile et de ses dépendances de luxe, toute en grandes verticales, et le portrait des "fous" qui font office de personnages secondaires, notamment celui de la "domestique" jouée par Adrianna Asti, bien plus intéressante que les protagonistes dans leur petit théâtre. On est parfois aussi à la frontière de l'exploitation au nom du "film d'art" dans les corps plus ou moins séduisants qui sont exposés, le délire érotique avoué du professeur pour le lieu a un côté un peu malaisant et pas loin du complaisant, ça touche aussi avec un certain cinéma italien de l'époque j'ai l'impression. La mise en scène, tout en se donnant le sentiment de frôler l'obscène garde pourtant un mouvement assez naturel à ces moments là, c'est un des paradoxes qui dépassent finalement ceux exposés plus scolairement par le discours du film...


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MessagePosté: 04 Déc 2014, 23:52 
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81 ans François Fabian

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MessagePosté: 04 Déc 2014, 23:53 
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Sir Flashball
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Mr Chow a écrit:
81 ans François Fabian


Elle a changé de sexe ?

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MessagePosté: 04 Déc 2014, 23:55 
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MessagePosté: 10 Oct 2021, 14:03 
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Mon premier Bolognini. Oui en effet, la situation est extrêmement forte et intrigante, les personnages sont intéressants, les acteurs énormes, mais cela n'est pas entièrement convaincant.
La mise en scène me paraît trop esthétisante pour le sujet, l'image est nimbée d'un filtre diapré et irisé à côté les photographies de David Hamilton semblent relever du domaine de la télésurveillance de supermarché. Cela fait penser à certains Visconti en moins singulier et plus fade (les Damnés, avec le triolisme de Barbara Bouchet et les Nuits Blanches)
Le film joue aussi la carte de l'érotisme facile, il réduit en fait spectaculairement la folie à l'érotomanie, ce qui donne des images assez complaisantes (les inserts rapides sur femmes nues en cage, la seule pudeur venant de la fugacité du regard, contraint au voyeurisme). Le film présente de manière convenue la psychose comme une pure transparence, et le fascisme comme une opacité (placée alors de façon ambiguë comme plus fondamentale dans la psychologie des profondeurs que la psychose, qui devient une défense contre une violence inéluctable, une fonction) . La sexualité, placée à l'intersection, est ainsi, normalisée entre ces deux extrêmes - le film montre bien que beaucoup de ces "fous" sont en fait punis de leur homosexualité, mais sans avoir un point de vue fort sur cette réalité, cela reste autant une source de séduction distante qu'un scandale dont on témoigne.

Reste qu'il y a quand-même des trucs assez intéressants, le personnage de la bonne ou du fonctionnaire trop nihiliste pour être fasciste sont très beaux. Les acteurs sont aussi remarquables (notamment Lucia Bosé, disparue l'an passé). L'aller retour entre folie et domesticité, et position socialement subalterne,où une critique du fascisme prend place, interne chez ceux qu'il vise, c'est intéressant, même si je ne sais pas si cela correspond à une réalité ou non. Et musique étonnante d'Ennio Morricone, qui passe de la musette à des passages rappelant parfois Bartok ou Schönberg.

Comme relève Chow, le film fait le détour par la période mussolinienne pour parler d'un enjeu contemporain. On est à l'époque où Franco Basaglia porte une réforme pour supprimer les hôpitaux psy. Il est apparemment adapté 'un livre d'un psychiatre opposé à Basaglia.
Il est intéressant de le reprocher du documentaire de Depardon sur San Clemente. Il se passe du côté de Lucques, mais les lieux ont la même configuration que l'hôpital de l'île vénitienne, on voit que l'architecture des ces lieux était standardisée, leur construction au XIXème portés par une vision ambivalente du malade, à la fois coercitive et réformatrice. Dans ce rapprochement, le lieu de tournage devient alors, cette fois-ci dans le film de Depardon, l'élément imaginaire du documentaire...Mais les vrais malades de Depardon sont beaucoup moins violents et hysétrisés (et plus méfiants devant la caméra) que ceux de ce film, qu'ils énoncent des aphorismes nietzschéens trop étudiés, ou bien soient le miroir de la sexualité du spectateur. Le film ne pense pas la folie comme une différence mais au contraire une ressemblance sociale déniée et refoulée : c'est de façon ambigüe le commun qui traumatise et le pouvoir qui incarne la différence

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

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