Sous-titré
La vie en bleu, mais je ne sais pas si c'est une traduction officielle.
Ananias, un petit employé, est hanté par le rêve d'enregistrer l'une de ses compositions. Mais son quotidien, entre une femme aigrie, quatre enfants turbulents et un boulot qu'il déteste, se fait de plus en plus invivable...Par manque de thunes et de temps, j'ai raté la rétro cinémathèque la plus intéressante de l'année, et je n'en choppe donc que la fin. C'est néanmoins toujours un plaisir de retrouver le lieu, et son rituel "une séance / une couille" (aujourd'hui : un vieux qui se met à ronfler littéralement 3 minutes après le début du film).
Tudo Azul prend d'abord les atours d'une comédie honorable et soignée, pas très enthousiasmante mais notable pour son pitch, qui me semble d'ailleurs récurrent dans les cinémas classiques du sud : l'idée d'opposer au quotidien d'un héros populaire un réel fantasmé où, par magie, tout est soudain acquis (notamment l'argent). Ça a ici un arrière-goût un peu douteux d'ailleurs, dans le sens où ce monde "rêvé" n'est qu'un moyen de prouver au brésilien fauché et soumis, cet ingrat, qu'il ferait mieux d'apprendre à aimer la vie telle qu'elle est... Il reste que le meilleur comique du film vient de ce postulat, via le décalage assez fin qu'il permet (la façon dont le monde fantasmé est "un peu trop" idéal : le conseil dirigeant qui se pisse dessus de plaisir dès que le héros a une idée, la femme et l'amante qui s'aiment immédiatement avec une niaiserie un peu flippante, etc).
Ce monde rêvé est cependant aussi l'occasion d'amener les séquences chantées par des stars de la radio, très explicitement "en visite" dans le film. À partir de là, les chansons se font de plus en plus nombreuses (avec chacune son univers propre et aléatoire, sans cohérence avec le reste), comme une phagocytation progressive du film, jusqu'à s'enchaîner directement sans interruption, finissant presque en medley. S'il faut sans doute reconnaître là une tradition cinématographique locale (films servant de réceptacle aux clips des stars de la radio), l'ensemble s'en relève difficilement. Cela dit, en faisant de ces chansons une présence de plus en plus oppressante, et de son défilé de stars le symbole illusoire d'un monde fantasmé que le film finit par rejeter, je me demande s'il n'y a pas ici un regard déjà un peu tardif, voire discrètement critique, sur le genre (ce que semblait suggérer la dame qui nous a présenté le film, mais j'avais l'esprit ailleurs, je n'ai choppé que des bribes de son topo).
Globalement, même si y a des choses à prendre, que le pitch est sympa et l'humour plutôt réussi (notamment grâce à l'acteur humble et discret, à mille lieux des héros outranciers lourdingues parasitant d'habitude ce genre de comédies), c'est vraiment pas exceptionnel, et surtout trop pourri de chansons greffées pour en justifier le visionnage.
Note : le film a été restauré en 2001, et plusieurs dialogues manquaient. Ils ont rappelé les acteurs d'origine pour boucher les trous... Brillante idée qui fait qu'au milieu d'une phrase, une voix de vieux s'invite soudain sur le visage du jeune acteur. Ils me semble qu'ils avaient fait la même connerie pour un Leone, non ?