Kyonetsu no kisetsu (
狂熱の季節) en VO,
et autres titres internationaux (
Season of Heat,
Wild Love-Makers,
The Weird Lovemakers)
Akira et Masaru sortent de prison, et retrouvent la petite amie du premier, une prostituée nommée Fumiko. Ensemble, ils recommencent à faire les 400 coups. Rencontrant le reporter qui les a fait arrêter, ils lui dérobent sa fiancée et l'amènent sur la plage, où Akira la viole...Bon, c'est pas ce film qui va me réconcilier avec la Nouvelle Vague. Je vole une voiture, je kiffe un morceau de jazz, je tape sur un type, je kiffe morceau de jazz, je choque les bourgeois, je kiffe un morceau de jazz, je viole une nana, je kiffe un morceau de jazz... et évidemment je m'achète une vague désillusion à la fin. Mais on est pas là pour réécrire l'Histoire du cinéma, et il y a assez de singularités dans ce film pour pouvoir s'y intéresser, une fois passé la lassitude de ce qui fait sa matière première.
Déjà, comme pour la plupart des nouvelles vagues, on a un film riche. Des idées dans tous les sens, justement pas éparpillées ici, mais canalisées par l'énergie dévastatrice, carnivore, de son personnage principal. Une force violente et sexuelle qui semble déborder de lui, qu'il ne peut pas contenir, et qui doit s'incarner dans chaque élément du film : adoptant la forme d'une montagne russe sensorielle (notamment à travers les impressionnantes fuites en voiture), le film semble épuiser son héros, toujours suant, bouffant à s'en étrangler, débordant de tous les côtés, incapable de contenir ce qui l'anime. Kurahara sait utiliser cette traînée de poudre qui traverse son film, déjà pour en faire une sorte de maladie qui contamine ceux qu'elle touche (le couple propre qui, une fois frappé par cette violence, n'arrive pas à l'abandonner derrière lui, qui cherche un ré-équilibrage), ensuite pour faire d'Akira une sorte de Jocker nippon, le final trouvant une raison à ses grimaces (par ailleurs assez usantes) qui déforment son visage d'un bout à l'autre du film, incarnation des tensions sociales (de l'absurdité d'un pays schizophrène) qui déchire son personnage en deux.
Formellement, par sa sensualité et son aisance rythmique - et parce qu'il est court, aussi -, l'ensemble parvient à capter l'attention, aussi tête-à-claque soit-il (côté nihiliste facile, et peinture passablement caricaturale de ce qui est extérieur à cette jeunesse). C'est d'ailleurs peut-être la première fois que je vois un film de l'époque réellement intégrer son obsession du jazz à sa manière de narrer, quand bien même la vénération de cette musique donne lieu à des scènes franchement ridicules (notamment le disque coupé au bar et la sortie main dans la main à l'océan qui s'en suivent, affligeantes). Mais bon, comme toujours, ça me donne plutôt envie de voir ce que ce réalisateur donne une fois sorti des années 60 et de son insolence un peu stérile.