Forum de FilmDeCulte

La dernière fois que j'avais tenté ce film, le DVD de la bibliothèque m'avait lâché en plein milieu. Pas ce coup-ci.



Cette variation audacieuse des contes de Grimm à la sauce biblique (Mitchum est le grand méchant loup, qui court après les enfants toutes griffes dehors, grogne de colère, et jappe lorsque touché par un fusil, mais c'est aussi l'incarnation du péché, du désir meurtrier et pédophile) est terrassante de beauté, d'intelligence, et de noirceur : après une première partie plutôt terre à terre, qui dépeint avec férocité l'ignorance et la méchanceté de l'être humain, Laughton fait basculer le film dans l'horreur expressionniste. Et ça devient merveilleux, fabulesque : une photo à tomber par terre, des compositions à se damner, une utilisation extraordinaire de la musique ("Leaning" chanté à deux voix), et un sous-texte sexuel très inspiré.

C'est grand.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Chef d'oeuvre. J'ai encore les chansons dans la tête. Je n'ai rien à ajouter. Ah si :

_________________
Réalisateur de blockbusters d'action français dans une économie maîtrisée d'1h30 max hors générique

J'étais un peu passé à coté quand je l'ai vu il y a suelques années, mais vous donnez envie de le revoir.

Tu dois. C'est vraiment un film magnifique, malgré ses maladresses.

Au passage, Môssieur Abyssin, qui a défendu ce film durant la dernière coupe du monde, est appelé à venir chroniquer le film, au lieu de perdre son temps à noter des merdes dans le sous-forum jeux vidéo.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Un gros trou dans ma culture ciné!

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

_________________
There is no such thing in life as normal

J'ai lu la critique de Ziegler sur dvdclassiks, mais je trouve son style assez insupportable, j'avoue...

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Le livre se lit mieux.

_________________
There is no such thing in life as normal

Je l'ai vu il y a très longtemps donc je ne pourrais pas t'en parler en détails. Le souvenir d'un film puissamment incarné. Le conte noir au déroulement très simple mais avec une force d'invocation extraordinaire. J'insisterais sur Mitchum qui apporte énormément au film et à la terreur qui s'en dégage avec une composition habitée vraiment extraordinaire. Dans la seconde partie, ça devient effectivement très noir, peur quasiment surréaliste apportée par la puissance de la mise en scène de la photographie, de la composition d'image,etc...J'en parle mal, il faudrait que je le revois mais d'accord avec ton texte chef d'oeuvre, version culte et atrocement noir des contes de Grimm.

Castorp a tout dit.

Je ne savais rien du film donc pas à quoi m'attendre et sans doute pas ce conte de fée, qui garde la noirceur trop souvent édulcorée de ses modèles, mais s'ancre dans le Southern Gothic et la Dépression pour tisser l'improbable parcours d'enfants pris dans un affrontement entre le bien et le mal.

C'est cette notion rudimentaire qui permet à l'ensemble de garder sa cohérence en dépit du mélange des genres, adoptant le point de vue d'enfants, poursuivis par un Ogre - d'autant plus pervers qu'il adopte l'apparence d'un pasteur auquel Mitchum confère un charisme sexuel et une folie contenue qui allait influencer bien des serial killers de cinéma par la suite - et allant se réfugier chez une Fée Marraine - génial personnage de cette vieille dame recueillant les orphelins, le négatif bienveillant d'une sorcière ou du Fagin d'Oliver Twist et la garante des valeurs chrétiennes, dévoyées par le faux prophète (superbe scène où la veuve vrillée prêche le rejet du péché). La religion organisée en prend un coup (surtout quand le comportement du pasteur recèle un sous-texte pédophile).

L'autre force qui homogénéise le tout, c'est la forme, d'un expressionnisme doux, exploitant au mieux le N&B pour symboliser la dichotomie qui régit ce récit entre bien et mal, adultes et enfants, clair obscur entre intérieurs et extérieurs (cf. ce plan fou où lui attend dans la nuit, éclairé, et elle attend chez elle, sa silhouette noire). Il y a une super utilisation du studio et des compositions en triangle incisives.

Les plans s'imposent à l'esprit, le film hante et sa marque sur le cinéma est indéniable.

_________________

La Guerre des mondes ?

Oui, tiens.
Pendant le film, j'ai surtout pensé à Fincher (Harry Powell préfigure John Doe, le plan de Shelly Winters sous l'eau évoqué par celui de Pike dans Gone Girl...).

_________________