La liste des courts-métrages (il n'y a presque que ça dans sa filmo), dont des documentaires :
1921 :
Rhythm 21 (Rhythmus 21), avec Viking Eggeling
1923 :
Rhythm 23 (Rhythmus 23)
1925 :
Rhythm 25 (perdu)
1926 :
Film Study (Filmstudie)
1927 :
Inflation1928 :
Ghosts Before Breakfast (Vormittagsspuk)
1929 :
The Two Penny Magic (Der Zweigroschen-Zauber) (publicité)
1929 :
The Storming of La Sarraz1929 :
Race Symphony (Rennsymphonie)
1929 :
Everyday1929 :
Alles dreht sich, alles bewegt sich1930 :
Neue Leben1931 :
Europa Radio1933 :
Hallo Everybody1934 :
Keine Zeit für Tränen1936 :
Vom Blitz zum Fernsehbild1947 : Rêves à vendre (Dreams That Money Can Buy) [Long-métrage]
1957 : 8 × 8 : A Chess Sonata in 8 Movements, avec Jean Cocteau [Long-métrage]1961 :
Dadascope1961 :
From Dada to Surrealism1963 :
Alexander Calder1963 :
From the circus to the moon____________________________________________
Rhythm 21 (
Rhythmus 21, 1921, 3 mn)
Pas grand chose à en dire évidemment, sinon que ça me semble quand même vachement plus sec (ces gros parallélogrammes aux mouvements saccadés), et par là-même un peu plus pataud, que d'autres courts abstraits que j'ai pu croiser de l'époque, comme
La Symphonie diagonale. Le rythme en question est pourtant sensible, le film fonctionnant sur un effet de pompage : la forme qui s’agrandit semble aspirer les autres qui rétrécissent, donnant l'impression de sortir ou de replonger dans la profondeur. Des récurrences plus brutales viennent marquer une sorte de refrain. Ça ne sent pas le n'importe quoi, mais je reste dubitatif sur la possibilité de le ressentir autrement que comme un travail d'art plastique : je retrouve des sensation de musée, et ai simplement l'impression de voir une peinture à laquelle on aurait rajouté un troisième dimension, celle du temps. Richter ne s'en défend peut-être pas (pas encore lu leurs textes), et ça ne serait en rien un défaut de toute façon, mais du coup perso ça me parle moins.
Film Study (
Filmstudie, 1926, 3 mn)
Beaucoup moins sec (musique qui donne au film un ton et une direction, formes imprécises et mouvantes, fluides, en transformation), et par là-même plus facilement évocateur, ce petit film-ci serait plus convaincant s'il n'était parasité par des prétentions de films rébus (le trip "un œil / des yeux", le fait de reprendre les images de visage pour "jouer" avec, le mot final...) qui semblent tendre de manière lourdingue vers un sens de toute façon laissé abscons. Le "Studies" du titre reste un aspect qui menace dangereusement de prendre le dessus... Dommage, car pour le reste le va-et-vient continuel entre figuration et abstraction permet au film de respirer, de se faire plus accueillant et moins théorique.
Ghosts Before Breakfast (
Vormittagsspuk, 1927, 6 mn)
Celui-là, par l'usage de vues filmées mais aussi par son ton et sa manière, semble plutôt lorgner vers le dada ou le surréalisme. On retrouve un peu la même marotte que celle de ces courants, celle d'un émiettement ludique du monde rangé de la bourgeoisie par la mise en crise de détails anodins (souvent liés à l'apparence), dont le dérèglement va provoquer une vaste angoisse, une régression infantile ou pulsionnelle mettant à jour la vanité du paraître... Ici, donc, une série de chapeaux qui se font la malle. Un carton au début nous renseigne que "la version sonore de ce film a été détruite par les nazis pour cause d'art dégénéré", ce qui interroge du coup sur la musique présente (qui semble d'époque, vu son état), et qui n'aide clairement pas : elle entretient et encourage une "cocasserie" déjà présente dans le montage, que je ne trouve pas drôle et même assez sinistre, par sa dimension didactique et mécanique. S'il est bon pour cibler les "angoisses" du monde qu'il attaque, et s'il arrive à créer certaines mises en relations et emballements qui peuvent fonctionner, le film en passe aussi par une série d'expérimentations aléatoires (même plan en normal puis en négatif, en avant puis en arrière...), ou aux intentions surlignées, qui lui donnent dans certains passages (notamment au début) une gueule de film d'étudiant. Voir le carton d'ouverture fonctionner comme une notice ou note d'intention ("le film montre que mêmes les objets se révoltent contre la réglementation") n'aide pas franchement non plus. Bref, même si ça semble plus généreux au premier abord, je trouve celui-là assez repoussant.
Voilà, j'ai eu l'occasion de voir que ces trois-là sur un DVD de compil.
Si vous connaissez des textes sur lui qui vous semblent bons (ou sur les courants associés), et qui sortent un peu d'une simple dimension de défense du cinéma expérimental, ça peut m'intéresser, ce que j'ai trouvé jusqu'ici n'est pas très convaincant...