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MessagePosté: 12 Nov 2016, 19:18 
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Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
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A bientôt 30 ans, Hélène a toujours l’air d’une adolescente. Elle est l'auteure de textes puissants à l’humour corrosif. Elle fait partie, comme elle le dit elle-même, d’un «lot mal calibré, ne rentrant nulle part». Visionnaire, sa poésie télépathe nous parle de son monde et du nôtre. Elle accompagne un metteur en scène qui adapte son œuvre au théâtre, elle dialogue avec un mathématicien... Pourtant Hélène ne peut pas parler ni tenir un stylo, elle n’a jamais appris à lire ni à écrire. C’est à ses 20 ans que sa mère découvre qu'elle peut communiquer en agençant des lettres plastifiées sur une feuille de papier. Un des nombreux mystères de celle qui se surnomme Babouillec…

Ça ne sera certainement pas le docu le plus beau de l'année, le matériau filmé a un côté "brute de décoffrage" assez marqué, mais qui je trouve colle plutôt bien à son personnage principal, dont Julie Bertuccelli essaie de percer les secrets en la filmant au plus près. C'est d'ailleurs plus un duo qui est mis en avant, Hélène et sa mère, sans la persévérance de laquelle sa fille serait encore enfermée dans sa carcasse malhabile sans pouvoir s'exprimer. Du statut d'autiste (je ne suis pas sûr que le terme soit tout à fait juste, je ne pensais pas que les autistes pouvaient à ce point avoir ce côté handicapé physique) avec lequel on l'aborde, Hélène évolue sous nos yeux jusqu'à atteindre un côté presque plus humain que les personnes "normales" qui la croisent.

Non seulement Bertuccelli arrive à faire évoluer notre regard sur l'autisme (autrement plus intelligemment que Rain Man), mais traite aussi subtilement du langage et de sa retranscription (l'impossibilité de déterminer comment Babouillec a pu atteindre une telle capacité d'expression, les échanges avec le metteur en scène qui essaie de comprendre si son dispositif scénique correspond à ce qu'elle se représente). La découverte d'une personnalité unique, attachante.


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MessagePosté: 27 Déc 2016, 02:13 
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Le film m'a intéressé par le côté "film de femmes", et je pense que Bertuccelli défend son sujet, mais le film créée une situation où on parle toujours d'elle à la troisième personne en sa présence. C'est un peu "chaud", compte tenu de la situation où elle est et du fait qu'elle doit se construire contre la chosification du regard des autres.
De même, le succès éditorial d'Helène Nicolas la met peut-être péril même si la poésie est assez belle (et qu'elle parle de manière construite et factuelle de son rapport à l'écriture) et devrait peut-être être questionné, après tout elle s'est construite dans un environnement protégé, aux antipodes de la logiques de production et de consommation culturelle. J'ai été un peu mal à l'aise quand on lui montre des vidéos de Bashung (dont certains aspects de ses paroles, notamment l'humour par calembours qui présente comme une code culturel soutenu un tour de phrase commun mais désuet, rappellent ses mots).

Il y a quand-même une scène (en fait assez drôle) où une critique de Libé que l'on veut à tout prix lui faire lire déclenche une crise (la seule scène où elle parle pour dire "non"), qui vire au psychodrame, et personne n'émet l'hypothèse qu'un article qui commence par "Babouillec, jeune poétesse autiste formidable...peut être diffcile à entendre par celui qui en est l'objet (de la même manière qu'il n'y a pas beaucoup d'écrivains africains qui endossent l'étiquette "écrivains africains", sinon les plus mauvais, et qu'"écrivain engagé" veut bien sûr toujours désigner le contraire de ce qu'il signifie).

Mais finalement le même problème (intéressant) se posait dans "la Cour de Babel". La trahison du système scolaire de l’universalisme républicain qu'il défend par ailleurs pratiquement tout seul, devançait la "trahison" (ou le forçage, la tendance à essentialiser les personnage et à faire des attitudes réelles des rôles) de la caméra de la même manière que la trahison ontologique d'où Babouillec parle (et dont elle dit que les hommes valides l'ont refoulé) devance les ambiguïté de la caméra. Bertuccelli filme les trahisons du réel qui se produisent antérieurement à son dispositif comme à la fois les conditions et les preuves de la bonne foi de ce dispositif (le film au mieux, les compense pendant quelques minutes).


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