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The Black Cat en VO.



Les Alison, un jeune couple récemment marié, sont en voyage de noces en Hongrie. Dans le train, ils rencontrent le Dr. Vitus Werdegast, rescapé d'un camp de prisonniers où il a été emprisonné pendant 15 ans...


C'est maladroit et enchanteur. Dans le genre "série B noble", c'est franchement un cas d'école : c'est d'une élégance terrible. Poétique comme du Tourneur, sans pour autant en passer par l'évocation : Ulmer "montre", mais maîtrise l'imagerie avec des doigts de fées, loin de tout côté cheap (le serviteur, peut-être ? Ça doit être tout). Lorsque l'on visite les femmes sous-verre, petit tour promis à la série Z, l'imagerie est tellement séduisante (les cheveux en élévation, l'économie du décor sobre, l'éclat blanc) que la poésie de l'image frappe avant toute autre chose : il y a toujours un détour pour que le manque de moyens prenne l'évidence d'un choix. Quand par exemple, pour illustrer une discussion mélancolique, Ulmer filme les décors vides croisés lors du trajet... On y gagne toujours au change.

La maladresse du film, c'est sa dramaturgie. Le scénar, qui n'a rien à voir avec Poe, lance de multiples pistes dans tous les sens, en abandonnant la moitié en cours (ne serait-ce que tout ce qui a trait aux chats). C'est longtemps une force du film : il n'y a pas de monstre ou de danger identifiable, on ne sait pas où l'on va, le mal a un caractère indéfini et ambiant (ce qui fait qu'on a finalement aucun mal à accepter la cérémonie finale, pourtant très vaguement définie et introduite)... On est pas loin d'une sorte de "drame" fantastique, presque psychologique, le film reposant surtout sur les échanges calmes et douloureux du duo Lugosi / Karloff, qu’approfondit une discrète résonance historique. Mais plus le film avance, plus cette dispersion lui nuit : on a souvent l'impression d'une alternance entre des moments très conscients, très aboutis, et un certain nombre de relâchements où l'on ne sait plus trop vers où tout cela se dirige (le couple principal, à l'écriture très transparente, n'aide pas). Plus bêtement, l'utilisation de musiques classiques non prévues pour les scènes ont du mal à bien structurer celles-ci, et c'est particulièrement dommageable dans le final.

Le film est un avant-programme, qui ne dure qu'une petite heure et ne perd pas de temps : cette façon de mêler et de fondre ensemble tous les évènements (le film fait très peu sentir les rouages habituels du film fantastique, les étapes attendues) participe à son pouvoir de séduction. Je serais presque tenté de dire qu'excepté l'épilogue naze, le parfum d'horreur poétique secrété par le film a une telle aura qu'on se fout complètement des soucis de scénar... J'ai viens de voir qu'Ulmer avait été l'assistant et le directeur artistique de Murnau, à la vision du film ça m'étonne pas du tout. J'ai malheureusement le sentiment que toute la filmo sera pas à cette hauteur, mais celui-là rentre direct dans le panthéon des plus belles séries B classiques.

Je crois que j'ai retrouvé via le cache google le plan que tu avais mis Tom (un imageshack qui ne s'affiche plus chez moi)

Je rejoins tout ce qui se dit plus haut, c'est un gros morceau, un gros panard ce petit film (je crois que j'y ai pris plus de plaisir que devant les Whale, et dans les "très courts" c'est bien mieux que La Momie), en dépit d'un traitement effectivement un peu pardessus la jambe. Le film se contente finalement de ses seules icônes (quand je dis ça, je ne parle pas nécessairement des deux stars) et de ses moments de bravoures sur un bazar un peu bricolé (savant fou de guerre et satanisme, petit couple en orient express), mais ça fonctionne malgré tout du tonnerre, comme une pure avalanche d'images immédiatement références... Même la blague sur les chats pour récupérer un titre à la Poe est pas si mal gérée je trouve (et je suis finalement bien content qu'on évite un truc du genre Lugosi tombe dans un escalier parce qu'il a vu un chat à la fin...) Reste qu'avec vingt ou trente minutes de films en plus , je ne pense pas que ça aurait perdu en efficacité, bien au contraire.
Je n'avais encore jamais rien vu d'Ulmer et ça donne envie.

Le parfait film à screenshot pret à tumbler

Quelle merde, imageshack : la première moitié des photos a disparu, l'autre à été agrandie sans raison à 800px, et n'importe comment avec ça (pixelisation, amochissement)... Ça fait un moment que je stocke les images que je poste ici sur un site perso, mais j'ai pas eu le courage de refaire le tour du forum message par message pour changer les adresses (je l'ai remise, là).

Sinon je garde un souvenir délicieux de ce film, faut que je retourne voir du Ulmer (Jericho avait parlé de Ruthless comme le truc à voir, dans le topic de Détour).

Je compte bien essayer tous les Bach films de ma médiathèque

Il est horrible le Bach films de Détour. Y a un DVD espagnol correct, mais pas de sous-titres français callés la dernière fois où j'ai checké (je te réponds plus tard sur le Tourneur, là pas la force, je suis malaaaade...)

Oui j'ai lu ça, mais bon je ferai avec