
4000 ans (8) que je voulais voir cette série, créée par dustin lance black et aux deux premiers épisodes réalisés par gus van sant.
c'était un truc hyper mainstream, pour abc, désormais uniquement dispo sur disney + canada, sur l'histoire des luttes lgbt aux us.
et c'était concrètement nul, mais hyper intéressant.
l'idée est fondamentalement bonne et prometteuse : une fresque sur 40 ans, avec l'extraordinaire avancée qui va de pré-stonewall au mariage autorisé par la cour suprême. une révolution sociétale ultra rapide, avec évidemment le sida au milieu, tout cela définissant les vies des gens. la manière dont les vies individuelles sont définies par le contexte sociétal et collectif, et la manière dont le contexte sociétal et collectif est écrit par les individu. en suivant donc un petit groupe de personnes.
et ce qui est intéressant c'est à quel point c'est défini par son moment, sa culture, et ses conditions de production. déjà, parce que 8x42 c'est considérablement trop court pour ça. trop d'époques, de personnages, de mini-storylines. tout est expédié en 3 scènes max, scènes qui durent 1m40 elles-mêmes. il y a en qui font littéralement 3 phrases de dialogues. l'impression d'un gigantesque previously, à un stade qui devient un gag vraiment. mais c'est bien parce que c'était sur abc plutôt que sur hbo. ce qui, d'un côté, était en soi un élément important de l'histoire lgbt, (et c'était donc pendant la brève période woke de disney) mais de l'autre induit une formatage tout beau tout propre assez épuisant, notamment parce que la problématique de la "représentation" infuse partout, ce qui fait ressembler les personnages à une liste de courses, qu'ils sont écrits pour être beaux forts et courageux même dans les moments difficiles, ce sont de véritables héros !!!, accentué par le fait que c'est adapté des mémoires d'un militant concerné et on a vraiment l'adoration des militants pour eux-mêmes. épuisant et de fait, les storylines sont très poncifs, passages obligés, pas très originales ni personnalisées puisqu'il faut "représenter".
c'était aussi le truc le plus amerloque que j'ai vu de ma vie. déjà, cet aspect toujours bizarre de connaître toutes ces histoires par coeur alors que ce n'est pas mon pays et mon histoire. et en même temps si, un peu, de fait, c'est mon histoire "communautaire", et évidemment que ce qui s'est passé là-bas a eu un impact ici. mais l'histoire française reste bien différente, et c'était donc aussi une magnifique illustration de l'universalisme militant à l'ère d'internet, celui qui fait que des noirs français sont persuadés qu'il fut un temps où en france les noirs n'avaient pas le droit de s'asseoir dans le bus mais ça on l'apprend pas à l'école hein !!! mais le fait est que nous mêmes on a eu le mariage après ça, et que dans tous les pays le militantisme lgbt est perdu dans l'espace depuis, entre concentration sur les questions trans qui ne sont pas très fédératrices nulle part, ouverture sur toutes les causes sociales gauchistes qui perdent beaucoup de gays en route parce que le milieu est largement embourgeoisé etc. donc intéressant, c'était le bon moment de le faire, effectivement ça clot un peu 40 ans d'une histoire, après on part sur autre chose.
sinon c'était vraiment grandiloquent, larmoyant, vraiment marrant. avec un parti pris fort audacieux, celui de changer d'acteurs pour les mêmes roles dans les différentes époques. sauf que les uns et les autres n'ont
aucun trait en commun, jamais, ce qui donne des résultats un peu wtf, d'autant que il y a un couple où en 10 ans l'un change d'acteur et pas l'autre. totalement farfelu.
et puis c'était donc une grande série prestige de dustin lance black, dont la carrière a périclité bien comme il faut depuis, une certaine malediction des lauréats du meilleur scénario original.
bref ça date de moins de 10 ans mais dans le fond et la forme c'était un pur produit de son époque et qui semble un peu révolue maintenant.