Forum de FilmDeCulte

j'ai souvent la tête pleine d'histoires inventées avec les films, et j'ai du coup plus tendance à lire ce que la fnac range sous l'appellation générique "documents".

je me suis dit que ça pouvait être intéressant de regrouper, pour ceux qui veulent lire ce genre de choses, que ce ne soit pas noyé au milieu des romans du topic dernières lectures, et je pense pouvoir compter, à minima, sur qui-gon pour venir enrichir le topic aussi !

avant de regarder la série, je devais donc lire ça.

et c'est très probablement un chef d'oeuvre du genre.

l'histoire est terrifiante, vertigineuse. un violeur en série entre 1988 et 2018, avec un minimum de 54 victimes et probablement au delà de la centaine en réalité. le tout dans un minuscule petit périmetre, avec un mode opératoire quasi systématiquement similaire.

c'est donc "dans l'air du temps' de raconter cette histoire, et l'angle est lui-même 'dans l'air du temps' : il se focalise quasi-exclusivement sur les victimes. une suite de parcours, de récits, des ces femmes, parfois très jeunes (13 ans...), parfois un peu plus agées, dont la vie bascule à ce moment-là. il y a uen volonté de leur donner corps, de faire comprendre l'impact que ça a. il y a un refus de laisser le nombre vertigineux de victimes noyer les experiences individuelles - oui, chapitre après chapitre, on raconte ces histoires très similaires. il n'y a pas de lassitude, c'est bouleversant à chaque fois, et je me suis souvent retrouvé au bord des larmes. parler d'empathie est un cliché, et est sûrement en dessous de la vérité. une compassion infinie pour ces femmes, vraiment.

mais ce qui est exceptionnel, c'est qu'il ne s'arrête pas là. parce que se demander comment un truc pareil a été possible revient à brasser beaucoup de choses. alors, évidemment, il y a le traitement par la société des violences sexuelles. elle critique abondamment la police, mais on comprend bien aussi que c'était très global. les familles qui ne voulaient pas en entendre parler, voire qui n'y croyait pas. les victimes elles-mêmes, qui parfois n'en parlaient pas. le code pénal, avec ses odieux "attentats à la pudeur" - elle parle de l'évolution du code pénal, c'est très intéressant. les défaillances de la justice, autant en tant que service public qu'en tant qu'institution, son manque de respect pour les plaignants, les maltraitances insidieuses, les décisions aberrantes. on voit aussi l'évolution des investigations policières - comment enquêter sur ces affaires, avant l'adn ? la révolution de l'adn, des caméras de surveillance (à qui on doit l'arrestation finale !). avec son angle fermement tenu de se concentrer sur les victimes, elles n'oublie donc pas d'aborder tous ces sujets et tout est passionnant.

j'ai quelques critiques à formuler, des petits partis pris que je ne trouve pas très fins (sa tendance à cataloguer les gens comme les gentils ou les méchants de l'affaire, les méchants étant globalement les policiers et les gentils sont globalement les femmes).
mais c'est fort peu de choses par rapport à la qualité impressionnante du travail effectué en tant que journaliste, l'aspect essentiel pour la compréhension de ces affaires que constitue le livre, l'humanisme bouleversant de sa plume.

exceptionnel.
ça vient de sortir en poche !

Pourquoi t'as pas été voir Les Chambres rouges ?

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Pas compris ce qu'englobe ce topic. C'est le topic "non-fiction" ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Les enquêtes journalistiques éditées en livre.

j'ai pas eu le temps, mais j'y vais demain à priori !



oui, voilà. essais, enquêtes, trucs politiques ou sociologiques, mémoires...
j'espère ne pas faire une farfeluterie mais je vais le nourrir régulièrement et ça aura une cohérence que ça n'aurait pas noyé dans les romans de dernières lectures, et j'espère qu'on pourra se conseiller des trucs.

Histoire, ça rentre ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Dans le genre, j'aime bien La Vie brève de Jan Palach.

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Que lire cet été ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

J'ai interviewé l'auteur, c'est un con.

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Alors que Jan Palach c'est un consumé #lol

la femme en moi de britney spears.

ça commence comme une autobiographie de popstar, totalement basique, rigoureusement denuée d'intéret. c'était une gentille petite fille en louisiane, elle rêvait de chanter, elle n'en revenait pas de sa chance quand on lui a proposé un contrat, cette première tournée était comme un rêve ! elle n'en a manifestement pas écrit une ligne, j'ai soupçonné qu'elle n'y avait même pas participé avec des interviews (le negre du livre est un stan historique qui connait donc tout ça parfaitement et quasiment sûr que tout ça a été raconté en interviews).

puis on rentre dans le vif du sujet : sa mise sous tutuelle.
et on rentre dans une histoire d'horreur, ce serait dans un film on n'y croirait pas.
la popstar la plus populaire du monde, considérée comme folle, placée sous la tutelle de son père abusif, alcoolique, malfaisant.
elle n'en a toujours pas écrit une ligne mais pour le coup c'est son récit, on reconnait sa voix, un récit cauchemardesque d'une superstar ultrariche surveillée 24/24 par des gardes du corps, qui passe 5 heures par jour avec des rendez-vous médicaux, qui se fait pomper des sommes insensées par ses bourreaux, dont on note l'horaire du passage aux toilettes chaque jour et qui doit se justifier quand un jour est irrégulier, contrôlée dans chacun de ses faits gestes et paroles, dont les employés disparaissent du jour au lendemain quand ils ont eu une conversation normale avec elle - elle était filmée et écoutée h24.
c'est paranoïa de soderbergh, en milieu ouvert puis en milieu fermé puisqu'elle finit bien enfermée pendant 6 mois contre son gré dans une clinique.
et même les mensonges qu'elle raconte (la version très aseptisée de sa crise psy de l'été 2007, ou des trucs pointus que je sais en tant que popboy) renforcent la force du récit, puisque être considéré comme fou quand on ne l'est pas et enfermé c'est un cauchemar, mais c'est aussi le principe des fous de ne pas savoir qu'ils le sont. donc son incompréhension profonde d'être traitée comme ça est à la fois légitime (elle n'a jamais été un danger pour autrui), et en même temps elle a manifestement des troubles psy mais la detresse de quelqu'un avec des troubles psy qui se fait traiter comme ça est aussi émouvante et terrifiante.
et ça reste la vérité fondamentale sur cette fille, et un motif narratif qui me smash : si elle n'était pas folle au début, elle l'est forcément devenue à vivre cette situation insoutenable pendant 13 ans.

du coup c'est une histoire impressionnante dans ses deux aspects : la plus over-the-top illustration des dangers de la célebrité comme un cadeau empoisonné, autant que la plus over-the-top histoire de troubles psys et de soins excessif sur quelqu'un qui se trouve être une énorme star.

ça a aussi le mérite de se lire vite.

'ministère de l'injustice', pris à la bibliothèque sur le simple titre. je ne connaissais pas les journalistes et ça m'intéressait de voir ce qu'ils avaient à dire, sans aucun préjugé idéologique du coup.

c'était bien nul.

ça a le merite de ne pas être long, mais ça devient rapidement un défaut tellement rien n'est fouillé.
ça alterne des instantanés d'audience et des histoires de justice.

les instantanés d'audience ont le mérite d'aller dans certaines moins connues (application des peines, affaires familiales...) mais en contrepartie ils se sont vraiment juste foutus dans le public pendant une journée, sans suivi ni exploration particulière. du coup toujours intéressant (20 minutes en moyenne par dossier de divorce pour juger la garde des enfants la pension etc...) mais hyper frustrant, il aurait fallu donner les décisions, donner la parole aux justiciables pour mieux connaitre le dossier et comprendre le rapport à l'institution, faire *toutes* les différentes cours, en tirer des stats, etc.

et pour les histoires de justice, toute personne qui lit la presse en connaitra 80%, ça va de l’enquête alternative sur omar raddad aux conneries habituelles sur le pnf.

comme par ailleurs le livre refuse de reflechir vraiment, de mettre le doigt où ça peut piquer, on se retrouve avec des lapalissades sur le manque de moyens, sur l'extreme droite qui critique le gouvernement des juges quitte à remettre en cause l'état de droit, vraiment on connait par coeur et ça ne va pas très loin. pour ne citer qu'un exemple dans l'actualité, la commission sénatoriale du sénat a exploré le jeu trouble des avocats de trafiquants de drogue (qui se payent désormais, en liquide avec de l'argent donc très manifestement issu du trafic, les plus grands ténors du barreau pour traquer les vices de forme comme unique axe de défense...). il se trouve par ailleurs que l'actuel garde des sceaux a lui même défendu - et fait libérer - quelques grands barrons et reste totalement sourd depuis 4 ans aux demandes des juges de 1/ simplifier les procédures et limiter les annulations de procédures pour vices de forme 2/ imposer des regles et des contrôles sur les honoraires et la provenance de l'argent, comme les notaires. c'est intéressant. pas une ligne là dessus dans le livre, il aurait fallu bosser un peu plutôt que compiler des trucs hyper connus. des thèmes hyper intéressants mais sur lesquels on a jamais de précision (les peines non appliquées du tout, la réalité des peines effectuées vs prononcées...) ne sont pas du tout abordés non plus.

bon bref c'était nul et hyper paresseux intellectuellement et dans le travail effectué.

LES CABOSSÉS DE LA JUSTICE de Dominique Verdeilhan est pas trop mal. C'est pas fou mais au moins c'est des récits à la première personne où tu vis le truc de l'intérieur: des gens condamnés à tort, d'autres à raison, des victimes, des coupables, une juge... Assez glaçant.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

je me suis retrouvé à lire ça, qui-gon l'avait évoqué comme ça, il était à la bibliothèque, je me suis dit que j'allais apprendre des trucs sur la politique des années 80-90.

donc au final, je n'ai pas tout lu - l'enfance d'alain juppé je m'en branle, je me suis concentré sur le récit des 2 cohabitations, son passage à matignon, son retour au gouv sous sarkozy, la primaire ratée...
c'était assez pour voir que c'était bien nul.

je ne suis pas habitué à ces récits : j'ai lu les mémoires de l'elysée de françois hollande - pas incroyables mais sincères une riche plongée dans les multiples facettes d'un mandat. j'ai lu le récit des années à l'intérieur de bernard cazeneuve, très propre et bon élève, et intéressant car il plongeait vraiment dans le détail des dossiers, en expliquant les différentes facettes et tout. et les mémoires de l'elysée de sarkozy, qui étaient les plus marquantes parce que c'est un vrai showman, même par écrit : le talent pour identifier l'anecdote percutante, ce talent pour ne dire que ce qui l'arrange et bidouiller un récit pour trouver l'angle absurde qui le met en valeur, ce bragging sans fin, ces vacheries regulières pour que ça reste croustillant, ce talent désarmais pour raconter n'importe quoi... vraiment un mec qui a le divertissement et la manipulation de son auditoire dans le sang.

et là, avec alain, c'est tout le contraire de tout ça. il survole absolument tout, à un stade absurde, quand il raconte des trucs connus comme les greves de 95 ou la primaire, il le fait en 3 pages, concrètement on en apprend plus en lisant la presse. aucun récit intérieur. aucune information inédite. il ne parle des gens que pour saluer ses amis au passage, aucun récit particulier sur mitterrand ou les gens importants qu'il a croisé. bref c'est superficiel, chiantissime.
ça ressemble surtout à un livre pour son égo et sa famille, avec une belle couverture, une manière d'ignorer royalement ce qui ne l'arrange pas, le récit de son action politique qui n'est pas une analyse de ce qui a marché ou pas, une explication de comment se prennent les décisions, rien, juste une liste de mesures les unes après les autres pour montrer qu'il a beaucoup travaillé. une passion pour citer les articles de presses élogieux. aucun contenu idéologique, vraiment aucun intéret d'une force...

j'ai souvent entendu dire que les mémoires d'acteurs sont sans intéret et servent à flatter leur égo et à dire des trucs gentils sur leurs copains, là c'est la même chose. nul.

Il en profite pour se placer comme l'homme le plus important de l'histoire de Bordeaux ?
Ou il n'ose pas se comparer à l'homme le plus important de l'univers de Bordeaux, Chaban-Delmas ?

Si ya bien un truc qui m'énerve chez les politiques français, c'est la capacité des potentats locaux à estimer qu'avant eux, leurs "territoires" étaient une friche. Insupportable. Alors leur possibilité à rester en poste des décennies expliquent un peu cela, mais ils restent néanmoins des larbins de l'Etat.