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The Sopranos (suite et fin)
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Auteur:  Slacker [ 03 Sep 2013, 16:38 ]
Sujet du message:  Re: The Sopranos (suite et fin)

Baptiste a écrit:
Bah voilà, peut-être le meilleur premier épisode de série que j'aie jamais vu. Epuré, qui concentre toute la présentation nécessaire en quelques minutes, quelques plans, quelques dialogues; rythmé, ça va droit au but tout en ménageant une certaine profondeur. Et si Les Sopranos était à la hauteur de sa réputation? :)


Régale-toi, et viens nous faire une belle analyse comme celle de GoT.
Je n'ai pas ressenti de lassitude pendant cette série, qui n'est surpassée dans mon panthéon personnel que par le chef d'oeuvre The Wire . Pourtant j'ai tendance à lâcher quand je sens qu'on tire à la ligne (Dexter, Breaking Bad partaient bien mais...)
Je ne partage aucune des réserves de Film Freak, surtout celles qui impliquent des paradoxes temporels :) .

Auteur:  Art Core [ 03 Sep 2013, 16:54 ]
Sujet du message:  Re: The Sopranos (suite et fin)

Je m'étais lassé aussi de la série à vrai dire, la trouvant un peu redondante, ronflante.
D'ailleurs étonnamment j'en garde finalement qu'assez peu de souvenirs alors que j'adore les premières saisons.

Auteur:  Müller [ 05 Nov 2021, 13:49 ]
Sujet du message:  Re: The Sopranos (suite et fin)

Série que j'ai suivi de manière très sporadique et aléatoire à l'époque de la diffusion sur canalsat' (si ma mémoire est bonne), puis regardée pour de vrai en entier au début des années 2010, à nouveau l'année dernière pendant le confinement et rebelotte ces jours-ci pour accompagner quelqu'un (j'en suis au dernier tiers de la saison 1).

Déjà, quelle incommensurable perte que celle de James Gandolfini. Les épisodes du coma montrent à quel point son travail d'incarnation de Tony Soprano, personnage qui n'a rien à voir avec Walter White ou Vic Mackey en terme de tonalité d'écriture ou d'interprétation bien qu'on les mette tous dans le même panier de l'anti-héros de télé US, est monumental et sans équivalent.

Pour revenir un peu sur ce qui a été écrit au fil des années dans ce sujet, il y a bien du remplissage malhabile et lourdaud (Ben Kingsley, Lauren Bacall) voire carrément honteux (la romance cahoteuse entre Carm et Furio, celle entre Vito et le motard à moustache), et les mafieuseries deviennent en effet vite "formulaïques" d'une saison à l'autre avec toujours plus ou moins les même rouages et enjeux. Cela étant, même dans ces moments en pilote-automatique, le naturalisme forcené de l'écriture, notamment dans les dialogues et les interprétations diverses (seul le fils idiot de Carmine confine au comique sans nuance), constitue pour ma part un spectacle captivant en soi, qui plus est dépourvu de toute démonstrativité, voire même de "style" immédiatement identifiable d'un ou plusieurs auteurs : on est dans un parlé, un phrasé, des accents résolument réels, comme dans The Wire.

J'ai toujours trouvé les films de gangsters de Scorcese particulièrement surcotés et boursouflés, avec un propos finalement assez classique, pour ne pas dire carrément banal (The Irishman ne déroge pas à la règle). Je suis vraiment pas loin de me dire que c'est même carrément complaisant. Le travail de Chase dans cette série, qui montre avec minutie et sans aucune pitié le quotidien de la mafia comme étant souvent aussi navrant que celui de n'importe quel autre milieu professionnel, me paraît en revanche bien plus pertinent, plus fin, plus humain (pour le pire) mais surtout plus important et nécessaire.

Ce qui m'amène à un élément qui a retenu mon attention l'année dernière, à savoir celui de la place accordée à la thérapie. Les séances chez Melfi dénotent une connaissance pointue du soin psychiatrique en libéral et du fonctionnement et des conséquences des troubles de la personnalité majeurs, notamment celui dont est affligée de la mère de Tony, qualifiée à raison de borderline. Personnage qui est littéralement un cas d'école tiré du DSM. De même pour Tony lui-même, sociopathe absolu. Le point culminant de cette thérapie, qui est aussi celui de la série, tient dans la réalisation par le Dr Melfi que son patient a utilisé les séances comme outil de perfectionnement de ses techniques de manipulation et de rationalisation de ses actes, le rendant plus puissant, plus performant, et d'autant plus impossible à soigner. Ca peut paraître banal ou évident (à tort), mais pour avoir travaillé un temps en psychiatrie, l'avoir constaté au quotidien avec des patients plutôt ordinaires et en avoir parlé avec les psychiatres et les équipes soignantes, indépendamment du contenu de la série, je confirme qu'il s'agit là d'un problème majeur et croissant, bien que silencieux, de cette discipline et du milieu hospitalier : l'afflux massif de patients dans ce style, qui remplacent d'ailleurs les "fous" classiques étonnamment (ou non) plus faciles à soigner et accompagner. Cette série a donc touché à quelque chose de très pointu, bien au-delà du crime organisé ou du zeitgeist du moment, et qui en dit long sur la place de plus en croissante, alors qu'elle est paradoxalement de plus en plus impuissante, de la psychologie (au sens large) dans notre quotidien.

Faire quelque chose d'aussi unique, d'aussi exhaustif, et qui plus est d'aussi profondément raccord avec les recherches juridiques et universitaires sur le sujet du crime organisé italo-américain (il y a eu une émission là-dessus la semaine dernière sur France Culture en soirée qui en donne un bon panorama), sur un sujet surexploité, glamourisé à outrance par le cinéma depuis quasiment sa création, ça relève de l'exploit. Et tout le reste, au moins aussi fort, n'est "que" du bonus.

Wow.

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