C'est la nouvelle série de Nathan Fielder (Nathan for you) au concept assez génial. Nathan Fielder trouve quelqu'un qui a un problème qu'il doit régler dans une discussion avec une autre personne (comme avouer un mensonge) et il propose à cette personne de répéter tout le processus qui va mener à cette discussion. Pas simplement répéter la discussion elle-même mais recréer les lieux dans lesquels ça va avoir lieu, engager des figurants, prévoir absolument toutes les possibilités etc... C'est l'incarnation ultime du névrosé social qui répète dans sa tête jusqu'à la folie un moment d'échanges qu'il appréhende. L'idée est génial et le premier épisode est vraiment brillant, c'est ludique, c'est flippant aussi, le personnage principal trouvé par Fielder est assez bizarre (un mec obsédé par les quizz dans les bars) et on est vraiment curieux de voir où ça va. Et si dans un premier temps c'est sympa sans plus, la fin de l'épisode est absolument brillante, il y a un point de montage totalement sidérant. Et j'ai presque envie de dire on peut s'arrêter là. Tout le projet de la série est là.
Les 5 épisodes suivants ne vont que répéter de manière plus extensive ce premier épisode. En effet au lieu de faire une situation par épisode Fielder se lance dans une "répétition" beaucoup plus longue où une femme va répéter le fait d'avoir un enfant, elle va élever un faux enfant (des enfants acteurs) pour voir si elle est faite pour ça. Là encore c'est plutôt brillant dans la mise en place, dans le concept, sa mise en oeuvre concrète (les enfants acteurs ne peuvent pas travailler plus de 4h donc il faut les remplacer régulièrement...). Mais pour moi ça se délite peu à peu avant de devenir presque pénible dans les interrogations toujours plus complexes de Fielder qui s'extrait de plus en plus de la réalité pour ne plus qu'exister dans les répétitions des répétitions. Une forme de spirale vers la folie où l'on ne sait plus très bien où se situe la réalité. Mais ça ne fonctionne pas totalement, l'écriture me semble un peu avancer à vue (impression que ça a été un peu improvisé au fil des épisodes), faire des digressions dont on se demande l'intérêt (le truc sur les acteurs, tout l'épisode sur la religion très bizarre). Dans ses meilleurs mometns ça m'a rappelé Charlie Kaufman (aussi parce que je suis en train de lire son roman) dans cette superposition de réalités qui deviennent de plus en plus fragiles et absurdes.
Finalement le plus gros problème il est dans ces 5 épisodes un peu flottants qui ne font que répéter le premier en moins bien. Le projet de la série est comme toute oeuvre de névrosé newyorkais juif (ce qu'est Fielder) c'est l'autoportrait. De faire presque semblant de s'intéresser aux autres pour mieux parler de soi. C'est assez peu flatteur pour Fielder qui passe limite pour un connard, un artiste simple et empathique mais qui finalement ne travaille que pour son propre intérêt. C'est plutôt passionnant. Mais ça s'étale sur 6 épisodes de 30mn très inégaux. C'est dommage. Je conseille néanmoins de la voir parce que c'est malgré tout c'est parmi ce que la télé mainstream US (produit par HBO) propose de plus original.