Slacker a écrit:
Justement j'ai lu pour la première fois quelques nouvelles de Conan récemment (en français), et j'ai été fort déçu. Les histoires se ressemblaient toutes, le langage un peu simplet, et une fois par chapitre l'expression "son sang se glaça dans ses veines". Je crois qu'il faut effectivement comme tu dis replacer dans le contexte : il n'y a rien de comparable avant, en termes d'univers et de genre. Mais si "pour l'époque" comme disaient les Deschiens, c'est vachement bien, le lecteur d'aujourd'hui peut trouver à redire.
En tout cas, on peut toujours rêver à une série adulte, rappelant les délires baroques du film, avec des personnages pas trop cons, mais grandes sont les chances que ça pue grave du cul.
Les histoires se ressemblent pas mal, oui, mais l'attrait de l'oeuvre pour moi n'est pas là. c'est l'amoralité du type et l'aridité du texte qui me touche. Merveille de caractérisation et de descriptions.
Je m'étais fait quelques unes des nouvelles étant plus jeune, et j'étais passé un peu à côté, mais en relisant l'intégrale en anglais il y a de ça deux ou trois ans, ça m'a mis sur le cul.
Mais même en français, ce genre de truc, c'est de l'or, pour moi:
"Conan s'adossa au mur et leva sa hache. Image de la férocité élémentaire, invincible et irréductible, il se tenait les jambes plantées dans le sol, la tête en avant, une main appuyée contre le mur pour se soutenir, l'autre brandissant la hache haut dans les airs, tous ses muscles tendus à l'extrême, ses traits figés en un masque de fureur mortelle. Ses yeux lançaient des éclairs terribles à travers un voile de sang. Les assassins flanchèrent. Ils avaient beau être des criminels sans foi ni loi, ils restaient néanmoins de purs produits du monde civilisé. En face d'eux se dressait le barbare, le tueur naturel. Ils reculèrent ; le tigre mourant pouvait encore donner la mort."
En anglais, y a cette citation qui me fout pas mal des claques aussi:
“I have known many gods. He who denies them is as blind as he who trusts them too deeply. I seek not beyond death. It may be the blackness averred by the Nemedian skeptics, or Crom's realm of ice and cloud, or the snowy plains and vaulted halls of the Nordheimer's Valhalla. I know not, nor do I care. Let me live deep while I live; let me know the rich juices of red meat and stinging wine on my palate, the hot embrace of white arms, the mad exultation of battle when the blue blades flame and crimson, and I am content. Let teachers and philosophers brood over questions of reality and illusion. I know this: if life is illusion, then I am no less an illusion, and being thus, the illusion is real to me. I live, I burn with life, I love, I slay, and am content.”
Je comprends complètement ton point de vue, du justement à l'aridité que je mentionne plus haut, mais dire que c'est un souci de lecteur de l'époque ou d'aujourd'hui, c'est pour moi une mauvaise lecture, tant le texte d'Howard est riche, que ce soit dans son propos ou dans sa forme.
A certains égards, je le vois un peu comme un Jack London de la Fantasy. Un type super sensible et qui cherche en permanence l'essence de l'humain dont il parle.
C'est en cela que l'adaptation de Milius est parfaite je pense, car il capture parfaitement ces facettes.