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Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)
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Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 16 Avr 2013, 12:27 ]
Sujet du message:  Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

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Pour citer ce que je disais sur Facebook: ""Les Anonymes" de Pierre Schoeller, c'est donc la preuve qu'on peut réussir en France un thriller politico-judiciaire tendu, modeste, collé au réel, et qui refuse le romanesque. Dans un monde de remarques pavloviennes à base de "C'est pas du cinéma" ou "C'est trop sur les faits" (oups, pardon, on essaiera d'être moins "sur les faits" la prochaine fois), et malgré quelques petits défauts dus au petit budget ou au planning serré inhérents au téléfilm, ce mini "Zero Dark Thirty" français fait plaisir à voir."

C'est donc le récit d'une partie de l'enquête sur l'assassinat du préfet Erignac, sachant que concrètement, c'est surtout le récit des 96h de garde à vue du "commando des Anonymes", à l'issue desquelles les mecs chargent Yvan Colonna. Ca dure 2h06 mais c'est hyper centré, ça évacue plein de choses (les reconstitutions du meurtre et les témoignages qui disculperaient Colonna sont à peine évoquées) pour se concentrer sur un tunnel d'interrogatoires qui te fait toi-même perdre la notion du temps (je pensais qu'il restait 20 minutes de film alors que j'étais presque à la fin), et tu finis par te prendre au jeu du tourbillon de faits que le film relate.

Les acteurs sont plutôt pas trop mal pour un (télé)film français, avec un inconnu hyper investi et à la diction bizarre qui joue le suspect Marcel Istria, un toujours bon Olivier Gourmet, et un Mathieu Amalric qui ose la transformation en commissaire anti-terroriste à l'assent du suudeuh.

Auteur:  Film Freak [ 16 Avr 2013, 12:33 ]
Sujet du message:  Re: Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

Et donc, comme je disais, ton descriptif donne pas envie, vu qu'il éveille justement des réactions pavloviennes "C'est pas du cinéma" ou "C'est trop sur les faits".

Et le sarcasme "oups, pardon, on essaiera d'être moins "sur les faits" la prochaine fois" est complètement con. Les meilleurs films me paraissent être plutôt ceux qui prennent des libertés (JFK, The Social Network).

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 16 Avr 2013, 13:11 ]
Sujet du message:  Re: Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

Film Freak a écrit:
Et le sarcasme "oups, pardon, on essaiera d'être moins "sur les faits" la prochaine fois" est complètement con. Les meilleurs films me paraissent être plutôt ceux qui prennent des libertés (JFK, The Social Network).

On a pas la même définition de "sur les faits" alors. Parce que pour le coup, THE SOCIAL NETWORK c'est "sur les faits" à 2000%, JFK aussi, ZODIAC aussi. Ce qui n'empêche pas ces films d'évoquer aussi autre chose, une émotion, un truc thématique plus profond, etc.

Mais en France on a cette réaction (pavlovienne justement) que dès qu'on colle trop aux faits, "c'est pas du cinéma". Alors que certains des meilleurs films du monde pour moi (et pour toi aussi d'ailleurs) sont des films qui n'essaient pas de simplifier/éluder/zapper les faits, et qui réussisent à rendre trippant le déluge d'information, la précision, le détail, etc. (cf. LES HOMMES DU PRESIDENT ou ceux que j'ai cité plus haut).

Après le Pierre Schoeller est pas du niveau de ces films là non plus, mais c'est pour moi une preuve de plus qu'on peut coller aux faits sans les diluer de romanesque pour le "grand public", tout en étant hautement cinégénique et pas juste "Wikipedia filmé" comme tu dis.

Auteur:  Film Freak [ 16 Avr 2013, 13:19 ]
Sujet du message:  Re: Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

Qui-Gon Jinn a écrit:
Film Freak a écrit:
Et le sarcasme "oups, pardon, on essaiera d'être moins "sur les faits" la prochaine fois" est complètement con. Les meilleurs films me paraissent être plutôt ceux qui prennent des libertés (JFK, The Social Network).

On a pas la même définition de "sur les faits" alors. Parce que pour le coup, THE SOCIAL NETWORK c'est "sur les faits" à 2000%

Tout ce qui touche à la création motivée par le rejet de la meuf et le désir d'intégration est crée par Sorkin.

Citation:
JFK aussi

Garrison n'a jamais rencontré X. Mais surtout, c'est une plongée parano dans l'enquête, c'est la forme qui transcende les faits.

Citation:
Ce qui n'empêche pas ces films d'évoquer aussi autre chose, une émotion, un truc thématique plus profond, etc.

Et Les Anonymes le fait? Ou c'est juste un tunnel d'interrogatoires et un tourbillon de faits?

Citation:
Mais en France on a cette réaction (pavlovienne justement) que dès qu'on colle trop aux faits, "c'est pas du cinéma".

Bah sur des films comme Présumé coupable ou Omar m'a tuer, c'est le souci. Ca raconte rien au-delà de relater les faits. Et formellement c'est le vide.
Même La Conquête, pourtant moins bon que les deux ci-dessus, essaie de raconter quelque chose (mais mal).

Citation:
Alors que certains des meilleurs films du monde pour moi (et pour toi aussi d'ailleurs) sont des films qui n'essaient pas de simplifier/éluder/zapper les faits, et qui réussisent à rendre trippant le déluge d'information, la précision, le détail, etc. (cf. LES HOMMES DU PRESIDENT ou ceux que j'ai cité plus haut).

Les Hommes du Président, c'est vraiment l'exception...j'arrive toujours pas à comprendre comment ça marche...

Citation:
Après le Pierre Schoeller est pas du niveau de ces films là non plus, mais c'est pour moi une preuve de plus qu'on peut coller aux faits sans les diluer de romanesque pour le "grand public", tout en étant hautement cinégénique et pas juste "Wikipedia filmé" comme tu dis.

Faudrait que je le voie pour juger parce que quand je lis "mini ZDT français", ça a tendance à confirmer toutes mes craintes pavloviennes justement.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 16 Avr 2013, 13:27 ]
Sujet du message:  Re: Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

Film Freak a écrit:
Citation:
Mais en France on a cette réaction (pavlovienne justement) que dès qu'on colle trop aux faits, "c'est pas du cinéma".
Bah sur des films comme Présumé coupable ou Omar m'a tuer, c'est le souci. Ca raconte rien au-delà de relater les faits. Et formellement c'est le vide.

C'est des films tièdes justement, des films typiquement français, qui essaient d'enrober le truc, de le rendre soft, de créer des sous-intrigues ou de la fausse émotion (le portrait complètement foiré de Podalydès dans OMAR par exemple). Aucun n'ose la logorrhée du SOCIAL NETWORK, la précision du Pakula, le rythme décousu de ZODIAC (ou formellement la folie du Stone, mais c'est une autre question).

LES ANONYMES a clairement pas la portée émotionnelle du SOCIAL NETWORK ou autre, mais c'est un film qui assume une narration cash, inhabituelle, qui fait le pari de rendre intéressant et palpitant juste des mecs qui se font interroger. Un film qui a des couilles quoi. Après je sais que t'es pas à donf de ZDT donc tu kiffera peut-être pas, mais ça a une vraie ambition de ciné anti-Wikipedia filmé justement (même si "objectivement" ce n'est quasiment que ça).

Bref, je me comprend.

Auteur:  Film Freak [ 16 Avr 2013, 13:32 ]
Sujet du message:  Re: Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

Pas à donf DU TOUT sur ZDT, et sachant que je trouve L'Exercice de l'État irregardable, devrais-je tenter?

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 16 Avr 2013, 13:48 ]
Sujet du message:  Re: Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

Je pense pas alors.

Auteur:  Film Freak [ 16 Avr 2013, 13:51 ]
Sujet du message:  Re: Les Anonymes (Pierre Schoeller - 2013)

Pavlov FTW.

Auteur:  bmntmp [ 28 Juin 2021, 11:09 ]
Sujet du message:  Les Anonymes (Pierre Schoeller, 2013)

On se dit que si Engrenages était bien, à la hauteur de sa réputation, ça ressemblerait à ça. Il y a une petite facture télévisuelle qui provient de l'aspect film-enquête-reconstitution avec images d'archive mais aussi à une certaine ringardise française, affleurant des cortèges de safranes et de laguna. Ajoutez-y un Olivier Gourmet qui surjoue le cowboy déter dans ses mimiques et un Mathieu Amalric, dont la tentative d'accent du sud coloré d'accent corse accentue la ressemblance avec Fernandel. Le film est excellent, le terrorisme nationaliste corse constituant un sujet éminemment cinématographique - plus que les post-situ qui servaient d'inspiration au Grand Jeu de Pariser. Il met en scène un tournant dans l'enquête policière, j'imagine, qui tient au traçage des téléphones portables. Finalement, une forme d'inscrutabilité plane au-dessus d'une fin en forme de point d'interrogation. Que signifiait ce nationalisme corse ? On ne l'a pas très bien compris finalement et on ne le saura sans doute jamais. L'obstination suicidaire du militant corse est quelque chose que le film touche avec un sens de l'absurde tout à fait intéressant.
Sinon le film est intéressant dans son aspect procedural : il restitue presque scolairement le travail des policiers à la suite de l'assassinat du procès Erignac, représentant des méthodes discutables dans les interrogatoires en même temps qu'elles semblent nécessaires. Commettre un acte de terrorisme, c'est prouver par l'absurde l'arbitraire et le côté répressif de l'état.

edit : je savais pas que c'était un téléfilm...

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