Dans la belle langue du figaro, ça donne :
Citation:
Christine Albanel prône une France de l'art compétitive
VALÉRIE DUPONCHELLE.
Publié le 25 septembre 2007
Actualisé le 25 septembre 2007 : 10h24
Dans le sillage de l'acquisition par l'État d'une oeuvre de Picabia, le ministre a annoncé hier, à Beaubourg, son « plan de relance du marché de l'art français ».
HEURE solennelle, hier matin, à Beaubourg, pour Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, et Alain Seban, président du Centre Pompidou, réunis pour présenter L'Adoration du veau de Francis Picabia (1879-1953), acquis par l'État grâce au mécénat et au Fonds du patrimoine.
Le montant n'a pas été divulgué, contrairement à celui de la collection de périodiques Paul Destribats, acquise pour 3,80 Meur en 2006 et financée par le groupe Lagardère grâce aux dispositions de la loi Aillagon. Les photographies d'actualité avaient quelque chose de surréaliste tant cette oeuvre inspirée d'un collage de l'artiste allemand Erwin Blumenfeld (Le Minotaure, 1937) est aussi forte que dure.
Ce grand tableau coloré et violent du début des années 1940 appartient à la période kitsch du peintre français célébré pour sa « manière orphique » par Apollinaire, plus goûté en France pour ses tableaux mécaniques et ses Transparences. « Il correspond à ce que les Américains recherchent. Ce sont d'ailleurs les artistes américains qui ont mis en lumière les années 1941 et 1942 de Picabia, dédaignées chez nous. Elles ont directement inspiré le travail des contemporains comme Jeff Koons, David Salle ou Julian Schnabel », explique Marcel Fleiss, le marchand parisien de référence en matière surréaliste. Il a vendu en juin, à la foire de Bâle, un splendide Picabia de la période dada, Couple de monstres, série des Ripolins sur carton, 1924-1927, qui faisait fondre la grande Suzanne Pagé.
C'est d'ailleurs aux États-Unis, auprès d'un collectionneur privé, qu'a pu se faire l'acquisition de ce tableau inconfortable qui va grossir les quarante-deux Picabia du Centre Pompidou. « Un des plus beaux de la série, comme L'Icône ou Les Deux Amies », saluait hier William Camfield, la sommité en matière de Picabia. Outre le Fonds du patrimoine, cet achat a pu être financé grâce au mécénat de la Clarence Westbury Foundation, créée par le discret financier Jacques Boissonnas, et grâce à un don de la Société des amis du Musée national d'art moderne, présidée par le pétillant François Trèves. À chacun, Mme le ministre a rendu hommage.
Défiscalisation
Elle a profité aussi de cette heureuse entreprise pour annoncer son « élan de renouveau pour le marché de l'art français », réponse directe à la lettre de mission que lui a adressée le président Sarkozy. Christine Albanel a souligné que « si la France demeure un grand marché de l'art, elle se situe désormais très loin derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne », rappelant que « le chiffre d'affaires de Drouot en 1950 équivalait à la somme de ceux de Christie's et Sotheby's, alors que ces deux maisons contrôlent désormais, à elles seules, plus de 70 % des ventes mondiales ».
Un cri d'alarme souvent poussé par les professionnels de l'art et que cette réponse soudaine prend un peu au dépourvu. À l'instar de Patrick Bongers, président du Comité professionnel des galeries d'art, « surpris de l'absence totale de concertation préalable à ce plan dont certains aspects techniques semblent un peu précipités ».
Le constat est déjà assorti de « quatre pistes de travail » visant à désenclaver la France de ses habitudes réglementaires asphyxiantes (allégement et simplification de la fiscalité de ce marché, à commencer par la TVA à l'importation) pour en faire une « plaque tournante de l'art » comme New York, Londres ou Hongkong. « Si l'on supprime la TVA à l'importation demain matin - mais est-ce possible avec l'Europe ? -, Paris peut rattraper Londres en cinq ans ! », applaudit François Curiel, président de Christie's Europe, « séduit par cet esprit d'urgence qui peut faire bouger les choses ». La mission d'expertise a été confiée à Martin Bethenod, commissaire général de la Fiac. À suivre, donc.