Pape du Western de série B, adulé par Skip McKoy pour sa concision (son western le plus long ne dépasse pas les 80min, QGJ adorerait) et son absence de prétention signifiante, dernier point sur lequel je suis partiellement en désaccord. Si Boetticher ne s'embarrasse effectivement pas de psychologie, son œuvre est malgré tout marquée par la figure de l'homme en situation d'impasse, qui en a pleinement conscience mais (qu'il s'agisse d'honneur, ou d'un passé qu'il cherche à faire perdurer) dont il décide sciemment d'en assumer les conséquences. Un monde d'hommes taiseux et dont les sentiments sont refoulés, qui "bénéficie" d'une palette d'acteurs globalement mauvais, incapable de faire ressentir aux spectateurs leurs tourments intérieurs (Henry Fonda dans Fort Apache est encore plus impassible que Randolph Scott dans n'importe lequel des Boetticher, mais son talent aidant il est capable de nous faire ressentir la douleur de la perte de sa femme, quand Scott ne transmet guère plus d'émotions qu'un porte manteau de film en film).
L'Expédition du Fort King (Seminole) (1953) Mal aimé par la critique, je l'ai trouvé finalement pas si mal, Hudson/Quine tranche avec le niveau moyen des acteurs que l'on retrouvera dans les westerns ultérieurs, et le rigorisme du supérieur d'Hudson n'est pas si mal incarné. Ça manque clairement de moyen (difficile de vraiment croire au parcours dans les marécages floridien tant l'artificialité des décors est grande), mais ça vaut le coup d’œil. 3/6
Sept Hommes à abattre (Seven Men from now) (1956) Le western le plus régulièrement loué de Boetticher, que j'avais bien apprécié lors de sa première vision, qui gagnerait à être revu à la lumière de tous les autres westerns visionnés récemment. 4.5/6
L'Homme de l'Arizona (The Tall T) (1957) Le meilleur de ses westerns avec le précédent, sec avec de vraies fulgurances, un Richard Boone au top (comme souvent) qui compense idéalement l'apathie de Scott. On ne retrouvera jamais cette tension qu'il est capable de maintenir pendant quasiment une heure ici dans ses westerns ultérieurs. Rétrospectivement, on peut aussi se demander pourquoi Boetticher n'a pas pu continuer à s'entourer de bons acteurs de série B (Boone ou Hunnicutt ici), ce qui me semble avoir une influence non négligeable sur le résultat final. 4.5/6
Le Vengeur agit au crépuscule (Decision at Sundown) (1957) Multiplication des impasses (Scott qui souhaite venger le suicide de sa femme en tuant l'homme avec lequel elle l'a trompé mais découvrant qu'elle couchait avec tout ce qui lui tombait sous la main, le sus-dit homme qui refuse d'échapper au duel final alors que ses chances de triompher son faible, car il ne peut se résoudre à perdre l'emprise qu'il a sur Sundown), multiplication des trajectoires (joliment incarné à l'écran avec des chassés croisés assez élaborés entre les différents personnages), par contre l'une des pires prestations d'ensemble des acteurs, qui font trop sentir le côté B. On peut se demander si c'était là un choix conscient de Boetticher (désintérêt pour la direction d'acteurs ?) ou les limites de ce que les studios pouvaient lui offrir (ce qui me semble tout de même incroyable, tous les seconds rôles chez Ford sont excellents). 4/6
L'Aventurier du Texas (Buchanan rides alone) (1958) Un peu décontenancé par son côté humoristique, plus poussé que dans ses autres films, pas sûr que ce soit ce que Boetticher (et Scott) maîtrise le mieux. C'est con parce qu'il y a deux/trois belles séquences malgré tout (et en opposition aux lignes verticales et horizontales qui s'entrecroisent du précédent, une récurrence de la ligne circulaire ici, il y aurait - si ce n'est déjà fait- certainement des choses très intéressantes à écrire sur l'appréhension très géométrique de l'espace chez Boetticher). 3/6
Le Courrier de l'or (Westbound) (1959) Boetticher ne l'aimait pas (pour l'anecdote il s'était rendu compte tardivement que Scott devait encore un film dans son contrat avec la Warner), moi non plus, les figures archétypales sombrant un peu trop dans le stéréotypé. 2/6
La Chevauchée de la vengeance (Ride Lonesome) (1959) Solide, plaisir de retrouver Lee Marvin déjà aperçu dans Seven Men from now, van Cleef n'a par contre pas encore l'envergure qu'on lui connaitra chez Leone. Je n'ai objectivement pas grand chose à reprocher au film, si ce n'est que selon mes archives je l'avais déjà vu sans que je n'en ai aucun souvenir, ce qui n'est jamais un très bon indicateur de son "vieillissement". 4/6
Comanche Station (1960) Quasi remake de The Tall T, Claude Akins n'a malheureusement pas du tout l'envergure d'un Boone pour compenser les limites de Scott, qui se font ici plus criantes. C'est là où l'on voit aussi l'écart avec un Ford qui réussit à bonifier une œuvre majeure (La Chevauchée fantastique) dans un remake ultérieur (Le Convoi des braves). Boetticher lui n'a rien de plus à raconter, et comme il semble avoir eu de moins en moins de moyens avec le temps... 4/6
La Chute d'un caïd (The Rise and Fall of Legs Diamond) (1960) Film de gangsters qui n'a pas à rougir en comparaison des mètres étalons du genre. Mise en scène inspirée, premier rôle (Ray Danton, total inconnu pour moi) vraiment très bon, ce dont on n'a pas l'habitude chez Boetticher. Le seul bémol c'est que c'est un excellent film des années 40 réalisés en 1960, et qu'en comparaison des Fantastiques années 20 c'est forcément un peu moins bien. 4/6
Top 1. Sept Hommes à abattre 2. L'Homme de l'Arizona 3. La Chute d'un caïd 4. Comanche Station 5. La Chevauchée de la vengeance 6. Le Vengeur agit au crépuscule 7. L'Expédition du Fort King 8. L'Aventurier du Texas 9. Le Courrier de l'or
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