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FLOP 2013 définitif
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Auteur:  Film Freak [ 08 Jan 2014, 23:07 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Castorp a écrit:
Citation:
Je dirai pas "c'est de la merde" mais je vois pas pourquoi on pourrait davantage dire ça pour un film de Michael Bay sous prétexte que c'est plus accepté par une certaine sphère qui se prétend cinéphile.


Tant que tu as de bons arguments pour l'expliquer, ça passe, non ?

Après tout, Michael Bay laisse quand même pas mal de failles dans sa garde.
Mais c'est vrai du Lynch aussi, aisément critiquable.

Voilà.

Auteur:  Tetsuo [ 08 Jan 2014, 23:39 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Billy Budd a écrit:
On ne peut guère plus sincère que "je m'ennuie" et c'est souvent difficilement explicable.


C'est tout le travail du critique justement et, oui, c'est difficile.

Auteur:  Tom [ 09 Jan 2014, 01:02 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Mr Chow a écrit:
Castorp a écrit:
Harry White a écrit:

:oops: Merci les gars, je suis très touché.

Le Cow-boy a écrit:
ce que je veux dire c'est que sa position de "chercheur-prof" j'ai l'impression que ça l'empêche d'avoir des avis tranchés, comme si du moment que le film existait fallait absolument trouver des trucs biens dedans tout en s'interdisant de ressentir des émotions aussi naturelles que "bon sang qu'est-ce que ça m'a ennuyé" ou "ohlalala j'ai vibré comme rarement".
L'impression de voir des critiques de robot en fait, mais bref.

Je vais essayer de répondre du mieux que je le peux (= en 1253 pages laborieuses), même si l'idée de commenter sa propre écriture est un peu zarb (et gentiment narcissique)...

Qu'il y ait des précautions oratoires dans mes critiques, j'imagine que tu n'as pas tort. J'ai beau avoir des raisons très pragmatiques et intéressées d'écrire sur un film quand je l'ai vu, c'est tout de même frustrant de ne pas avoir de retours. Parce que je n'ai pas envie de froisser les 3 ou 4 foruméens qui pourraient éventuellement répondre, je suis peut-être parfois trop sur des œufs, je ne sais pas. Sans doute.


Mais il y aussi ce que l'expérience dicte (et là on va rejoindre le débat général).

Quand j'avais 18 ans, j'étais très heureux de débarquer face à un film et de claironner que c'était de la merde. Maintenant je n'y croirais plus moi-même, j'aurais l'impression de jouer un rôle. J'ai eu le temps de me voir en vieillissant re-découvrir des cinéastes auxquels je n'avais rien compris, redéfinir mes goûts et parfois déprécier ce que j'avais adoré, ressentir des subtilités dont je n'avais même pas idée... Comment tu peux, en ayant conscience de tout ce relativisme, taper du poing sur la table avec tant d'assurance ? J'ai commencé à avancer dans ma cinéphilie (je parle du moment où j'ai réellement commencé à aimer des films anciens, et plus seulement à les trouver intéressants) lorsque j'ai commencé à me contraindre à une humilité (ou plutôt à une autodiscipline, car ça n'avait rien de naturel) face aux films que je n'aimais pas, ou qui m'ennuyaient : "tu n'as peut-être pas toutes les armes pour sentir ce qui y est beau". Comme un ado se dit à un moment qu'il n'a peut-être pas le palais assez "éduqué" pour juger de ce qui sort du cercle de ses chaînes de fast-food. Je pourrais tout autant rentrer dans un grand resto gastronomique 4 étoiles, goûter, et trouver que c'est pas aussi salé qu'une pizza et déclamer que putain, honnêtement, ça vaut pas une pizza. Et j'aurais juste l'air con, parce que quand le problème ne vient pas de CE resto gastronomique, mais de TOUS les gastronomiques qui ne me font ni chaud ni froid, ça veut juste dire que le problème, c'est moi.

Et bien voilà, je garde une trace de ce premier doute-là. Quand je découvre du cinéma japonais des années 30 (un Mizoguchi, encore récemment), et que je trouve ça intriguant, que ça aiguise un début de quelque chose dans ma sensibilité, que ça m'interroge, mais que je ne rentre pas tout à fait dedans, j'ai plutôt tendance à me dire "j'ai peut-être pas tout ce qu'il faut en main pour saisir ce qui fait ce film", plutôt que "c'est du cinéma distant de gros frigide pour vieux austères". Quand j'aurai vu 30 films japonais des années 30, que mon palais sera éduqué, que je pourrai en sentir toutes les nuances et saveurs et pas juste un mur abscons se dressant devant ma capacité de jugement, alors oui, je me sentirai peut-être autre chose qu'un faussaire si je n'aime pas, et j'aurais moins de problème à être péremptoire (j'ai moins de problèmes à l'être sur les films récents, d'ailleurs : je connais mieux le bain dont ils sont issus). Mais d'ici là, si j'écris une critique tranchante, j'aurai juste l'impression d'être un clown, en affirmant une radicalité de jugement que je ne ressens même pas. Ça n'aurait aucun sens.


Puis bon, à tout prendre, c'est le même problème avec les cinémas que je déteste...

J'admire beaucoup un mec comme Tetsuo qui a su se construire, à force de rigueur critique, une ligne théorique qu'il n'est peut-être lui-même pas capable de formuler, mais qui lui permet d'être droit dans ses bottes face à chaque film et face à ce qu'il ressent (ce qui lui permet ce genre de rejet franc). Je n'ai ni cette rigueur, ni ce tranchant-là dans l'écrit, simplement parce que je ne les ai pas dans la tête (ne serait-ce que parce que même si je m'amuse à gazouiller sur les circonvolutions formelles de ce que je vois, je suis souvent impuissant à rendre compte de chose aussi essentielles que la question du sens : qu'est-ce que ce film raconte, tout connement ?).

Prenons le naturalisme (à ma manière, désolé Léo) : je comprends pas comment on peut avoir envie de faire des films comme ça, ça me dépasse, ça donne des films tellement mornes et chiants, tellement impuissants narrativement, fatalement repliés sur une approche sociale, etc, etc, etc. Quand je vois par exemple La Salamandre d'Alain Tanner, qu'est-ce qui se passe concrètement à la vision dans ma tête devant ce film - ce film qui a traversé 40 ans de cinéphilie, qui n'est manifestement pas "rien" ? D'abord je m'énerve, je m'ennuie, et puis petit à petit forcément j'observe. Je vois des choses, je tâte comme devant une matière étrangère, je me surprend de réflexes formels ou narratifs que je ne peux pas concevoir ou prévoir, vu que pour moi c'est alien, et que ça le restera probablement toute ma vie. Je n'aime donc pas le goût en bouche, mais je conçois que ça existe, je le reconnais comme proposition de cinéma légitime. Comme un général qui irait prendre le thé chez le général de l'armée ennemie, entre deux batailles, pour une conversation civilisée. Ça ne veut pas dire que j'aime pour autant ; que j'analyse non plus (je sais pas comment vous faites pour penser qu'on peut analyser un film pendant qu'on le regarde ; enfin bref...). Est-ce que c'est pour autant être chichiteux ? Le jour où j'aurais le sentiment qu'un film considéré me révulse, je l'écrirai, je l'espère en tout cas. Mais tant que cela n'arrive pas, je ne vais pas le mimer.


Mpfff, pavé de merde.

Auteur:  Massinfect [ 09 Jan 2014, 01:04 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Tom a écrit:
Mpfff, pavé de merde.


Tu peux me faire un résumé ?

Auteur:  Tom [ 09 Jan 2014, 01:08 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Voyons voir...

> C'est impossible de rejeter un film en bloc, quand tu as conscience que ton appréciation tient pour beaucoup au fait de ne pas avoir toutes les armes pour en ressentir la potentielle beauté.

Auteur:  Baptiste [ 09 Jan 2014, 01:40 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Je me sens très proche de cette manière d'aborder le cinéma, et j'essaie de l'appliquer du mieux (mais je n'ai pas ta patience et ta rigueur intellectuelle, donc je craque assez souvent en démontant ou encensant des films qui mériteraient plus de retenue).

En fait, je crois que je ne restitue pas du tout cette façon de penser dans ce que j'écris sur ce forum.

Auteur:  Tom [ 09 Jan 2014, 01:44 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Pour la patience, avoir du temps et un peu d'ennui à revendre n'est pas négligeable :D

Soyez chômeurs.

Auteur:  Harry White [ 09 Jan 2014, 02:00 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Tetsuo a écrit:
Ouais enfin l'argument de "ça m'ennuie mais y'a des qualités" ça fait mec qui assume pas.

Ca fait mec qui assume que ça l'ennuie. Mais surtout il ne s'arrête pas là. Dans cet ennui il a été touché, pris, emmené quelque part, il a vu quelque chose et il le dit - sans nier l'ennui.
Ca fait mec qui assume de pouvoir éprouver de l'ennui devant un film sans utiliser l'"ennui" comme le sentiment (premier en tout cas) qui détermine tout son rapport sensible, son regard, ou sa pensée sur le film.
Ca fait mec qui assume qu'éprouver de l'ennui devant un film ne veut pas dire que le film est une merde.
Ca m'arrive d'aimer, d'être profondément touché, et marqué durablement par des films où j'ai ressenti de de l'ennui pendant la projection.
L'ennui c'est quelque chose de tellement subjectif, de profondément personnel. C'est quelque chose de très intime, je trouve. Ca ne vaut presque pas la peine de parler de l'ennui lui-même. Ca ne veut rien dire en soi : je me suis ennuyé (à moins d'être très intime avec la personne qui l'exprime).
Mais ce qui naît de l'ennui devant un film c'est vachement plus intéressant. Quand on dépasse l'ennui. Qu'est-ce qu'on fait de cet ennui ? Qu'est-ce que l'ennui provoque ? qu'est-ce qu'on commence à regarder et à faire quand on s'ennuie ?

Citation:
Castorp a écrit:
Ou Bresson, on peut facilement s'emmerder devant, mais faut avoir de la crotte dans les yeux pour dire que c'est de la merde, non ?


Tetsuo a écrit:
Je n'ai pas de problème avec le fait qu'on puisse ne pas aimer Bresson (ou Ozu, ou Kubrick ou n'importe qui) tant que la personne est capable de me sortir un avis censé et sincère (ce qui n'est pas si évident finalement). Dans l'absolu, je crois même que je préfère ça plutôt que ce qu'en dit Mr Chow...



C'est surtout que s'emmerder ou s'ennuyer devant Bresson ou Ozu ou Kubrick, pour moi, ne veut pas dire ne pas aimer. Ce serait trop simple. L'ennui est un des sentiments que je peux éprouver devant un film. Je l'accepte. Si l'ennui est le premier critère... et que c'est un problème, ça en dit plus long sur ce que ce spectateur particulier cherche au cinéma que sur le film lui-même. Il ne veut pas s'ennuyer.
Un film n'est pas ennuyeux. C'est un spectateur qui éprouve de l'ennui devant quelque chose. C'est un rapport.

En tout cas, j'ai découvert des nouvelles choses dans l'ennui. Je suis passé par des moments d'incompréhension devant ce qui est nouveau,... et l'incompréhension m'emmerde et m'ennuie. Comment est-ce que je peux apprécier un film de Hong Sang Soo, ou des films fantastiques (j'y connais rien), si tout m'y est étranger, si c'est une langue à laquelle je ne connais rien. Je dois apprendre, un peu,... découvrir et ca vient parfois avec de l'ennui. Un bon exemple pour moi est justement Bresson. Je m'y suis ennuyé longtemps, mais je ne pouvais m'empêcher d'y revenir, fasciné, marqué par ce que j'avais vu, attiré, même dans l'ennui... et l'ennui s'est petit à petit transformé en plaisir énorme. Et donc je découvre par exemple d'autres cinéastes qui parlent de Bresson et je regarde leur film, et c'est parti... Et tout ça est parti d'un très grand ennui.

Auteur:  Harry White [ 09 Jan 2014, 02:04 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

En gros, Tom, un peu plus haut, exprime mieux que moi ce que j'essayais partiellement de dire.

Auteur:  Chevelle [ 09 Jan 2014, 02:54 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Je suis très d'accord avec ce rapport à l'ennui, au cinéma ou face à toute oeuvre artistique.
(Et ça rejoint ce que les psy pour enfant prescrivent, aussi. :wink: ) Le droit à l'ennui. La richesse qui naît de l'ennui.
Tu t'ennuies, tu es face à toi même, et tu te mets à réfléchir. Pas une réflexion analytique, mais une réflexion introspective face à ce qui t'est montré. Face à ton propre ennui.
Ça rejoint un point de ta citation de Wilde : "c'est le spectateur, et non la vie, que l'art reflète vraiment."

Aujourd'hui, l'ennui paraît être synonyme de vide à combler, absolument.

Cela dit, quand je lis ou entends: "je me suis fait chier. C'est une merde." je le prends plus comme une réaction épidermique livrée cash, que comme un truc condamnable.

Il y a diverses façons de livrer son sentiment. C'est ce qui est agréable sur ce forum.

Auteur:  Tom [ 09 Jan 2014, 10:22 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Ah bah après, si je trouve un film chiant, c'est a priori un symptôme d'alarme sérieux, c'est qu'il y a un problème quelque part (et qu'on ne peut réduire à une carence excusable par une beauté visuelle, ou quoique ce soit d'autre : c'est un problème du film dans son fonctionnement global). Ce que j'essayais de pointer (en 10 paragraphes à la con), c'est que ce problème (l'ennui) peut autant venir du film que de mon incapacité à le voir, ce qui fait que je suis réticent à lâcher des "c'est trop chiant" assurés à tout bout de champ...

Auteur:  Cosmo [ 09 Jan 2014, 10:44 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Chevelle a écrit:
Je suis très d'accord avec ce rapport à l'ennui, au cinéma ou face à toute oeuvre artistique.
(Et ça rejoint ce que les psy pour enfant prescrivent, aussi. :wink: ) Le droit à l'ennui. La richesse qui naît de l'ennui.


Au delà de l'ennui, on est tout simplement capables, je l'espère, d'aimer un mauvais film ou de détester un bon film, pour des raisons qui sont les nôtres et qui ne sont aucunement dues à l'oeuvre elle-même. Personnellement, à deux ou trois exceptions près, je déteste les films historiques (exemple que je prends souvent) et les films de guerre. C'est pas pour ça que je les considère tous comme mauvais.

Auteur:  Mickey Willis [ 09 Jan 2014, 10:52 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Tom a écrit:
Pour la patience, avoir du temps et un peu d'ennui à revendre n'est pas négligeable :D

Soyez profs.


:o

Auteur:  Tom [ 09 Jan 2014, 10:54 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

À 15-30h de cours par mois, t'as quand même de la marge...

Auteur:  snaky [ 09 Jan 2014, 12:19 ]
Sujet du message:  Re: FLOP 2013 définitif

Citation:
C'est très rare. De plus en plus rare. Dans ces cas-là, je dis "ça me parle pas", "ça me touche pas".
Mais c'est rarissime parce que :
1. J'ai cessé de voir les films dont je sens avant de les voir que ça va pas me parler.
2. J'ai affûté mon appréciation des films donc je sais généralement ce qui cloche pour moi.


Tout pareil. Ce qui explique d''ailleurs que, de plus en plus, mon top de l'année recoupe la quasi-totalité des films vus au ciné. Le revers de la médaille, c'est que je rate probablement des bons films parce que je me trompe en amont (il y a toujours les séances de rattrapage au vu des réactions autour de moi, mais n'étant pas Parisien, celles-ci se limitent souvent à la télé).

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