À Manille, les festivités de la Semaine Sainte battent leur plein tandis que la campagne pour les élections nationales est sur le point de commencer. Dans les ruelles sombres des bidonvilles, la police traque les tiradors, ces pickpockets qui sévissent dans le quartier commerçant de Quiapo. Entre corruption et dévotion, chacun tente de s’en sortir à sa manière, les politiciens soudoyant les citoyens contre leur vote, d’autres priant pour une vie meilleure...
Tourné entre John John et Serbis, Slingshot est un nouveau reflet de la société philippine vue par Brillante Mendoza. Reflet social pour John, reflet des moeurs dans Serbis, et reflet politique pour Slingshot même si celle-ci reste longtemps toile de fond, affichettes collées aux murs tandis que les turpitudes des habitants d'un bidonville de Manille trustent la lumière. Ou plutôt le clair-obscur d'un quartier grouillant de tiradors, voleurs à la tire traqués par la police, comme lors d'un prologue électrique en forme de plongée documentaire.
Le style Mendoza est toujours à vif, montage percutant, caméra libre, arpentant les dédales esquintés de rues baroques qui attendent sans trop y penser les élections à venir. Semaine Sainte ou pas, les antihéros de Mendoza volent pour se payer des dents, accourent ou s'enfuient, se mêlent à la foule grondante quitte à s'y faire écraser, tandis que les votes se monnaient et les discours ne laissent pas dupe, cf le dernier plan, littéralement à l'arrachée. Le film a été, des dires même de son réalisateur, son long métrage le plus dur à tourner. Le résultat est en effet plus chaotique, et après une première heure alerte, le film commence à perdre souffle, rebondissant plus artificiellement de micro-événement en micro-événement. Restent néanmoins une verve, un refus du pathos et des formules du film chorale, et une acuité qui continuent d'installer le réalisateur philippin comme une des révélations de l'année.
4/6
Le film doit sortir en salles après Serbis.
