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La Septième victime (Mark Robson, 1943)
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Auteur:  skip mccoy [ 15 Juil 2008, 03:02 ]
Sujet du message:  La Septième victime (Mark Robson, 1943)

[Info modo : post en réponse à un premier message effacé]


ma plus découverte la plus passionnante de l'année pour l'instant.
c'est un film qui me stupéfie par sa richesse émotionnelle condensée grâce à un art de l'épure qui frise la perfection. difficile pour moi d'en parler pour l'instant.

Citation:
Mark Robson n'a pas la sensibilité de son collègue français

je ne vois pas ce qui manquerait dans ce film par rapport aux films de Jacques Tourneur.

A ce sujet, je me permets de citer la critique du toujours excellent Otis B.Driftwood sur http://www.dvdclassik.com:
Citation:
"A la nuit tombée, Mary (Kim Hunter) et le détective privé Irving August (Lou Lubin) se sont introduits dans les locaux d'une entreprise de cosmétiques, La Sagesse, autrefois dirigée par Jacqueline. Sous le couvert d'une inspection sanitaire, August a pu inspecter les lieux. A l'exception d'une pièce, une seule, hermétiquement close, qui maintenant leur fait face et semble les défier, dans les limbes, à l'autre bout du couloir. A la phosphorescence fantomatique des cadeaux s'est substituée la lumière blafarde offerte par le laboratoire adjacent au couloir. Elle filtre à travers une longue baie vitrée pour éclairer partiellement le passage dans un halo, et détoure en de menaçantes ombres torturées les machines et les étagères de rangement suspendues du labo. Reclus dans l'ombre, les deux intrus concèdent mutuellement leur peur, tergiversent. "You could go on, Mr August. I'd stay right here (…) It's only a little way, Mr August… You could go and open the door". Enfin August se décide à agir. Précautionneusement, au rythme lent et sourd de la scansion d'une pendule, il progresse dans l'enfilade du corridor vers cette porte inquiétante dont Mary ne peut distinguer les contours. Bientôt la frêle silhouette du détective est complètement engloutie par l'obscurité. Mary recule, comme par réflexe. Contrechamp : la jeune fille a trouvé refuge dans un rai de lumière émis depuis les réverbères urbains à travers la vitre de la porte d'accès forcée par le détective. Il faudra le bruit du veilleur de nuit, entreprenant sa ronde, pour qu'elle brave sa terreur et se décide à rejoindre son partenaire afin de l'alerter. Trop tard : tel un zombie, le petit homme ressort de la pièce, la démarche raide, les mains sur son estomac ; bientôt il s'écroule.

Cette séquence atteste s’il en était besoin de l’exceptionnelle convergence de vues de Val Lewton et du plus talentueux des réalisateurs de son unité. De la symbiose parfaite de leur association, dont elle apparaît comme l’émanation posthume, insurpassable et anthologique. Car dans aucun des opus de son fameux triptyque (para)fantastique à la R.K.O. Tourneur ne s’était permis d’explorer peur aussi nue. De la fuite inquiète puis éperdue d’Alice à travers Hyde Park (Cat people) à la quête en apnée de la jeune Teresa pour rapporter cette farine de maïs commandée par une mère tyrannique (The leopard man), en passant par la première confrontation de Betsy avec sa patiente noctambule dans la tour de la plantation (I walked with a zombie), Tourneur et ses collaborateurs techniques puisaient encore dans une menace latente ou fantasmée les ressorts pour surenchérir le magistral pouvoir de suggestion maléfique de leurs montages : matérialisation progressive de la mythologie des femmes panthères, appréhension de la rencontre avec le félin en liberté ou encore apparition d'outre-tombe, dans son suaire blanc, de l’épouse catatonique dont l’infirmière, à ce stade, ignore la pathologie.

L'épisode de La Sagesse capitalise sans l'ombre d'un doute sur les formidables expérimentations sonores (l'exploitation des seuls bruits de source comme vecteurs de la pulsation interne à la séquence) et visuelles de ses glorieux aînés. Comment pourrait-il en être autrement alors même que Nicholas Musuraca, le génial chef de file des cameramen maison, dépositaire de ce style avec La Féline, retrouve sa place derrière l'objectif. Les visages surexposés par une source lumineuse tangible surnagent au milieu d'une obscurité contagieuse et malfaisante. Le réel semble se dérober à mesure que la science de la composition plastique du chef opérateur découpe l'espace du cadre en formes géométriques fluctuantes pour modeler un environnement mouvant, incertain. Mais ici cette orfèvrerie suggestive n'est cautionnée par aucun stimulus horrifique patent. Elle n'est pas même étayée par la gestion du suspense attendu (échapper à la ronde du vigile), facilité dramatique à laquelle l'abstraction glaciale de la mise en scène de Robson fait un sort dédaigneux. En résulte une halte dans l'effroi le plus viscéral ; comme un instantané d'une régression primale auquel on serait bien en peine de désigner quelque équivalent cinématographique."

Auteur:  Mister Zob [ 15 Juil 2008, 07:42 ]
Sujet du message: 

Moi aussi j'en étais sorti très légèrement déçu. Par contre ça vieillit super bien. Je suis aujourd'hui assez surpris de voir que certaines séquences me restent encore bien en mémoire et que donc il aura forcément droit à sa 2nde vision.

Auteur:  skip mccoy [ 16 Juil 2008, 16:58 ]
Sujet du message: 

hal5 a écrit:
skip mccoy a écrit:
hal5 a écrit:
Mark Robson n'a pas la sensibilité de son collègue français

je ne vois pas ce qui manquerait dans ce film par rapport aux films de Jacques Tourneur.


Je voulais dire d'une manière générale. Après, cette Septième Victime a beaucoup d'atours très "Jacques Tourneur" en effet.


explicite ta pensée alors.

sinon peut-etre plus qu'a Polanski c'est au Lynch de Blue velvet ou Twin Peaks que je pense. Jacqueline Gibson, c'est une sorte de Laura Palmer...

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