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L'Echange (Clint Eastwood - 2008)
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Auteur:  DPSR [ 12 Nov 2008, 22:55 ]
Sujet du message: 

Karloff a écrit:
Favori pour la Palme d’Or du 62e Festival de Cannes mais finalement reparti bredouille de la Croisette


Prix du festival ex aequo pour Eastwood et Deneuve.

Sinon sans vouloir racler les fonds de marmite j'ai beaucoup aimé.
5/6

Auteur:  Karloff [ 12 Nov 2008, 22:58 ]
Sujet du message: 

Lui oui, mais pas le film.

Auteur:  El Topo [ 12 Nov 2008, 23:07 ]
Sujet du message: 

En principe je trouve les films d'Eastwood un peu trop froid, là j'ai marché à fond et j'ai trouvé ça super touchant.
Quand même un peu trop long.

4.5/6

Auteur:  the black addiction [ 12 Nov 2008, 23:34 ]
Sujet du message: 

Arnotte a écrit:

un des meilleurs films de l'année.



La vérité sort de la bouche des Belges.

Auteur:  the black addiction [ 13 Nov 2008, 14:48 ]
Sujet du message: 

Bon j'avais décidé de rien écrire mais je suis un faible, j'en ai besoin.


Premier plan sublime pour commencer, une reconstitution d’une rue des années vingt en noir et blanc, on est en hauteur, un travelling descend calmement pour nous permettre de contempler (c’est aussi un raccord formel avec le cinéma du passé, comme dans Loin du Paradis, des premiers plans similaires dans les deux films), une idée d’une façade de bonheur est mise en place, comme dans le film de Haynes. Ce noir et blanc se transforme petit à petit en couleur (le traitement de l’image du film est juste prodigieux à mes yeux), comme dans le début en noir et blanc du maître de guerre, ce choix indique que le passé est plus une évocation, tout ce qui va être présenté est d’actualité… L’échange raconte l’histoire d’une femme se retrouvant plongée dans les méandres du plus noir des systèmes.

Ce qui a pu déplaire et qui va déplaire, surtout chez les amoureux du cinéaste j’ai envie de dire, c’est ce choix de na pas héroïser son personnage, elle est un outil du système et le restera… son seul acte est de refuser le fascisme, de refuser l’obligation de dire, de faire, mais cette prise de conscience de système intervient au détour d’une aberration presque comique… convaincre une femme qu’un enfant est son fils, qu’elle se trompe en disant l’inverse. Cette situation à peine crédible est pourtant tirée de fait réel (d’où la nécessité d’appuyer dessus dès le départ). Donc le personnage n’est pas héroïsé, car elle uniquement une révélatrice involontaire de l’aberration, du fascisme et de l’incompétence, ce n’est pas une grande fresque au grand combat. C’est une femme utilisée, détruite et désarmée au milieu de quelque chose quelle ne peut plus gérer. Le film est d’une simplicité désarmante, ce n’est pas le film monstre dont parle Frodon dans la Cahiers, au milieu de toutes les bêtises qu’il dit. Un film centralisé sur un sujet unique, sur son personnage moteur de fiction car révélateur de mouvement du système. On n’est pas face à un grand personnage eastwoodien, mais un grand personnage néanmoins.
Le film est donc la répétition d’une évidence refusée « ce n’est pas mon fils »… le personnage du début du film n’existe plus de toute façon, elle n’existe dans le film que par le biais de cette évidence. Le film n’est qu’un retour sur des plans magnifiques sur son visage dérouté mais sur de lui. Elle ne sombrera pas dans la démence, ne va pas douter, il n’y a pas de revirements de situations dans le film, elle est la même au début et à la fin… « Ce n’est pas mon fils ». Eastwood ne psychologise pas son personnage car c’est ce qu’il lui arrive qui la rend intéressante, ce n’est pas un film sur la ménagère des années vingt. Elle n’est qu’in pic révélateur, son insistance va la faire rentrer dans les méandres du système, où elle sera utilisée par le représentant religieux, enfermée entre l’état et son ennemi… un outil du combat.

J’aime tout ça, ça ne pouvait que me plaire, la mise en scène d’Eastwood qui traite enfin un personnage féminin en intégralité (et il ne tombe pas dans le piège d’en faire un personnage Eastwoodien habituel, ça n’aurait pas collé), la radicalité dans le traitement m’a plu aussi, j’avais peur au vu des retours qu’il soit tombé dans du plus basique, en réalité c’est l’inverse, ce choix de se fixer sur ce que révèle le personnage et non de pénétrer à l’intérieur de ce personnage. J’étais bluffé, je ne m’attendais pas à tant, j’étais dedans à chaque seconde.

Après si on parle de mise en scène je ne dirais pas mieux que Arnotte, je trouve ça parfait, chaque plan sert la grande comme la petite histoire…
L’échange est aussi un film de peur, de terreur permanente, ce qui ne va pas à l’encontre de la non psychologisation du personnage, bien au contraire. On est dans un état permanent d’effroi face au système. Une séquence au début du film, lorsque l’autre enfant mange de dos pendant qu’elle est au téléphone à commencer à se battre, prend presque un ton fantastique, on est dans le doute mais pas le doute intérieur, le doute face aux évènements. C’est brutal et direct, et j’aime ça. De même que la séquence où elle croit aller rejoindre son fils, les alternances entre son visage et les bruits effrayants du train son sublimes… j’en revenais pas, ce cinéaste arrive encore à me surprendre et m’émouvoir avec des méthodes renouvelées.

Je trouve la fin, très discutée, magnifique et révélatrice des intentions que possèdent le film dès le départ. On voit comment le personnage est un outil va qui amener des digressions vers un règlement de compte engagé depuis longtemps. On accuse et trouve des boucs émissaires, on renvoie et on tue sans se remettre en question… le système n’est pas réflexif, à aucun moment ; bourrin et fasciste.
Séquence que je trouve sublime donc, au procès, on commence par un plan sur le visage de Angélina avec des allez retour sur le reste des acteurs présents, au fur et à mesure son visage va disparaitre pour laisser libre court à un autre combat, auquel elle ne participe pas, elle est perdue au milieu des mots et des applaudissements. Un outil.

Quand à la séquence de la mise à mort, elle me semble logique, elle passe d’actrice à spectatrice, c’est la dernière étape du système aberrant qu’elle a parcouru bien malgré elle. La fin est bouleversante et glauque comme rarement chez le cinéaste, l’espoir est encore là, le noir et blanc revient, la boucle est bouclée, elle est passé de l’espoir à l’espoir, un espoir vain. C’est d’une tristesse assez ignoble.


Bon y a beaucoup d’autres choses à dire, j’ai écris ça en vrac et rapidement, je pourrais parler de plein d’autres choses mais je refuse de me pignoler en ces lieux. J’ai juste dit les premières choses qui me venaient à l’esprit.

Pour la note je vous laisse deviner, je suis un vendu (j’anticipe).

Auteur:  Karloff [ 13 Nov 2008, 15:39 ]
Sujet du message: 

Citation:
Le film est d’une simplicité désarmante


Je ne trouve pas, justement. Enfin si, dans un sens, étant donné que je suis d'accord avec toi. Mais comme des critiques ont vu un plaidoyer pro-peine de port ou juste un mélodrame basique, je ne pense pas que le film soit si simple et lisible. Pour moi, il s'interroge sur le sacrifice personnel d'un individu dans l'édification d'un mythe, comme pour Mémoires de nos pères.

Auteur:  the black addiction [ 13 Nov 2008, 16:51 ]
Sujet du message: 

Karloff a écrit:
Citation:
Le film est d’une simplicité désarmante


Je ne trouve pas, justement. Enfin si, dans un sens, étant donné que je suis d'accord avec toi. Mais comme des critiques ont vu un plaidoyer pro-peine de port ou juste un mélodrame basique, je ne pense pas que le film soit si simple et lisible. Pour moi, il s'interroge sur le sacrifice personnel d'un individu dans l'édification d'un mythe, comme pour Mémoires de nos pères.


Oui je suis d'accord, surtout pour la question du sacrifice, mais celui ci n'est pas voulu. Quand je parlais de simplicité c'était surtout en terme de procédé de mise en scène et de narration, il ne s'éparpille pas. Sinon le film est assez complexe dans le fond, comme toujours chez Eastwood, c'est une de ses plus grandes qualités, d'accepter le fait que les choses ne sont pas simples, une séquence peut être la remise en question de la précédente ect... un peu comme chez Zaimeche, dans un cinéma radicalement opposé.

Auteur:  Karloff [ 13 Nov 2008, 16:58 ]
Sujet du message: 

Même sur la narration, je trouve le film assez surprenant, un peu comme Mémoires de nos pères alors que Mystic River et Million Dollar Baby était plus "sur des rails". Là on a une grosse coupure après une heure, avec les scènes
sur le serial-killer
. Je trouve que le film souffre un peu, d'ailleurs, de cette temporalité. On sent bien qu'il se passe du temps mais le jeu toujours identique d'Angelina gomme tout ça.

Auteur:  Jericho Cane [ 13 Nov 2008, 16:58 ]
Sujet du message: 

Quel vendu.

Non, je déconne. Mais c'est très intéressant comme texte. [hide]Ok, t'as gagné connard, je vais revoir le film.
[/hide]

Auteur:  the black addiction [ 13 Nov 2008, 17:05 ]
Sujet du message: 

Oui j'ai failli en parler de ce passage. Mon hypothèse c'est que ce n'est pas tellement différent de ses méthodes habituelles, souviens toi de Impitoyable et des longs moments d'absences de Eastwood durant lesquels on était avec Hackman...Il opposait deux anciennes légendes, et c'est comme ça qu'il traitait le mythe en gestation. Bon là c'est quand même différent, mais je pense que ce qui l'importe dans ces séquences c'est l'enfant soumis, l'être faible qui se réveille et se rebelle, il fait face à sa peur... dans le film il y a clairement cette idée de se relever de la soumission d'une grande force (qui est en sensé être celle de bien, comme celle du mal d'ailleurs). Ce film n'est que répétition... Je pense qu'il fait ce parallèle quitte à laisser son personnage de côté, pourtant elle ne l'est pas vraiment, car ce récit est lié à elle et à son enfant... je trouve ce parallèle casse gueule très réussi, ça ne m'a pas fait sortir du film. Mais je peux comprendre que ça t'ai gêné.

Auteur:  the black addiction [ 13 Nov 2008, 17:05 ]
Sujet du message: 

Jericho Cane a écrit:
Quel vendu.

Non, je déconne. Mais c'est très intéressant comme texte. [hide]Ok, t'as gagné connard, je vais revoir le film.
[/hide]


:lol:

Auteur:  Karloff [ 13 Nov 2008, 18:19 ]
Sujet du message: 

Tu vois, sur la simplicité du film quand je lis ça:



Le cinéma de Clint Eastwood a quelque chose de paradoxal. Plus le réalisateur avance en âge et en expérience, plus il semble vouloir maîtriser son histoire, au risque de la verrouiller dans une forme impeccable mais dénuée de toute ambiguïté. Pour son trentième film, il s’est emparé d’un fait divers oublié (accompagné de l’inévitable et comminatoire sentence du générique, «a true story»), dont il fait un récit chronologique méticuleux, survolé par un désir obsessionnel de sanctuariser la victime et d’accabler ses bourreaux.


Libé.

Je me demande si Clint a vraiment réussi son truc au niveau de la compréhension des idées.

Auteur:  the black addiction [ 13 Nov 2008, 18:25 ]
Sujet du message: 

Oui je vois ce que tu veux dire, mais aucun film, aussi limpide soit il, n'arrive à persuader tout le monde, à jauger avec toutes les perceptions pour les regrouper. Même un film comme Elephant, tellement limpide, à ouvert nombres d'interprétations et analyses différentes... Parce que c'est un film complexe sous cette simplicité apparente. Ca ne me choque pas, ça arrive tout le temps. L'important c'est d'en discuter je crois.

Auteur:  Karloff [ 13 Nov 2008, 18:35 ]
Sujet du message: 

C'est là que nous différons, cher TBA. Pour moi, chaque film a un sens, celui voulu par le réalisateur. S'il parvient à bien le faire comprendre, c'est une réussite... Sinon, c'est plus gênant. Après il y a toujours des originaux pour écrire que Tu ne tueras point est un plaidoyer vicieux de la peine de mort, mais je ne peux rien pour eux.

Auteur:  the black addiction [ 13 Nov 2008, 18:43 ]
Sujet du message: 

Ah mais on ne diffère pas du tout, j'ai perçu quelque chose que j'estime être le sens de l'objet. Mais après, y aura toujours quelqu'un pour venir et dire que tu as tort, que le cinéaste n'a pas voulu dire ça. Tout dépend si on objectivise, si on se contente de définir la forme, ou si on rentre dans le ressenti pur. C'est Scorsese qui disait une fois, lorsqu'il était interviewé par les cahiers à l'époque de la sortie des Affranchis, qu'il ne pouvait pas totalement contrôler l'effet de ses images et de ses agencements. Le gars des cahiers demandait en gros si il avait voulu dire telle chose à un certain moment du film, scorsese répond que pas du tout mais que ça ne veut pas dire que c'est faux... enfin bref, tu peux analyser un film plan par plan, décortiquer pour atteindre le réel discours du cinéaste, tu auras toujours quelqu'un pour remettre en question ce que tu dis, et tant mieux, le travail critique et analytique autour du cinéma n'existerait pas si la vérité était si facile d'accès. Mais c'est ce que j'essaie d'atteindre, pas forcement la vérité, mais objectiviser au maximum la forme pour partir d'une base solide... Après, rien n'est absolu, mais on ne diffère pas à ce niveau là. Un film ne fera jamais l'unanimité, ça passe par trop de cerveaux différents qui interprètent chacun à leur tour.

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