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Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)
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Auteur:  Tom [ 01 Aoû 2010, 23:55 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Je ne sais pas si je suis un grand fan du film, qui est un peu sans génie, mais il a en effet une capacité assez hallucinante à toucher du doigt la dépression, à plonger sans aucun espoir de retour. Je sais plus qui avait parlé de "film d'horreur psychologique", c'est exactement ça.

Auteur:  Castorp [ 03 Mar 2015, 10:35 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Challenge Tom Willis, Film 3, liste Xavi3615.

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J'aime vraiment beaucoup Charlie Kaufman en général, dont le travail consiste, dans les faits, à transposer la littérature américaine post-1950 à l'écran, où l'on efface les barrières entre création et réalité, où l'on discute de simulacres, où l'art lui-même devient illusion, et où, trop souvent, on oublie de dire quelque chose sur le monde.

Du coup, les défauts habituels sont là : c'est trop long, trop dense, ça ne sait pas trop comment se conclure, et on essaye de retomber sur ses pieds par une pirouette. Mais pour le reste, par contre, j'ai été conquis : j'aime la tentative de Kaufman de mettre en avant la littéralité du cinéma, de jouer de figures de style littéraires en les appliquant à l'écran, son travail sur l'identité, le double. J'ai apprécié qu'il fasse du personnage de Seymour Hoffman un hypocondriaque, et la pirouette scénaristique qui en découle et qui permet de briser les repères traditionnels de l'écoulement du temps est assez brillante.
Quant aux acteurs, ils sont tous excellents : la composition d'Hoffman, en particulier, est carrément étouffante tant il parvient à donner vie à son personnage de dramaturge torturé.

Bref, un gros 5/6. Kaufman me manque vraiment au milieu des milliers de scénarios écrits par des undergraduate qui décorent le cinéma américain aujourd'hui.

Et, et puisqu'apparemment c'était une tradition ici avant qu'il disparaisse : TBA, tu pues.

Auteur:  Tom [ 03 Mar 2015, 10:38 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

TBA ? Pourquoi ?

Auteur:  Castorp [ 03 Mar 2015, 10:39 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

cf page 1.

Auteur:  Art Core [ 03 Mar 2015, 10:43 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

J'ai lu un scénario assez dingue de Kaufman qu'il a jamais réussi à financer (Frank or Francis). Un film sur l'industrie hollywoodienne bien évidemment totalement fou avec des notamment passages de comédie musicale entre un acteur et un blogueur qui le déteste, des fantômes, des robots qui écrivent des scénarios aléatoires, de la mise en abyme etc... Il y avait une scène de fin totalement hallucinante qui justifie je pense à elle seule l'impossibilité du projet. Je dois l'avoir d'ailleurs, je peux l'envoyer à qui veut (je pense vraiment que le film se fera jamais).

Auteur:  Prout Man [ 03 Mar 2015, 10:46 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Art Core a écrit:
J'ai lu un scénario assez dingue de Kaufman qu'il a jamais réussi à financer (Frank or Francis). Un film sur l'industrie hollywoodienne bien évidemment totalement fou avec des notamment passages de comédie musicale entre un acteur et un blogueur qui le déteste, des fantômes, des robots qui écrivent des scénarios aléatoires, de la mise en abyme etc... Il y avait une scène de fin totalement hallucinante qui justifie je pense à elle seule l'impossibilité du projet. Je dois l'avoir d'ailleurs, je peux l'envoyer à qui veut (je pense vraiment que le film se fera jamais).

Ca aurait été tellement mieux que Birdman...
(je veux bien le lire)

Auteur:  Art Core [ 03 Mar 2015, 11:05 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Je te l'envoie ce soir ou demain.

Auteur:  Abyssin [ 03 Mar 2015, 11:17 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Castorp a écrit:
Challenge Tom Willis, Film 3, liste Xavi3615.

J'aime vraiment beaucoup Charlie Kaufman en général, dont le travail consiste, dans les faits, à transposer la littérature américaine post-1950 à l'écran, où l'on efface les barrières entre création et réalité, où l'on discute de simulacres, où l'art lui-même devient illusion, et où, trop souvent, on oublie de dire quelque chose sur le monde.

Du coup, les défauts habituels sont là : c'est trop long, trop dense, ça ne sait pas trop comment se conclure, et on essaye de retomber sur ses pieds par une pirouette. Mais pour le reste, par contre, j'ai été conquis : j'aime la tentative de Kaufman de mettre en avant la littéralité du cinéma, de jouer de figures de style littéraires en les appliquant à l'écran, son travail sur l'identité, le double. J'ai apprécié qu'il fasse du personnage de Seymour Hoffman un hypocondriaque, et la pirouette scénaristique qui en découle et qui permet de briser les repères traditionnels de l'écoulement du temps est assez brillante.
Quant aux acteurs, ils sont tous excellents : la composition d'Hoffman, en particulier, est carrément étouffante tant il parvient à donner vie à son personnage de dramaturge torturé.

Bref, un gros 5/6. Kaufman me manque vraiment au milieu des milliers de scénarios écrits par des undergraduate qui décorent le cinéma américain aujourd'hui.

Et, et puisqu'apparemment c'était une tradition ici avant qu'il disparaisse : TBA, tu pues.


Grand grand film. Par contre, je ne me souviens plus de la fin mais je crois qu'il continuait à pousser son concept absurde jusqu'à l'infini. J'adore la radicalité de Kaufman et je voudrais tellement qu'il réalise un second film.

A ce sujet, pourquoi il n'a rien fait depuis 2008 à l'exception d'un téléfilm l'année dernière.

PS Ah, en fait il va faire un film SF avec Steve Carrell qui se nomme IQ83.

Citation:
Le professeur James Healey dirige une expérimentation sur l'ADN humain. Suite à un accident, un virus se propage parmi la population. Il n'est pas fatal mais a un impact direct et dangereux : il baisse l'intelligence des personnes touchées...


Aux mains de Kaufman, ça me rend très curieux ce pitch.

Auteur:  Art Core [ 03 Mar 2015, 11:23 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Mmm rien sur IMDB, ça sent un autre projet mort.
Par contre il vient d'écrire et co-réaliser un film d'animation, Anomalisa.

Auteur:  Abyssin [ 03 Mar 2015, 11:43 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Art Core a écrit:
Mmm rien sur IMDB, ça sent un autre projet mort.
Par contre il vient d'écrire et co-réaliser un film d'animation, Anomalisa.


Financé sur Kickstarter, c'est dire à quel point il a du mal à trouver des financements.

Auteur:  Puck [ 03 Mar 2015, 11:48 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Prout Man a écrit:
Art Core a écrit:
J'ai lu un scénario assez dingue de Kaufman qu'il a jamais réussi à financer (Frank or Francis). Un film sur l'industrie hollywoodienne bien évidemment totalement fou avec des notamment passages de comédie musicale entre un acteur et un blogueur qui le déteste, des fantômes, des robots qui écrivent des scénarios aléatoires, de la mise en abyme etc... Il y avait une scène de fin totalement hallucinante qui justifie je pense à elle seule l'impossibilité du projet. Je dois l'avoir d'ailleurs, je peux l'envoyer à qui veut (je pense vraiment que le film se fera jamais).

Ca aurait été tellement mieux que Birdman...
(je veux bien le lire)


J'veux bien aussi, si c'est possible!

Auteur:  Karloff [ 01 Jan 2016, 16:07 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Tiens, au fait, désormais, c'est au moins 5/6. Peut-être le film qui m'a le plus hanté, j'y pense souvent, surtout depuis la mort de Philip Seymour Hoffman.

Auteur:  Abyssin [ 02 Jan 2016, 03:46 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Ce film est un chef d'oeuvre.

Auteur:  Art Core [ 05 Avr 2019, 15:23 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Je suis tombé par hasard sur cette conférence de Pacôme Thiellement à propos de Kaufman et ça m'a donné envie de revoir le film (conférence d'ailleurs un peu décevante, le début est excellent mais l'analyse plus poussée de Synecdoche me semble très limitée [il ne fait que répéter "c'est absurde"] voire même presque malhonnête [finir sur l'espoir alors que le film se termine de la manière la plus noire possible]). Je faisais partie de ceux qui étaient un peu passé à côté à Cannes, le film m'avait semblé trop bourratif, trop dispersé même si j'avais globalement bien aimé.

Je l'ai donc revu hier et rarement n'aurais-je réévalué à la hausse un film comme ça. J'y ai vu un chef-d’œuvre, mais pas un chef-d'oeuvre définitif mais plutôt une immense oeuvre d'une richesse folle et sans doute inépuisable, une comédie dépressive vertigineuse et métaphysique qui ne se laissera jamais totalement apprivoiser. Rien que la scène d'ouverture analysée par Thiellement plus haut (à 43') c'est déjà un trait de génie à côté duquel 99% des spectateurs passent lors de la découverte du film. Et tout le film est un peu comme ça, des petites choses placées ici ou là, tout va très vite, chaque petite scène creuse ce sillon terrible de cet homme pathétique (car ils le sont tous) qui ne parvient jamais à terminer sa grande oeuvre. Je suis en train de tout relire Houellebecq et je crois que c'est le film le plus houellebecqien qui soit. Même regard d'un pessimisme absolu sur l'homme contemporain, même pathétisme constant, même vie traumatisée par les regrets etc... Seul sur le rapport au sexe, au corps est un peu différent (chez Kaufman on est dans l'espèce de rapport conflictuel au corps hypocondriaque et pudique typiquement juif new yorkais). Mais j'ai aussi beaucoup pensé à la BD indépendante new-yorkaise notamment Chris Ware lui aussi génie d'oeuvres vertigineuses et d'une certaine manière aussi à Marc-Antoine Mathieu qui lui aussi développe ce genre d'univers gigogne sans fin.

Mais au delà de ça c'est sans doute un des plus grands films qui soit sur le temps, le temps qui passe, l'appréhension cinéma du temps, le temps comme matière première cinéma etc... Tout le film est une espèce de grande construction autour d'un temps délité, éclaté, dilaté où la vie semble vouloir finir mais ne finit jamais (en tout cas celle de Caden) et ne fait que plonger Caden dans un abyme sans fond de tristesse et d'horreur (tout ce qui se passe avec sa fille par exemple) dans une vie qui se perd dans des mises en abyme qui le rendent de plus en plus absent de lui-même. Et cette fin putain, cette fin aussi géniale qu'ignoble. C'est je pense l'un des films les plus dépressifs que je connaisse. Mais je vais pas me lancer dans une analyse plus poussée, comme je le disais plus haut ce film est inépuisable, il y a tellement de choses, de bizarreries, de motifs qui se répètent, d'obsessions et de profondeur que ce serai interminable et vain. Ce qui est profondément fort est que j'ai presque le sentiment qu'appréhender ce film en profondeur c'est exactement comme la pièce de Caden, c'est une tâche gargantuesque qui va s'étendre de plus en plus mais ne pourra jamais trouver de fin.

Bref revoyez le, redonnez au film ce statut de chef-d’œuvre duquel il a été si étrangement privé. Incroyable quand je repense à cette réception cannoise frileuse et l'espèce d'anonymat qui a suivi sa sortie en France (le film a fait 5000 entrées :shock:) ou aux US. Au moins pour le casting et en premier lieu un Philip Seymour Hoffman dans un de ses meilleurs rôles et dont la disparition prématurée rend le film encore plus précieux (et douloureux). Tiens d'ailleurs j'ai réalisé à quel point pas sûr que Her existe sans ce film là tant il lui doit beaucoup (à la fin il y a une situation presque totalement similaire au film de Jonze). C'est totalement dingue car Jonze devait réaliser Synecdoche à la base et a finalement décliné. Difficile à croire qu'il a piqué l'idée à Kaufman mais le fait que personne ne s'en soit ému à la sortie du film montre bien à quel point ce film n'existe dans l'inconscient collectif de personne et c'est déchirant. De mon côté le rendez-vous est pris, je reverrai ce film souvent et il vient de monter très très haut dans mon palmarès personnel.

6/6

Auteur:  Z [ 05 Avr 2019, 15:44 ]
Sujet du message:  Re: Synecdoche, New York (Charlie Kaufman 2008)

Tu sais où on peut le voir ?
Le DVD est introuvable en VOST.

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