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Vers sa destinée (John Ford - 1939)
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Auteur:  Blissfully [ 02 Avr 2008, 13:02 ]
Sujet du message:  Vers sa destinée (John Ford - 1939)

La traduction mystère

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Le jeune Abraham Lincoln déjà engagé en politique, ambitionne de faire du droit. Il compulse les livres et s'installe quelques années plus tard à Springfield pour exercer en tant qu'avocat. Il végète dans le cabinet d'un confrère plus expérimenté, où s'égrènent les affaires de voisinage. Lors de la fête de l'indépendance, une dispute éclate qui se conclue par un assassinat. Lincoln s'emploie spontanément à la défense des deux présumés meurtriers.

Jeunes années et ascension de Lincoln avec un Ford qui se penche sur l'Abraham petit avocat, et il y a énormément de charme qui se dégage de la première partie du film, la figure déjà charismatique de Lincoln, les épisodes bucoliques et quotidiens, avec au centre une ellipse romanesque assez prodigieuse *hey je reconnais un avatar* qui illustre la façon qu'a le film de sortir du drame, de l'emphase, du pompeux, comme la fin qui mène en un fondu enchainé du simple Lincoln sur sa colline au Lincoln géant statufié. La partie procès me parle bien moins mais Henry Fonda fait merveille sous son chapeau haut-de-forme.

4/6

Auteur:  skip mccoy [ 02 Avr 2008, 13:58 ]
Sujet du message: 

Simplicité et pureté du trait.
Une certaine idée de la grâce au cinéma.

Auteur:  Blissfully [ 02 Avr 2008, 14:00 ]
Sujet du message: 

hal5 a écrit:
humaniste


skip mccoy a écrit:
Simplicité et pureté


Voilà en fait je cherchais ces trois mots, c'est plus clair comme ça.

*je propose de lancer un Pyramides dans cette section d'ailleurs*

Auteur:  Jericho Cane [ 02 Avr 2008, 14:09 ]
Sujet du message:  Re: Vers sa destinée (John Ford - 1939)

Admirable, tout simplement. L'un des plus beaux Ford.

6/6

Auteur:  Noony [ 02 Avr 2008, 14:54 ]
Sujet du message: 

Je n'ai JAMAIS compris l'engouement pour John Ford.

JAMAIS.

Auteur:  Jericho Cane [ 02 Avr 2008, 14:55 ]
Sujet du message: 

Noony a écrit:
Je n'ai JAMAIS compris l'engouement pour John Ford.
JAMAIS.

Ca viendra un jour, père.

Auteur:  the black addiction [ 02 Avr 2008, 14:58 ]
Sujet du message: 

Noony a écrit:
Je n'ai JAMAIS compris l'engouement pour John Ford.

JAMAIS.


J'ai croisé Emmanuel Mouret, il m'a dit de te passer le bonjour. :D

Auteur:  Noony [ 02 Avr 2008, 15:06 ]
Sujet du message: 

the black addiction a écrit:
Noony a écrit:
Je n'ai JAMAIS compris l'engouement pour John Ford.

JAMAIS.


J'ai croisé Emmanuel Mouret, il m'a dit de te passer le bonjour. :D


Je faisais une blague à Jericho sur sa réaction à propos de THE DESCENT.

J'adore Les raisins de la colère, Rio Grande, L'homme tranquille...

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 02 Avr 2008, 15:07 ]
Sujet du message: 

Noony a écrit:
the black addiction a écrit:
Noony a écrit:
Je n'ai JAMAIS compris l'engouement pour John Ford.

JAMAIS.


J'ai croisé Emmanuel Mouret, il m'a dit de te passer le bonjour. :D


Je faisais une blague à Jericho sur sa réaction à propos de THE DESCENT.

J'adore Les raisins de la colère, Rio Grande, L'homme tranquille...


Tu bosses où t'es sur le Forum là ?

:twisted:

Auteur:  Blissfully [ 02 Avr 2008, 22:33 ]
Sujet du message: 

Noony a écrit:
Je n'ai JAMAIS compris l'engouement pour John Ford.

JAMAIS.


LOL :lol:

Auteur:  Tom [ 23 Juin 2010, 02:02 ]
Sujet du message:  Re: Vers sa destinée (John Ford - 1939)

Pour le moteur, en VO, c'est Young Mr. Lincoln.
Attention, pas mal de spoilers ci-dessous.

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Film impressionnant. Ce plan, aux tous débuts du film, résume un peu près tout ce qui fait que ça a de la gueule, justement : le jeune Abraham lisant un simple livre de loi dans un coin de campagne, pendant qu’un arbre tortueux, comme en prolongement prometteur de son corps, s’étend sur tout l’écran…


Ce qui est super fort, dans le film, c’est que le Lincoln politique, héroïsé, mythologique, est complètement absent – et pourtant, jamais on a la sensation d’assister à une petite tranche de vie signifiante. Car si la politique est expédiée dès l’ouverture par une présentation timide et discrète (le récit se concentrant totalement sur ses premiers pas d’avocat), le Lincoln président est pourtant bien là : comme l’arbre, c’est une sorte de non-dit démesuré qui étale sa présence sur le film comme le nez au milieu de la figure, flagrant par son absence béante, ombre géante qui accompagne comme une caisse de résonance chaque pas discret du personnage.

C’est d’autant plus charismatique que Lincoln est d’emblée une sorte de grand dadais frêle, mince et vouté, toujours étalé dans les positions les plus nimp (tête en bas, dos cassé, affalé…) ; une sorte de corps calme et inoffensif qui a cependant aussi quelque chose de discrètement dangereux et macabre, jamais une hache très loin de la main, toujours entouré de morts et de fantômes (la famille sans cesse ramenée sur le tapis, la jeune fille sèchement supprimée en ouverture, et qui lance indirectement la carrière…)


Mais le plus impressionnant, chez ce Lincoln (et ça Henri Fonda le gère super bien), c’est le silence. C'est assez détourant, en fait, quand on voit le film, car on pense d’abord assister à une espèce d’apprentissage de la parole, qui passerait d’une maîtrise timide et balbutiante à l’état de super-arme à discours. Et clairement non, l’homme qu’on voit parler (au procès notamment, où ca en devient même gênant) n’est pas l’orateur ultime qu’on attend : il tourne beaucoup autour du pot, s’occupe à faire rire, à louvoyer. C’est avant tout un prestidigitateur qui manipule son auditoire....

Ce qu’apprend surtout ce type, en fait, c’est à se taire : énonçant d’abord ses sentiments à haute voix pour lui-même, puis ensuite à une tombe, et enfin à plus personne d’autre – tout est rentré à l’intérieur. Ce qu’il ne dit pas (à la possible amante qui comprend et va s’asseoir sur le côté, au juge venu le voir pour calmer le jeu, à tout un tribunal qu’il fait patienter jusqu’à l’extrême limite, juste avant que le témoin ne sorte, juste avant la catastrophe…) le rend monstrueusement charismatique, limite inquiétant : à l’intérieur, il y a déjà une vision qui bouillonne, un dialogue intérieur avec le destin, qui se fait seul à seul, loin de la communauté larguée dont il s’est déjà froidement détaché (excepté de ses éléments les plus mésestimés, d'ailleurs : la vieille fermière analphabète, le soulard incapable, extrêmes par qui il semble déjà mûrir un futur dialogue avec le peuple).


Je me rends compte que j’oublie un peu ce qui fait le meilleur du film : sa mise en scène, quand même ! Il y a dans ce film la plus belle scène que j’ai pu voir dans un John Ford : la bagarre nocturne.

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Je ne saurais dire ce qui fait exactement sa force, mais il y a là, dans cette espèce d’arène, dans le cadrage, dans l’extrême pureté formelle de l’ensemble, comme une vision quasi-biblique de la mise à mort : le tout premier des meurtres, semble nous dire le film, le dérapage originel dont va découler la société – le lynchage, l’avocat, le droit, et enfin la politique. Il y a un tel sentiment d’essence dans ce découpage, on croirait une sorte de cinéma muet à son apogée : ca fait d’ailleurs énormément penser à Griffith, tous ces corps hauts, droits, dans l’iris de la clairière, tout un monde qui semble fait de verticales.

Il y a une noblesse, une droiture dans ce film, qui font que j’aimerais foutre de côté les défauts qui existent bel et bien : une musique parfois de trop, les jeunes actrices qui jouent mal (mais bon, c’est quand même du super second rôle), une séquence de foire trop longue, quelques touches d’humour trop forcées, et puis le côté longtemps déceptif du procès, par sa structure-même.

Donc 5,5/6. Pour dire…


Mais bon, de film en film, je me dis quand même que John Ford est un immense réal qui mérite sa réputation jusqu'à la dernière miette. A la réflexion, j’ai d’ailleurs rien vu de lui qui ne m’ait pas foutu une grosse claque, mais là on touche vraiment à une espèce de perfection dans ce qui fait la qualité même de son cinéma. Donc voilà, je rejoins les enthousiastes des messages précédents, foncez.

Auteur:  Baptiste [ 23 Juin 2010, 16:58 ]
Sujet du message:  Re: Vers sa destinée (John Ford - 1939)

La Prisonnière du désert ou La Poursuite infernale ça t'as pas foutu une claque?

Auteur:  Mr.Orange [ 23 Juin 2010, 17:02 ]
Sujet du message:  Re: Vers sa destinée (John Ford - 1939)

Bah si comme tous les autres... Relis!

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 01 Mar 2022, 22:09 ]
Sujet du message:  Re: Vers sa destinée (John Ford - 1939)

Plutôt que l'origin story attendue, le film nous surprend en se contentant de narrer un épisode périphérique (et j'imagine largement romancé) de la jeune carrière d'avocat de Lincoln. Le film s'avère donc plaisamment lacunaire, éludant même toute forme de romance trop poussée avec Mary Todd, pour mieux se focaliser sur ce qui devient dans la seconde partie un film de procès.

Tout le plaisir est de voir, comme dit Tom, l'ombre du futur président qui croît sous la grande silhouette à la fois maladroite et imposante d'Henry Fonda (et de son nez plutôt pas trop mal fait).

Récit clair et direct, légèrement mythologisant, mais avec une certaine innocence agréable, j'ai bien aimé.

Auteur:  JulienLepers [ 03 Mar 2022, 09:01 ]
Sujet du message:  Re: Vers sa destinée (John Ford - 1939)

Qui-Gon Jinn a écrit:
légèrement mythologisant.


Carrément mythologique, je dirais : il est montré comme le grand rassembleur ultime de la nation, alliant la sagesse de Salomon au bon sens près de chez vous, capable autant de juger un concours de tartes que d'empêcher un lynchage ou de résoudre un meurtre à la Perry Mason avant de s'en aller vers de nouvelles aventures sous un ciel orageux zébré par des éclairs tonitruants : il s'envolerait comme Neo dans le plan final, ça ferait pas tache. Le récit, ce n'est pas qu'une anecdote, c'est la synthèse de ce qu'il a accompli selon Ford : réunir un pays qui faisait s'affronter ces concitoyens jusque dans les familles (la mère à qui on demande lequel de ses deux fils a tué) et en garder l'intégrité (le jury qui est composé même de gens hostiles à ses clients par exemple), avec un coulis de références bibliques (la glu du pays).

Je préfère la période de Ford post-guerre du Pacifique où il gère son trauma, mais celui-ci, c'est vraiment son film de fanboy ultime sur le personnage et la démocratie U.S. telle qu'il la voyait.

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