J'ai vu ça, d'ailleurs probablement grâce à vous mes poulets, vu que j'ai lurké quelque temps avant de braver le filtre anti-noob et ses Freaktions.
C'est très mystérieux, le pouvoir de ce film. Du début à la fin, tout flotte dans une ambiance éthérée, avec des jeunes filles angéliques et floues qui s'alanguissent... et des cygnes. Wikipedia m'apprend que le chef-op (ou un autre) mettait des voiles de mariée (DES VOILES DE MARIEE!) sur les caméras pour obtenir cet effet de flou!
Dit comme ça, ça pourrait ressembler à un mauvais film de boule des années 70, si ce n'est que cette langueur, cette beauté naïve sont au service d'un mystère, et d'une ambiance étrange et gênante. L'usage de symboles aussi pourrait être lourd, mais c'est fait avec suffisamment de goût pour que non seulement ça passe, mais c'est magnifique.
Dans le même genre, quand le jeune anglais décide de retourner au rocher contre l'avis de (et sans) son domestique aussie, et qu'à l'aube il tombe sur ce larbin, souriant, chevaux sellés en main, cela aurait pu être ultra-nul, convenu et chiant, eh bien là, c'est émouvant, on a envie de se filer des claques viriles dans le dos.
Ca passe tout près du kitsch, tout en restant excellent. Rien que ça c'est mystérieux.
Quelques personnages bien caricaturaux toutefois (la dodue qui geint, la prof de danse) qui sont un peu too much et menacent de te faire sortir du film.
Sous des allures de film-mystère flirtant avec la SF  , tout un tas de thèmes sont abordés : l'adolescence bien sûr et la découverte de sa sexualité, l'ambiance des communautés de filles mais aussi l'amitié virile (en particulier le plan vu plus haut), évidemment l'absence, le souvenir, et donc la brièveté de la vie, de la beauté, d'une fleur préférée.
Sans doute parce que c'est 1900, toute la tension érotique est latente, cachée, mais bien présente. La jeune et blonde Miranda se fait mettre par la caméra comme pas possible, mais on ne voit qu'une cheville. Le trouble de l'image fait écho au trouble des personnages, de sorte qu'on se retrouve adolescent, perturbé, tout transi de chaud.
La scène finale
Voilà que je deviens lyrique moi aussi, mais ça illustre bien par l'absurde que sans talent, on est juste kitsch. 
|
