Okuyama a été défiguré dans un accident de travail. Contraint de se bander entièrement le visage, il perd goût à la vie et sa femme refuse ses avances. Son psychiatre lui propose alors de participer à une expérience : un masque complexe, véritable prothèse faciale, est créé pour Okuyama et lui redonne un visage. Devenu anonyme, il emménage dans une auberge modeste et cultive peu à peu une nouvelle vie sociale, testant les limites de son identité retrouvée...
Film qui marche un peu comme un cousin japonais des Yeux sans visage de Franju et des expériences de Mary Shelley, posant la question de la monstruosité et du masque social à travers la figure cynique d'Okuyama, avec un Teshigahara qui capture come il faut l'étrangeté et le trouble de son sujet. Par sa façon d'utiliser le noir & blanc, de filmer les visages, d'exploiter les lignes obsessionnelles du décor (dont le fascinant labo) ou d'utiliser le son (pratiquement pas de sons environnants, juste les dialogues, avec ainsi le même sentiment d'enfermement et d'oppression que le personnage principal). Tous les segments de l'histoire parallèle, avec la jeune fille défigurée, hantée par le spectre de la guerre qui l'a dévisagée, sont magnifiques. Certains trips réflexifs sont moins habiles (sur l'impunité impliquée par le masque par exemple) mais l'ensemble est dense et très classe (et bien torturé aussi, tu peux mater un clip des Morning Musume pour décompresser). Curieux de découvrir le reste.
5+/6
